Jeudi 6 novembre 2008 à 21:39

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Il ne me restait qu'une seule chose à faire.
Cela faisait des mois que je me préparais, que j'enfilais sa peau comme on enfile son blue jean favori, je me sentais l'étoffe d'une chenille lovée dans sa chrysalide.
Mes goûts changeaient... Mes vêtements changeaient... Mes amis changeaient... Mon rire, mon phrasé changeaient...
Je devenais... Tout simplement. Mais une copie n'a de valeur que lorsque l'original disparaît. Détruit. Anéanti. Recouvert de cendres.
Sa mort serait pour moi un accomplissement car tandis que je serrerai mes mains sur son cou je sentirai son âme s'infiltrer par les pores de ma peau...
Alors je pourrai brûler ses vestiges et devenir elle. Tout simplement.

Mercredi 29 octobre 2008 à 12:34

Je m’étais promis de ne pas écrire, mais je suis trop faible pour tenir mes promesses.
Je t’écris parce que je n’y tiens plus, parce qu’il est tard et que la fatigue commence à poindre, je t’écris parce que je ne sais plus quoi faire pour ne plus déchoir davantage dans ton estime. Je t’écris pour répondre à toutes les questions que tu ne m’as pas posées. Comme ça au moins, on pourra en parler…

Je suis désagréable, oui. Je ne sais pas si tu le mérites. De toute façon je n’ai jamais été quelqu’un de gentil.
Tu me connais : je fais toujours passer mon propre bien-être avant celui des autres. Avant le tien. J’ai essayé, pourtant… Contrairement à toi, je suis incapable de prendre sur moi.

Désagréable. Accusatrice, aussi. De toute façon, ne te fais pas d’illusions, tu n’en feras jamais assez, c’est toujours de ta faute, tu auras toujours tort.
Je ne suis pas d’humeur à te donner raison.

Moi, mes illusions, elles se sont dispersées, balayées par un vent brûlant, chargé de sable qui pique les yeux et qui étouffe, je ne te fais plus confiance.
Je sais que je t’ai fait subir bien pire tourment, et que c’est un miracle que tu ais survécu à la tornade, je ne prétends pas que cette défiance soit justifiée. Mais c’est ainsi.
Lorsque tu me dis que tu m’aimes, tu mens. Lorsque tu dis que je te manque, tu mens.
Je n’ai pas envie que tu cherches à te rattraper, que tu cherches à me rassurer, je ne crois aucun des mots qui sortent de ta bouche. Mais je préfère encore ça que le silence.
Ce n’est pas de l’amour, c’est l’habitude.

Parlons-en, du silence. Je suis lasse d’avoir toujours à faire le premier pas pour avoir un mot de toi. Juste un je t’aime famélique lorsque que tu te souviens de moi.
Ce jeu compte plus que moi, ça y est. Pourquoi ne joue-t-on plus ensemble comme autrefois ? Tant pis.
Je ne suis pas déçue. Je n’attendais rien.

J’ai envie de m’enfuir. Avant de tout gâcher. Avant que tu cesse de m’aimer pour de bon, puisque c’est inéluctable, l’engrenage commence à mettre ne branle ses rouages, c’est une question de temps, rien ne sera plus comme avant. Partir avant de te décevoir. De te déplaire… Avant que tu ne restes avec moi que par pitié ou par habitude, et peut-être est-ce déjà le cas.

Et pourtant comment pourrais-je m’y résoudre. Tu es trop ancré en moi, j’ai l’impression que toi et moi avons atteint une certaine harmonie que je ne retrouverai pas si facilement auprès de quelqu’un d’autre. Tes caresses. Nos sous-entendus qui ne regardent que nous. Des souvenirs et des projets. Un pilier dans mon existence et ta main sur ma jambe sous la table. La musique. Ton odeur. Le jeu. Nos insupportables taquineries. 9 mois. J’en oublie. Je me sens trop proche de toi à présent pour pouvoir tourner la page aussi facilement qu’avec les autres.
Et pourtant, ce que tu m’as dit ce jour-là… Moi aussi il m’arrive de douter, plus que ce que j’ai pu te dire. Mais je passe dessus. À cause de ça. Il suffit que je réfléchisse un instant. Nos habitudes. Ces futurs que nous voulions mêler. L’eau qui déborde lorsque tu t’en vas, bien malgré moi. Tout cela me rappelle combien je tiens à toi et les doutes s’effacent.

Je me surprends à chérir ces petites attentions qui t’échappent et qui viennent corroborer tes mots. Mais peut-être n’est-ce là encore qu’habitude.

Mais je t’en prie. Je ne te retiens pas. De toute façon à la lecture de cette lettre nul doute que tu ne m’aimes plus, c’est bien normal.
Si c’est ainsi, alors vas-t-en.
Je ne tiens pas à passer pour une pauvre fille inconsolable.

 

Je m'en vais bien avant l'heure
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais avant que l'on ne se laisse aller
Je m'en vais avant que l'on ne puisse en rire
Je m'en vais en gardant toute ton odeur
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais avant de te détruire
Je m'en vais pour que tu ne m'oublies jamais
Je m'en vais en te voyant sourire

Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais
avant de te découvrir
Je m'en vais bien avant de te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir

Je n'ai aimé que toi
Je t'embrasse jusqu'à en mourir

Je m'en vais pour tout recommencer
Je m'en vais pour ne jamais m'assagir
Je m'en vais car tout est si léger
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais pour ne jamais t'oublier
Je m'en vais sans même te l'écrire

Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais bien avant de te découvrir
Je m'en vais pour ne jamais te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais bien avant de te détruire

Samedi 18 octobre 2008 à 14:09

c'est tellement nul que j'en ai honte

Et tous ces mots, ces mots d'autrefois, ces mots qui n'ont plus de ce sens. La vie dans une petite cage dorée.

Si j'avais pu la partager avec toi j'aurais pu être heureuse.

Trop tard.

Voilà les fantômes.
Ne vois-tu pas que rien n'est possible car ce lien nous échappe ?
Quand je t'ai vue, j'ai su que c'était toi. Le monde peut bien s'effondrer dès que je t'ai vue je t'ai voulu j'étais prêt à tous les sacrifices...

Sacrifices tu parles, tu n'étais qu'un playboy, tu n'as fait que mettre une pièce dans ton jukebox et tu as fait ton numéro...

Tu sais bien que ça ne s'est passé comme ça. Tu sais bien que tu n'étais pas une parmi tant d'autres.

Jeudi 16 octobre 2008 à 19:51

 

Ça y est, je suis perdue au sein de ce grand bosquet dont les arbres semblent autant de barreaux à ma prison. Je voudrais juste qu'on me laisse sortir.
Je ne cours plus, je n'appelle plus à l'aide. Il n'y a personne qui m'attend, dehors. Il n'y a personne qui m'attend nulle part.
J'ai abandonné mes chaussures trop usées, avec ma fierté et mes derniers lambeaux d'espoir au bord d'un sentier. Le Diable m'emporte.
Je n'ai plus peur, je n'ai plus mal, mes pieds sont en sang, et j'aurais sans doute très faim si j'étais vivante. Il y a des choses sur lesquelles on ne fonde pas trop d'illusion.

Je connais Brocéliandre, je sais qu'elle ne me laissera pas mourir avant de me savoir totalement broyée. Et les sirènes au bord du lac.
Brocéliandre attend que j'abandonne la lutte, que je me rende à elle. Elle me tuera de mes propres mains.
C'est le jeu, c'est la règle de ce jeu de massacre où les candidats tirent à vue et finissent pendus à une branche.
Triste victoire que la mienne.


Je ne cherche plus à sortir, je ne cherche plus le Nord, je sais que les arbres marchent lorsque je leur tourne le dos.
La forêt met des racines sous mes pas pour que je trébuche. Pure provocation.

De toute façon je n'ai jamais demandé à vivre, et toutes les fois où j'ai été heureuse ne m'ont pas abrutie au point que j'oublie que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue.
De toute façon, ma vie dehors n'avait aucun sens. Mourir est encore la meilleure chose qui peut m'arriver dans ma petite existence sordide.
Vous semblez toujours choqué lorsque vous apprenez que quelqu'un a tenté de mettre fin à ses jours, comme si la mort était l'ultime tabou, pire que l'inceste et le viol, pire que le crime et le viol. Et si je vous disais que il y a bien longtemps que j'ai envie de crever ? Que même si je ne tenterais pas de mettre fin à mes jours si la mort se présente je ne fuirais pas en courant ? Que pour moi il n'y a rien de plus naturel que de vouloir mourir, c'est quand cette pensée me quitte que je m'inquiète. Faire des projets, s'accrocher à des rêves ne change rien.
Être heureuse ne change rien.
J'attends d'appuyer sur le bouton stop.
Sinon je ne me serais jamais engagée dans ce jeu de dupes. Brocéliandre ne me laissera pas perdre si facilement. Divertissement devant les cadavres.

Trop trop trop... Toujours des questions, jamais des réponses, donner le meilleur de soi-même pour servir les autres, un cran de l'engrenage, n'être qu'une carpette qui ne mérite que d'être écrasée, il n'y a pas de mérite personnel car le mérite n'existe pas. Mériter quoi ? Mériter le droit de crever, ça ne vous inquiétez pas on y a tous droit. Les humains vraiment bons n'existent pas, ils sont tellement rares qu'on les appelle des anges, de toute façon nous sommes trop rationnels pour être désintéressé, la vocation n'existe pas, la seule vocation que peut avoir un humain ici-bas, c'est de survivre et de s'assurer une petite place au milieu du fumier.
Et cette petite boule de chiffon sale au fond de nous, qu'on tente d'enterrer de peur que les autres la voient, mais je sens son odeur nauséabonde d'ici.
Vous pouvez toujours fuir, me raconter combien vous êtes vertueux et trainer à même le sol votre ego devant moi comme pour vous élever, je vous connais.
J'ai lu les augures dans vos tripes encore chaudes, je les ai ensanglanté de la pointe de mon couteau.
Tous les humains sont laids, tous les humains ont des pensées qui empestent, et vous pourrez toujours me dire que s'élever c'est justement lutter contre, tenter de s'élever...
Ne me faites pas rire. Il n'y a rien où l'on puisse s'élever, le seul paradis auquel on est encore accès est artificiel, en attendant il y a l'Enfer. Rien d'autre.
À tout prendre, entre vous et moi, je préfère encore Brocéliandre et ses jeux malsains.

De toute façon je vais mourir, maintenant ou plus tard, Brocéliandre aura raison de moi et c'est aussi bien ainsi, maintenant déjà...

Crise de panique, un genou à terre et l'air qui refuse de rentrer dans mes poumons, encore un artifice de cette forêt perverse, à notre image.
Mourir m'a toujours semblé un projet d'avenir admirable.

Je voudrais rentrer... Je voudrais juste que tout s'arrête...

Je n'en peux plus, il ne se passe pas un jour sans que j'ai envie d'appuyer sur Game Over. La forêt gagnera, même dans trois milliards d'années je ne serai pas à même de la mettre échec et mat.
Je n'en peux plus, je n'en peux vraiment plus.
Je suis prisonnière, les murs se rapprochent et je n'ai rien pour entraver leur mortelle étreinte, si jamais leur mouvement se suspend un instant et même me laissent un peu d'air, c'est juste pour tromper ma vigilance et hâter mon trépas.

Je ne suis plus rien, rien qu'un humain qui agonise, rien qu'un humain qui n'appelle plus au secours parce que personne ne viendra, rien qu'un humain qui perd pied et se laisse happer par les abysses sans que personne n'y prenne garde car de toute façon la mort n'intéresse personne, rien qu'un être humain qui se noie dans le palais de l'Atlantide.
Je ne suis qu'une goutte d'eau dans cet océan de larmes, et bientôt je serais un arbre de cette forêt, un bouleau frêle sur lesquels les gamins graveront « nique ta mère » car les gamins ne savent plus rien dire d'autres.
Je serais un noisetier à l'agonie, à l'image de ma vie.

Je serais une haie de ronces. Je voulais juste m'en sortir.

Mercredi 15 octobre 2008 à 14:08

Comment ne pas être touché par cette femme ?
Elle était là, assise en face de nous, et elle était tellement humaine...
Être humain, c'est un concept éculé, on l'emploie tous les jours, la philosophie est à la poursuite de qu'est-ce que l'homme, mais finalement, tout ça ce ne sont que des concepts poussiéreux, c'est comme un aveugle qui parlerait des couleurs, c'est vide de sens.
Parfois, elle suspendait son propos pour ne pas pleurer, et quelqu'un prenait la parole pour ne pas la laisser dans l'embarras, et sa mère s'est précipitée pour lui donner un mouchoir, c'était tellement maternel. Pourtant, je pense qu'elle a bien le droit de pleurer.
Je crois qu'on imagine pas à quel point cet être est magnifique.
C'est un peu triste de se dire qu'il lui a fallu engranger autant de souffrances pour être quelqu'un comme elle, mais je ne pense pas qu'il n'y ait que ça. Évidemment.
Parce qu'avant ça, elle était déjà une héroïne, et il faut un mental d'acier pour survivre à ce qu'elle a vécu.
La voir, c'est se dire « et est-ce que moi j'aurais tenu ? Est-ce que je serais parvenue à rester un être humain comme elle ? »
Quand on pense quel choc a dû être pour elle le « retour à la réalité »... Et elle était tellement civilisée, elle versait doucement de l'eau dans son verre avant d'en boire une gorgée, ses cheveux étaient attaché pas un qui dépasse, bien habillée...
Avant, pour moi, Ingrid Bétancour, c'était une femme admirable qui essayait de rétablir un semblant d'ordre et de république en Colombie, prête à se sacrifier pour un idéal. C'est bien joli tout ça. Mais en l'écoutant, j'ai pu appréhender à quel point cette femme était bien plus.

Elle a orienté sa conférence vers Dieu, et le Christ.
Mais même pour un non-croyant, c'était d'une force incroyable.
Elle nous a expliqué comment elle avait découvert la Bible lors de sa captivité, car c'est la seule chose qu'on lui ait accordé (assez étonnant, d'ailleurs, de la part d'athées convaincu), que l'un des FARCs, des adolescents de notre âge nous a-t-elle dit, lui avait appris à tisser et qu'ainsi elle s'était tissé une chapelet et qu'elle priait la Vierge tous les soirs, à minuit, à l'heure où le camp était parfaitement calme, que son corps avait été une prison de souffrance, que tout dans la jungle piquait, mordait, était hostile ou agressif, que celui qui lui avait appris à tisser était mort et que jamais ses camarades n'en ont reparlé, ni même ne paraissaient être affectés, qu'elle a compris le message du nouveau Testament « tendre l'autre joue » lors de sa captivité, qu'elle pardonnait à ses ravisseurs, elle a insisté sur l'importance du pardon, sur le fait qu'on ne pardonne pas pour l'autre mais pour soi, qu'il ne faut pas se laisser happer par ce siècle de la petitesse, l'égoïsme, la méchanceté... L'être humain a une capacité de méchanceté incroyable, c'est facile. Faire abstraction de ça, c'est s'élever. Je me suis sentie particulièrement visée par ce passage, parce que je me sens horriblement sombre. Je ne suis pas quelqu'un de gentil, je ne prend pas soin des autres, à part de quelques rares « élus », puisqu'on a tous envie d'être aimé, n'est-ce pas ?
Elle nous a parlé d'une expérience qu'elle avait vu, et qui doit être sur YouTube (ça m'a surpris qu'elle connaisse YouTube d'ailleurs), réalisée sur des étudiants de Stanford, divisés arbitrairement en « geôliers » et en « prisonniers ». Après quinze jours de captivité, les prisonniers adoptaient des comportements « de prisonniers », de délation, de tentative de séduction, et vice-versa, les geôliers qui faisaient subir des abus, des humiliations... à leurs propres camarades !
Elle nous a souhaité de souffrir, car il n'y a que dans la souffrance qu'on peut se remettre en question.
Cette femme a une capacité d'amour, et une dignité incroyables.

Lorsque je l'ai vue, une fois sortie de l'amphithéâtre, en train de se faire mitrailler par des téléphones portables (comme si sa photo était plus importante que ce qu'elle avait pu nous dire) et de signer des autographes (?!), je me suis sentie vaguement révoltée que les « petits » la traite comme une sorte de célébrité qui a construit sa « notoriété » sur du vent (voir les émissions de télé-réalité, Paris Hilton...). Ces gens sont vides et elle est tellement riche (intérieurement, s'entend), tellement digne de respect... Notre classe a été « ajoutée » à la conférence à la dernière minute, puisque Ingrid était venue pour le lycée et le collège. Quelle chance nous avons eu : je crois que cela aurait été manquer une véritable expérience humaine, que de ne pas y assister.
Mes mots sont bien en dessous de ce que j'ai pu pressentir d'elle en l'écoutant.

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