Jeudi 10 avril 2014 à 12:39

Difficile à croire que cela fait 3 ans que je n'ai pas posté sur ce blog. Difficile à croire que cela fait 3 ans que je ne pense plus à Andréas. Il faut dire que j'écris peu, depuis que mon énergie créative passe dans mes études de sociologie plutôt que dans la fiction. Pourtant, ma vie est une vraie tempête émotionnelle en ce moment. Est-ce pour ça que j'ai du mal à gérer mes émotions, parce que je ne m'efforce plus de les extirper de moi ? Ou mon journal me suffit-il ? Trop de parties en présence pour que je puisse me risquer à laisser mes pensées trainer sur le Web. Je suis plus secrète depuis que j'ai rencontré Alexandre. Il y a moins de choses que je me sens prête à partager. Est-ce parce que j'ai honte de ce que je ressens ? Peur d'importuner autrui ? Je ne sais pas.

Mercredi 6 avril 2011 à 0:19

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Ma belle monture, je t’ai longtemps cherchée. Les miens sont dispersés dans l’univers, peut-être se cachent-ils, peut-être sont-ils morts, et moi j’étais seule, comme s’il me manquait la moitié de moi-même. J’ai parcourus des planètes entières à ta recherche, comme si je courrais après l’horizon, lorsque j’ai entendu ton appel. Tu avais si peur, tu étais seul toi aussi, abandonné des tiens. Si je n’étais pas arrivée à temps, nous aurions pu ne jamais nous connaître. Les cruels humains, ils t’ont blessé à mort et toi tu étais juste perdu, tu cherchais ton chemin dans les ténèbres. Tu es né aveugle, je suis née orpheline, nous étions fait pour nous rencontrer. Je serai tes yeux et tu seras ma monture, c’est comme ça que cela doit être.
Les humains avaient peur de toi, ils ne pouvaient pas te voir, ils ne savaient pas que tu étais dans le noir, ils ne comprenaient pas tes cris de détresse. Mais moi je peux te voir, je peux t’entendre, tes yeux noirs et ton pelage irisé, je te comprends car nos races sont faites pour vivre ensemble. Un cavalier et sa monture. Tu entends mes pensées qui rejoignent les tiennes ? Les liens  qui nous unissons sont bien plus puissants que ceux qui unissent les cavaliers et les montures ordinaires. Nous ne serons plus qu’un et qu’importe que personne ne puisse nous voir, drapés du manteau de la nuit. Nos pensées voulaient se rejoindre depuis si longtemps, tes pleurs faisaient écho aux tiennes, et maintenant je peux te parler, mon âme caresse la tienne.
Je vais te soigner, tu n’as plus à être cruel. Je te raconterai ce que j’ai vu en t’attendant, tu me parleras de ta meute. Et nous partirons, une monture et son cavalier, à l’assaut de l’univers, à la recherche des nôtres. Et nous ne serons plus jamais seuls.

 
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Dimanche 3 avril 2011 à 1:06

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Il aurait pu m’aborder en me demandant « est-ce que tu crois au destin ? ». Et tout se serait achevé comme ça, sur un mauvais départ. Vous savez ce qu’on dit, « la chance sourit aux audacieux ». Mais le destin est beaucoup plus malin.
Il est monté dans le métro, il s’est assis à côté de moi, peut-être par hasard, peut-être délibérément. Il s’est installé de la façon que je déteste : sans faire mine de se tasser pour faire de la place à son voisin, son coude contre le mien, son genou contre le mien. Quelque chose entre l’impudence et la volonté d’établir un contact. J’ai fait ce que je fais toujours dans ces cas-là, je me suis compactée, en débordant sur le couloir. Ça suffit rarement. Ça n’a pas suffit. Peut-être qu’il attendait que je lève la tête, peut-être qu’il ne savait pas comment m’adresser la parole.
En me levant, je l’ai observé dans le reflet de la vitre et je crois qu’il me regardait aussi. En fait, il devait avoir mon âge. Il portait un costume, une cravate, tout paraissait en ordre, ça m’a intriguée, après tout il était minuit passée, après tout on était samedi soir. Et son regard avait l’air tellement triste. J’aurai pu changer d’avis, j’aurai pu lui adresser un sourire, lui laisser une chance. Mais déjà je devais descendre. Je ne suis pas une audacieuse.
J’étais sur le quai, comme à regret, je voulais lui jeter un dernier regard mais pourquoi être cruel alors que les portes se refermaient sur un hypothétique destin commun. La fatalité est plus maligne que ça.
J’avais fait quelques pas, j’ai senti une main retenir mon épaule, il s’était décidé à descendre avant que le métro ne reparte. J’allai connaître le mystère de ses yeux bleu mélancolie. Sur tant de rencontres manquées, la nôtre s’était concrétisée. Pour un peu, ça me ferait presque croire en ma bonne étoile.

Dimanche 27 février 2011 à 21:53

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Le jour où j’ai rencontré ce garçon, j’ai soudain été hantée par la disparition. Bien sûr, j’avais vu bien des gens disparaitre au cours des siècles, mais je n’en avais jamais pris conscience, je crois que je n’y avais jamais fait attention. Yoko m’avait prévenue de notre rencontre mais même lorsqu’on sait que tout est inéluctable, les choses semblent quand même arriver par hasard.
Je pensais qu’un jour, presque malgré moi, mes pas me porteraient jusqu’à la boutique que Yoko lui avait laissée. Mais non, on s’est croisé dans une épicerie, il avait les bras chargés de sacs plein du saké que Yoko aimait tant. En arrivant à ma hauteur, un de ses sacs s’est déchiré comme par accident mais les picotements qui parcouraient ma peau tandis que je l’aidais à ramasser ses bouteilles me prévenaient que quelque chose d’important était en train de se produire. J’ai planté mes yeux dans les siens et j’ai senti que mon destin était d’attacher mes pas aux siens. Je l’ai donc accompagné jusqu’à la boutique, comme pour lui rendre service, un sac dans chaque main. Sans doute Keiro a-t-il trouvé ça bizarre, mais il fallait que je l’accompagne. Je suppose que Yoko ne lui avait pas parlé de moi, pourquoi l’aurait-elle fait.
J’ai franchi le seuil de la boutique où j’avais si souvent rejoint Yoko avec un frisson de nostalgie, les pièces que je traversais étaient restées les mêmes, sans doute n’avait-il rien voulu changer en souvenir d’elle.
Par politesse, il m’offrit une tasse de saké en s’asseyant en tailleur sur un des coussins de Yoko, avant de tirer la longue pipe qu’elle avait toujours à la bouche. Le visage du propriétaire avait changé mais c’est comme si Yoko avait déteint sur lui.
Pour qu'il sache que je n'étais pas inconnue de ce lieu, je lui demandais s’il avait les mêmes pouvoirs de shaman que Yoko. Il manqua de s’étouffer avec la fumée.
« - Vous connaissez Yoko ?
- Elle m’avait prédit qu’on se rencontrerait. Vous savez ce qu’elle disait toujours…
- Il n’y a pas de hasard, tout est inéluctable… »
Il buvait son saké avec calme, indifférent au fait que la boutique aspirait lentement son énergie pour survivre. Avec Yoko, ça avait été différent, lorsque je l’ai rencontrée je savais déjà qu’elle n’était qu’une ombre, un écho d’une femme morte depuis longtemps. Mais lui, il paraissait si vivant encore, avec son air sérieux, ses traits juvéniles, ses lunettes en cercle de premier de la classe. Et d’un moment à l’autre, il pouvait disparaitre. Disparaitre pour toujours.
« - Vous commencez déjà à parler comme Yoko. Vous entendez ? Ca la fait rire.
- Je n’entends rien.
- Elle ne vous a pas appris à écouter le souffle du vent ?... Cette vieille renarde… Je suppose qu’elle m’a laissé ce soin, en compensation pour ce délicieux saké. » et grâce aux quelques pouvoirs qu’il me restait du temps où j’avais fait corps avec le monde, j’ouvris l’esprit de Keiro aux paroles des disparus qui se mêlent au vent, aux soupirs des arbres et aux chants des herbes. L’âme du monde dans la brise. Et il m’a remerciée, d’un sourire si simple, si ému… Alors je su qu’aussi fort que m’attirait ce garçon, ses beaux traits réguliers, sa réserve pleine d’assurance, la beauté de l’éphémère, j’ai su qu’il n’était pas pour moi, qu’une autre tâche l’attendait. J’étais confronté à un choix, un choix que je repoussais depuis des siècles. Soudain j’ai accepté mon destin avec calme. J’ai donné mon immortalité en pâture à la boutique, je l’ai repue de l’énergie infinie qui courrait sous ma peau, pour sauver Keiro, ce garçon qui aurait pu m’être destiné. Il avait besoin de vivre pour attendre Yoko.
Voilà comment j’ai disparu. Mais je ne regrette rien car dans les sifflements de ma chute vers le centre de la terre, dans cet univers ou dans un autre, j’entends Yoko qui me remercie.

Samedi 29 janvier 2011 à 22:54

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Peut-être que j’ai trop d’imagination. Moi, je pense que le réel se glisse dans les brèches du vraisemblable.
 
Ça a commencé par une remarque anodine. On parlait de la vie sentimentale supposée d’un professeur (le genre de débat oiseux qui occupe les cours de récréation) et là, Xav a dit d’un ton définitif, avec un petit sourire en coin (le sourire de celui qui sait) : « non mais c’est fini avec son ex » mais il refuse de dire un mot de plus. Que sait-il ? Comment le sait-il ? Pour moi, une seule solution : ils sont ensemble.
Alors je me suis mis à chercher les signes d’une affection interdite, juste au cas où.  Une indulgence inhabituelle, des regards un peu appuyés… bien sûr, mon professeur saurait rester professionnel. Mais Xav… ne serait-ce qu’une forme de triomphe.
Bien sûr, ils ne pouvaient pas s’afficher au lycée ou dans ses alentours. Le directeur a des yeux partout. Il fallait donc qu’ils se voient chez le prof. Je guettais donc leurs arrivées (étaient-elles proches, avaient-ils l’air fatigués en même temps ?), leurs départs (allaient-ils dans la même direction ? Parfois j’en suivais un, de loin, mais je n’avais jamais pu les confondre).
Je me demandais comment cela avait pu se faire. Moi qui n’ai jamais rien osé, j’étais très intriguée par ce basculement, le moment où l’improbable devient possible.
Plus que le côté interdit, ou la difficulté à concilier deux relations (prof/élève et entre amants), c’était vraiment le début qui m’intriguait. Je les guettais pour voir s’ils étaient en tête à tête, je me demandais si c’était comme ça que ça avait commencé.
J’imaginais une interrogation orale, deux dans une salle exiguë. C’est toujours un peu intimidant, une interrogation orale. Tout à coup, on ouvre une porte sur soi à quelqu’un de tellement distant et tellement proche… une interrogation orale, le cadre est différent : les chaises se rapprochent, les regards s’ancrent l’un dans l’autre, un dialogue s’installe. Ça n’a pu commencer que comme ça : un regard un peu trop insistant. Etre trop direct, c’est un risque trop grand. Juste de quoi semer le doute. Et puis ensuite peut-être une plaisanterie, une petite remarque en quoi (« jolie chemise », « intéressant, cette couverture »). N’importe quoi pour induire une intimité, donner le signe d’une sorte d’élection ordinaire. Une remarque sur l’être pour remettre les corps sur le devant de la scène.
Je me demande qui a fait le premier pas.  Le professeur, une main qui s’attarde en rendant un devoir, en tendant un stylo ? Une audace de l’élève, un numéro de téléphone négligemment oublié sur une table ? Un soupir de regret, une allusion (« quand je ne serai plus ton professeur… », « en juillet… »)… non, trop dangereux. Peut-être une rencontre de hasard, loin du lycée.
Comment l’engrenage s’est-il mis en place ? Si c’est le prof qui a commencé, Xav était-il déjà séduit ? Intrigué, circonspect, curieux, craintif à l’idée des conséquences d’un refus ? A-t-il hésité ? Et si c’est Xav, le prof a-t-il résisté longtemps à ses avances, en raison des risques ? Ont-ils passé un accord, attends-moi jusqu’à la fin des cours ? Le prof était-il gêné ? A-t-il craint qu’on cherche à le piéger ? Et leur premier baiser ? Je ne crois pas à un effleurement furtif dans une salle de classe. Peut-être la conclusion de plusieurs rendez-vous. Je les vois bien, retenus côte à côte, trop mal à l’aise pour parler sur la banquette usée d’un bar bondé, le genre où j’ai vu le prof entrer parfois quand je le suivais, un samedi soir, attendre que le temps passe sans oser partir et lentement leurs lèvres se scellent par désœuvrement. À moins que dès les premiers rendez-vous ils n’aient été comme intimes, comme s’ils étaient destinés l’un un l’autre. Ou peut-être qu’ils voulaient juste s’amuser. Mais je n’y crois pas.
La suite n’est pas intéressante, la suite n’est qu’un mécanisme bien huilé, une petite musique. Moi ce que j’aime, c’est quand tout devient possible. Moi, je crois que c’est une vraie histoire d’amour. Mais peut-être que j’ai trop d’imagination.

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