Mercredi 4 février 2009 à 20:26

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C’était quand même une chouette histoire, dans le genre inévitable. Satan et moi.
Ça avait commencé avec ce prof, vous savez, celui qui devait s’installer dans le village. Le genre quand on va chercher le pain et hop on le croise avec son scalpel à la main en train d’amadouer un lézard en lui parlant d’ADN polymérase sur le bord de la route. Et le géant des collines, le genre qui oublie que c’est la Saint Valentin jusqu’à ce qu’on lui rappelle.
Je m’infiltre dans une école, histoire de dispenser la parole maléfique. Je me fais un petit coktail devant une projection sur la sécurité routière. Tôle froissée et alcool. Je regarde le géant des collines d’un air goguenard, ma vodka à la main. C’est lui qui me ramène. Je me sens passablement démoniaque de l’avoir trainé là. Il aurait dû être dispensé pour avoir loupé son permis en roulant trop lentement.
Demain il part en vacances, il trimballe la grand-mère hystérique sur 300kms sachant qu’elle est susceptible de l’agresser à tout moment parce que le camion de devant a mis son clignotant. Je trouve ça très cocasse.
A la question comment vas-tu je répondrai bien même très bien malgré la conjecture économique et socioculturelle, et aussi malgré la météo. À croire que j’aime regarder souffrir les autres. Mais il est de mon devoir (et je ne le fais pas par obligation morale ou autre) de vous retourner la question.
Nan, j’déconne.
Le géant des collines et moi, on a fait une enquête, dont voici les aboutissants. J’ai une problématique d’enfer pour vous, la pendaison des fous français grâce aux cordes de gym sous le régime de Vichy. Le redoutable pourquoi c’est mauvais.
Bref, conclusion de l’étude : Pour la pouf la nuit est un moment très dur du jour. L’horreur : on ne voit même pas où on met ses talons. Et c’est toujours le moment où le brushing part en miettes. Rien à dire, la nuit est le cauchemar absolu de la pouf. En plus c’est toujours le soir qu’on découvre que le tube de shampoing est presque vide. Parfois elle cauchemarde même éveillées. Le pire, c’est le miroir. Ce qui ne l’empêche pas de se remaquiller à la récré de 10heures (pour limiter les dégâts ?). La pouf est donc un tube coude de WC astiqué par un maniaque de la propreté. Et nous avons été payés pour parvenir à cette conclusion. Satan existe et c’est mon meilleur ami.
Je me souviens encore de ce printemps un magnifique coup du patron, on a attendu la neige tout l’hiver et elle est finalement tombée, le 7 avril. Chauffer l’ambiance c’est la grande spécialité du patron.
À ce rythme, dans deux ans on brise la glace pour aller faire trempette l’été. Je vois bien la pouf avec un brise-glace ou poser sa serviette sur la banquise.
Un moyen de se débarrasser d’elle : tu la mets sur une plaque de la banquise. Tu la laisse dériver, deux heures plus tard la plaque a fondu. C’est bien connu, la pouf ne sait pas nager, elle barbote tout juste, les pieds un peu au bord de la piscine, une sorte de nage entre la parade sexuelle du poisson rouge et la démarche du cygne effrayé. Tout un art.
Ou mieux, tu fais sonner son portable t’imagine la torture psychologique elle le cherche partout (comprendre : elle retourne sa serviette 10 fois)et se rendant enfin compte qu’elle ne la pas sur elle, elle décide de se jeter à l’eau (inconsciemment bien sûr), oubliant momentanément que son maquillage n’est pas waterproof.
Demain je quitte le labo d’expérimentation (d’étude de la pouf), le géant des collines me dit « savoure ces derniers instants de souffrance avant de laisser tous ces cons sur le carreau. Et oui il ne te reste plus qu’une journée pour te faire virer alors profites-en pour faire un rituel sataniste dans la chapelle, dégomme un cygne à la petite cuillère, balance de l’eau sur une pouf et son brushing. Ou alors admire une dernière fois la connerie, la bêtise et l’inutilité. Un jour peut-être ils comprendront. » Je vous laisse deviner l’option retenue.
Plus qu’un an et neuf mois à tirer, si je ne supporte pas il reste le rituel sataniste.
Patron nous a filé un polo gratuit, c’est magnifique, histoire de souffrir à chaque fois que j’ouvre mon placard.
Il me dit : Drugs, je ressors mon kit du petit chimiste et je te fais ça. Ça se fait plus depuis 75 faut sortir les vieilles recettes. De la drogue vintage, yeah.
Moi au moins je peux écrire un bouquin et devenir la femme de Billy le géant des collines n’a pas le choix il doit laisser un bout de sa vie dans la mémoire de son frigo. C’est triste.
J’étais en Bretagne, c’était d’enfer. Comment est le paysage en Bretagne ? Breton. Je soupçonne les Nargols d’avoir fait ça. Ils ont une machine à faire la pluie et le vent. Mais ils sont vachement fourbes de s’attaquer à plus petit que soi.
Pour avoir du réseau là-bas il faut faire un pèlerinage (dans la nuit noire, éclairage local : la Lune) et la poste entre deux champs et bien on entend des bruits bizarres dans l’herbe comme une bête qui court. Ou peut-être un rituel sataniste.
Si vous ne me croyez pas pas impossible que je vous pourrisse, découpés en morceaux et jetés aux cygnes. Ils ont faim les pauvres.

Direction l’enfer, mettez un crucifix à l’envers, il pointe toujours vers Lucifer.
Un soir, un lapin sacrificiel s’est échappé. J’ai dû arpenter les couloirs, une carotte à la main, hurlant Pruno ! Le patron s’en gausse encore (il l’avait mangé).
Dieu craint, même pas foutu de refaire la déco en 5000 ans (j’ai vérifié). Au moins chez Satan c’est trendy, il est adepte de la déco fusion.

La photo, c'est le bungalow que j'ai réservé avec vue sur le Styx
Là il fait un peu moche donc c'est bien, je préfère ca au soleil, heureusement ca n'arrive jamais en Enfer.

Petit barbecue au bord du Styx, menu du jour, ange déchu fraichement péché du Styx, terroriste fraichement explosé, et pigeon farcis a la viande de rat
Bien sûr pour la lumière j'aime bien le principe de prendre des cranes d'anges avec une bougie à l'intérieur.

Se donner bonne conscience. Qui sait, des fois que le Paradis existe, je réserve ma place.

Mardi 3 février 2009 à 19:47

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Un Wampyr. La fureur et la grâce. Ce que vous devez savoir sur moi, je crois, c’est toute ma haine. Le Wampyr ne dort pas parce qu’il n’est jamais en repos.

Être Wampyr, c’est être tourmenté. Le sang. La connaissance. Les origines. Car nous sommes confrontés à l’inanité de l’existence. Vous n’avez pas le temps de vous rendre compte à quel point votre existence est vaine.
Un Wampyr vit par habitude. Ne plus pouvoir se rappeler de ce que cela faisait, avant. Vous savez. Être vivant. Alors, il dévaste le monde. Et tout ce qui s’y trouve. C’est un peu triste, au début. Et on s’y fait. On s’y fait toujours.

Je vais vous dire pourquoi je vous raconte tout ça, pourquoi vous avez ce livre entre vos mains. Après tout, à part être un Wampyr, je n’ai rien de spécial. Je sais que pour vous c’est incroyable. Mais on s’y fait.
Quelle ironie. Ceux qui ont la vie la plus longue ont aussi la plus insignifiantes. Les mêmes péripéties, drames, tragédies cent fois répétées, vous trouverez nos existences au détour de chaque roman de gare, tragédie cornélienne,… Nous n’avons rien à raconter. Nous nous cachons, nous sommes lâches, nous restons entre nous, les mêmes têtes stupides croisées deux cent fois, nous tuons les autres.
Assassins nocturne, la seule chose qui nous constitue, ce sont tous ces destins de ceux que nous croisons, les destins que nous suspendons.
Je crois que finalement nous sommes tous les mêmes face à la mort. Notre vie de Wampyr, notre adrénaline quotidienne, ce n’est jamais qu’une longue confrontation avec la Faucheuse. Et elle finit toujours par l’emporter.
Je crois que j’ai découvert notre origine, à nous, wampyrs.
Les progrès de votre siècle sont stupéfiants. Trop pour vous puissiez en apprécier la mesure.
Je crois que je pourrais peut-être même nous permettre de redevenir des humains. Mais je doute que nos organismes épuisés survivent longtemps.
Il fallait que je partage cela avec quelqu’un.
J’imagine qu’il ne faudra pas que ce cahier tombe entre les mains des mortels. Je trouverai bien un Wampyr à qui le confier, avant de mourir.
Bien sûr, ce Wampyr pourrait mourir à son tour, et mon cahier tomber en poussières. Mais cela n’a pas d’importance. Je pourrai tout aussi bien m’exposer à la lumière du soleil, demain. À mon âge, on n’a plus de vanité vous comprenez. Pas le moindre désir. Pas la moindre impatience. Juste l’attente.

Les Wampyrs se raccrochent aux anciens, leurs vouent un culte. Il faut bien répondre à la question des origines.
Si cet ouvrage est diffusé, j’imagine qu’ils pourront toujours élever un nouveau veau d’or et le sacrifier à l’autel de la science. Dieu merci je ne serai plus là.
Il faut que je retrouve Phobos. C’est à lui que je dois le donner, sinon il ne comprendrait pas. Je lui dois bien ça, après tout.

Mardi 3 février 2009 à 18:33

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J’aurai aimé, vous savez. Comprendre. Immense lac salé sur les baies de Tokyo. Elle n’y était pas, elle n’était nulle part. Elle n’était qu’une ombre, éternellement. L’horizon s’éloigne alors même qu’on croit la saisir.
Il y a des rencontres, comme ça. Le goût amer du regret. Rien qu’un rendez-vous manqué.
Je ne la connaitrai jamais. Nous étions faits pour nous aimer. Ou peut-être pas.

Dimanche 1er février 2009 à 20:22

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J’étais de retour au sein du Cocon, protégée, blottie dans sa chaleur douillette. Je voulais qu’on me parle de la pluie, de la mer et des aurores boréales. Il n’y avait personne. Il aura toujours pour moi le goût des regrets, du passé enfui et à jamais perdu, sans même que je n’ai pu goûter la fièvre de ses baisers et le bûcher de ses étreintes. Et le parfum du café alors que pointe l’aube et le goût de la neige sur mes paupières closes.

Jeudi 29 janvier 2009 à 20:38

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Elle s’appelait… elle s’appellera comme vous voudrez. Je ne sais pas si son nom était typique de chez elle.
Elle venait du Japon, se disait New Yorkaise. « Tout le monde est New Yorkais. » énonçait-elle d’un ton d’évidence. « Comme toutes les grandes villes » j’avais avancé.
Elle m’avait jeté un regard qui charriait du givre. « Pas du tout. Tu vois bien que tu es juste parisien. Les Parisiens ne peuvent être que Parisiens. »
Elle est venue, puis elle est repartie. New York I Love You but You’re Breaking Me Down.
C’est ainsi que je suis tombé amoureux. Pas de New York, c’est d’un commun. New York est à tout le monde, je voulais qu’elle ne soit qu’à moi. Je suis tombé amoureux de Tokyo, dans toute son étrangeté de métropole bizarroïde. Lorsque je m’y promène, je crois la voir à chaque coin de rue. Je voulais tellement qu’elle soit, mais on ne s’appartient même pas à soi-même. New York I Love You but You’re freaking me out.

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