Samedi 9 juillet 2011 à 18:33

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Andréas… Je ne pensais pas écrire ce nom encore une fois, mais tu vois, bien que tu sois sorti de ma vie il y a un an, un an déjà, je ne t’oublie pas. Il suffit que j’évoque ton souvenir pour que quelque chose se rallume en moi, comme une braise tapie dans ma poitrine. Alors j’essaye de ne pas y penser, puisqu’il n’y a plus rien à faire, puisque tu m’as fait comprendre que je ne comptais pas, puisque si j’ai eu un jour l’illusion de te plaire cet espoir s’est enfui il y a bientôt deux ans.
Et pourtant n’es-tu pas mon double, pourquoi ne résonnes-tu pas comme moi des échos d’un désir enfui ? pourquoi ai-je eu l’impression qu’il y avait quelque chose de fort entre nous, qui justifiant cette complicité en courants d’air, des portes qui étaient entrouvertes avant d’être claquées par le vent, cette familiarité par ellipses, de regards insistants jamais relayés par les mots, une relation d’autant plus intense qu’elle ne s’est épanouie que dans mes rêveries, comme une rose trop fragile pour éclore à l’air libre.

J’envie les papillons qui ne vivent qu’un jour : leur existence est brève mais ils ont le parfum de la félicité sur les lèvres lorsqu’ils s’éteignent.

Je te l’ai dit, je ne pense plus à toi parce que ce n’est pas la peine. Mais je t’ai dans la peau alors parfois mes pensées me portent à ton souvenir, j’effleure des souvenirs encore chargés d’électricité malgré le temps qui a passé. On ne guérit pas d’un amour, on s’en distrait. J’imaginais, une fois encore, qu’enfin j’étais confrontée à toi, qu’enfin je dispersais le voile et les draperies qui nous séparaient, car à défaut de t’avoir j’aimerai comprendre pourquoi nous n’avons jamais franchi le seuil.

Je nous imagine dans une fête, une fête des anciens élèves bien sûr puisque nous n’aurions pas d’autres raisons de nous revoir. De toute façon, je suis trop pudique, trop craintive, pour te demander des comptes par écrit, et tu laisses mes invitations sans réponse. Seule l’euphorie de la fête pourrait me convaincre de me dévoiler, de toute façon tu n’es sérieux que dans la fête. J’aurai réussi à t’entraîner à part et je t’aurai posé la question qui me ronge depuis deux ans « pourquoi n’y a-t-il rien eu entre nous ? » et une fête en amenant une autre, un souvenir a fusé dans ma mémoire, celui d’une fête d’il y a deux ans. Je l’avais perdu et pourtant il était bien là, le meilleur souvenir que j’ai de toi. Tu as peut-être oublié cette soirée, peut-être même le lendemain mais moi je me souviens. J’avais sauté à pieds joints de la falaise, j’avais affronté le vide pour tenter ma chance, je t’avais demandé de m’embrasser. Et là, tu m’avais regardé d’un air doux-amer et tu m’avais serrée dans tes bras quelques instants en chuchotant « je ne peux pas… » d’un ton plein de regret, je crois.
Lorsque ce souvenir m’est revenu, quelque chose de chaud et d’intense a éclaté dans ma poitrine, comme si j t’aimais encore, et là j’ai su que je t’aimerai toujours un peu.

Il a suffit d’un rien pour faire renaitre ton souvenir et c’est comme si ces trois dernières années s’étaient effacées, le sentiment que je ressens pour toi est toujours aussi vivace que le jour où je t’ai rencontré. Je me sens comme une héroïne de roman : écrasée par un sentiment trop intense pour être du domaine de la réalité, déchirée entre les contraintes de la raison et l’évidence, l’intensité de la passion. Mais l’héroïne a au moins le réconfort de savoir que tout finira bien : même si ses contradictions doivent se résoudre dans une tragédie, au moins elle a la certitude d’être aimée. Notre « histoire » est un roman : tu réapparais dans ma mémoire que déjà je ressasse les mêmes fantasmes d’un avenir proche ou lointain où nous serions réunis. Je voudrais ne plus penser à toi parce que c’est une machine qui tourne à vide.

Mais puisque tu m’as dit au revoir dans un souffle, en claquant la porte dans mon dos sans que je m’en aperçoive, puisque j’ai peur, plus que jamais, d’être ridicule à tes yeux, je n’oserai pas reprendre contact avec toi.

Alors je t’en prie, si tu lis ce message, rappelle-moi. Laisse juste quelques mots d’explication, dis-moi que toi et moi ça appartient à jamais plus, laisse-moi une place dans ta vie, même quelque chose de dérisoire, laisse-moi avoir de tes nouvelles sans avoir à te les demander car s’il y a une personne que je voudrais ne jamais perdre totalement de vue, quelqu’un avec qui je voudrais renouer, c’est bien toi.

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Mercredi 6 octobre 2010 à 17:44

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Andréas. Je crois que ce sera ma dernière lettre. Parce que tout passe, même le grand amour. Quelque chose est mort en moi, une obsession chasse l’autre. Au fond tu n’étais qu’un prétexte. Et ça me rend tellement triste, de me dire que tout ça au fond ça ne comptait pas, ce n’était qu’une passade qui prenait juste un dernier verre. C’est ma dernière lettre car m’accrocher à toi serait passéiste et néfaste. Alors je reviens à la vie d’avant de te connaitre, la vie que j’ai toujours eu. Ton prénom me fera toujours sursauter, ton sourire chavirer, c’est une vieille habitude. Mais je ne crois plus que tu pourras m’emporter au loin (pourquoi faire ?). J’avais tellement de choses à te dire, mais au fond ce n’est rien, c’est une lettre de rupture pour une relation qui n’a pas commencée. De toute façon on en est toujours déçu par ces histoires. Ça me rend tellement triste, tu as occupé tellement de place que sentir que je te laisse enfin partir… je vais me remplir de passades, de coups de cœurs et de tocades, de plus en plus vite, pour oublier que tu ne comptais pas, que tu étais comme les autres. C’est une boite que je vais refermer, pleine de poussière et de mystères, déjà je sens en tomber le couvercle, lorsque je tente de l’entrouvrir les épines écorchent mes doigts. Avec cette lettre, qui rejoindra les autres. Maiq il suffira d'un geste de ta part...

Mercredi 6 octobre 2010 à 14:02

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Je fais le pari qu’il m’aime encore. J’en fais le pari car c’est plus simple comme ça et puis c’est moins triste. Ne pas se laisser affecter par les froides évidences, toujours lui trouver des excuses – je ne peux pas abandonner. Dans l’attente de jours meilleurs.

Je lui donne rendez-vous parce qu’il faut bien qu’il y ait un moment de révélation. C’est toujours facile de parler avec lui – j’ai toujours peur de ces rendez-vous perdus, où on ne sait pas trop quoi se dire. J’aurai juste aimé que cela vienne de lui. On parle de nos cours, de nos occupations – on pourrait croire qu’on se connait bien. Mais je n’ose pas aborder le seul sujet qui omtpe. Trop bizarre. Je fais le pari qu’il m’aime encore. Enfin aimer c’est un bien grand mot. J’espère même qu’il ne m’aime pas, qu’il ne m’a jamais aimé, parce que l’amour ça passe. Je préfère croire que je lui plais, c’est une alchimie qui prend moins l’eau. Mon visage est resté le même, je suis restée la même. Alors je fais le pari que je lui plais encore.
J’avais tout prévu. Il aurait suffit qu’il me demande des nouvelles de mon petit ami. J’aurai soupiré, j’aurai secoué la tête, je lui aurai dit qu’il y a peut-être quelqu’un d’autre. Il m’en aurait touché un mot, au moins par politesse. Il m’aurait demandé « et lui ? » et j’aurai pu lui répondre « à toi de ma le dire », droit dans les yeux. Et serait venu la révélation. J’aurai cessé de parler seule, de m’exposer en van, nos sentiments respectifs (quels qu’ils soient) seraient tombés dans le domaine public. Au moins, on aurait pu en parler. Dans l’attente de jours meilleurs.
L’instant n’est pas venu, je n’ai jamais su les saisir. Ou alors je me suis dégonflée, j’ai juste dit « ça va… » avec un pauvre sourire qu’il n’a pas décrypté ou un « je ne sais plus trop où j’en suis », femme cruelle toujours changeante, dévorant encore le cœur d’un homme dont elle s’est lassée. Je me retire avant de créer le déclic. Dans l’attente de jours meilleurs.
Nos rares rencontres, c’est comme la reprise d’une longue conversation inachevée, épisodique. Peut-être mettrons-nous à jour les connaissances de nos existences respectives, peut-être plus tard, si je lui propose. Il faut dire que je suis sortie de sa vie. Il faut dire qu’il ne m’y a jamais fait entrer. Il faut dire qu’il y a quelqu’un, qu’il y a toujours quelqu’un. Il faut dire qu’on trouve toujours des excuses.  Dans l’attente de jours meilleurs.

Vendredi 6 août 2010 à 0:06

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A force de ne voir Andréas nulle part, je me mis à le voir partout.

Ça commençait le matin, lorsque je m’arrachais aux toiles épaisses et poussiéreuses de mes rêves. Je prenais le métro, dévisageant machinalement les passagers, l’œil torve. L’un d’eux levait la tête, nos regards se croisaient, c’était lui. Ses yeux s’éclairaient, il se levait d’un bond et la conversation s’engageait, comme une petite musique.
Mais je descendais toujours seule.

Au magasin, je guettai les entrées, attendant vainement la sienne.
Il entrait brusquement, hagard ou accompagnant un de ses parents avec l’air de s’ennuyer à mourir, il me cherchait des yeux ou détaillait l’environnement autour. Et il me voyait. Je me levais brusquement, lui demandant ce qu’il faisait là. Nous sortions pour avoir un peu d’intimité. Il me faisait alors une déclaration bouleversante, les yeux fous, du genre « j’avais envie de te voir » et je le prenais dans mes bras, comme pour des retrouvailles.
Mais il ne savait pas où je travaillais, pourquoi le saurait-il ?

Sur le chemin du retour, j’espérais le croiser, après tout je lui avais dit une fois ou deux à quelle station j’habitais. Il me voyait arriver, il me reconnaissait, moi je ne fais pas attention aux anonymes autour, il m’interceptait en me retenant par le bras, il bredouillait d’un ton d’excuse « je t’attendais », me serrait contre lui et tout était dit.
Mais il n’était pas du genre à retenir les conversations. Pas avec moi en tous cas. Moi, je me souvenais de tout.

Le soir, je l’attendais encore quand j’y pensais, je l’imaginais tambouriner à ma porte, j’aimais les scénarii romanesques et improbables.
Il ne venait jamais (même s’il avait osé, il n’avait pas mon adresse), je m’étendais sur mon lit, rêvais à la relation que nous n’avions jamais eu.

Je le guettais lorsque je faisais des achats, lorsque je marchais dans la ville, dans les salles d’attentes et dans les cafés, dans les gares et sur l’écran de cinéma, aucune ville, aucune Terre n’est assez grande pour qu’on ne s’y croise jamais.
Le destin nous avait réunit une fois, pourquoi pas une deuxième, comme une renaissance ?

Bien sûr, j’aurai pu lui donner rendez-vous. Mais j’avais un peu peur de sa réponse.

Mercredi 28 juillet 2010 à 22:36

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« On est bien ici » remarqua la jeune fille d’un ton lointain, inspirant l’air marin.
Le garçon acquiesça en silence en silence. Elle lui avait dit qu’elle voulait voir la mer, il l’avait emmené. C’était aussi simple que ça.
Elle souriait rêveusement, les yeux rivés sur la ligne de l’horizon. Il se demanda avec colère si elle pensait à un autre que lui. Ils avaient pourtant un accord.
 
Elle se leva soudain avec impatience et lui demanda d’un ton insistant « on va se baigner ? » Il réprima un soupir mais se leva à son tour. Il espérait profiter de ces quelques jours volés pour rattraper le temps perdu avec elle, mais il semblerait qu’il n’y ait rien à en tirer avant qu’elle n’ait eu son quota d’eau salée.
 
Il l’observait retirer ses vêtements sur le sable en roulant un joint. Elle lui lança un regard réprobateur mais il ne releva pas. Elle était trop consciente de ce qu’elle lui imposait pour lui glisser une remarque. Alors elle alla à la rencontre des vagues.
Le téléphone de la jeune fille sonna plusieurs reprises pendant qu’elle nageait, il prit sur lui pour ne pas décrocher.
 
Lorsqu’elle décida de revenir au sec, il n’eut pas à tergiverser (il ne savait pas s’il devait lui parler de ces coups de fil répétés ou non) puisqu’il sonna une fois encore immédiatement. Elle soupirant avant même de voir l’identité de l’appelant. Elle se doutait bien de qui il pouvait s'agir.
Elle décrocha pourtant, elle avait pris son ton enfantin, elle babillait qu’elle était désolée, qu’elle était à un repas de famille, qu’elle n’avait pas entendu le téléphone, u’elle allait bien, qu’elle l’aimait. Andréas serra les dents en l’écoutant donner des précisions sur son « séjour en famille » mais elle lui avait expliqué qu’il était plus simple de mentir que de tenter de cacher leur escapade. Il était furieux d’être traité en amant alors qu’il n’en avait pas les droits.
Mais dans un sens, ça faisait partie des termes de leur accord.
Le voyant morose, elle abrégea la conversation et se blottit contre lui. Ça, elle pouvait le faire.
Parfois, il se disait qu’il devrait refuser les termes de cette entente bancale. Mais il avait trop peur de la perdre.
 
Il se souvenait de ce bref moment d’intimité, lorsqu’elle avait posé ses mains sur les siennes et avait dit « un lien comme le notre, c’est tellement rare. En attendant, permets-moi de te garder près de moi. ».
Il aimait y penser, pour tenir le coup.
 
De retour à l’hôtel, il l’entendait prendre une douche sans pouvoir la rejoindre. Dans la valise ouverte, juchées pêle-mêle, des robes qui la mettaient en valeur, des dessous affriolants. Il sentait qu’elle les avait pris pour lui plaire, pour affermir son emprise, mais dans un sens c’était pire puisqu’il était condamné à ne pas pouvoir la toucher.

 
Lorsqu’elle avait proposé cet arrangement, celui de se consacrer deux semaines chaque année, deux semaines rien que tous les deux, dans leur bulle de bonheur, se découvrir, garder le contact, jusqu’à ce qu’ils soient disponibles l’un pour l’autre, deux semaines à savourer ce lien spécial. Sans franchir la ligne jaune. Il avait accepté sans réfléchir. L’urgence, la peur de se perdre à cause d’un problème de calendrier. Et la conviction que ça ne durerait pas, l’affaire d’un été au plus.
Mais à présent il n’en pouvait plus, il voulait la posséder, au moins pour un baiser, affirmer sa supériorité sur son intangible rival qu’au fond elle lui préférait, l’embrasser pour la faire fléchir…
Il n’entendait plus l’écoulement de l’eau, elle allait émerger de la vapeur, drapée d’une serviette, désirable…
 
Il prit une profonde inspiration et s’empara du téléphone qu’elle avait négligemment posé sur sa table de nuit, il y avait quelqu’un à qui il devait parler…

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