Vendredi 10 octobre 2008 à 16:32

 

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Étendue sur le lit, elle fixait le plafond en lui tenant la main.
« Tu sais je n'en peux plus, je n'en peux vraiment plus.
Je suis au pied du mur.
J'ai pensé à me jeter du septième étage, pour voler au moins une fois dans ma vie, tu vois, mais j'ai trop peur d'avoir mal, et puis pour les petits... Je n'ai pas le droit de leur montrer ce triste spectacle. Pareil pour les poignets, ça doit être une longue agonie. La pendaison, ce n'est pas la peine, le support va céder, c'est un classique. Et puis je n'ai pas envie de mourir seule.
Je suis désolée de t'imposer ça, peut-être tu me regretteras un temps et d'autres aussi, mais ce n'est juste plus possible, tu comprends ? Je suis déjà morte.
Alors je voudrais que tu m'étrangles. Là, maintenant, sur ce lit.
Ne t'inquiètes pas, personne ne t'a vu, personne ne sait, on ne peut pas remonter jusqu'à toi, j'y ai veillé. Personne n'est au courant pour nous deux, personne ne nous a vu devenir pas même amis, on te demandera si tu savais que j'étais dépressive et puis on te fera voir un psy, tu pleureras un peu et tu pourras retourner à tes études, avec les autres.
Je ne veux pas qu'on te cause du tort.
En plus, ça aura l'air d'un meurtre, ça pourrait être n'importe qui.
Lorsque tu auras fini, n'oublies pas de mettre un peu de désordre, s'il te plaît. »
Elle serra sa main plus fort encore, sans jamais le regarder. Lui s'obstinait à fixer une ombre floue par la fenêtre. Qu'aurait-il pu faire d'autre ?
Le sinistre engrenage se mettait en marche, cran par cran, et lui donnait la nausée, mais que pouvait-il faire ?
Il sentait cette douleur immense, presque palpable, il sentait ses doigts s'éteindre doucement entre les siens, il sentait son coeur battre de plus en plus doucement, il la sentait se déchirer lentement, égarant ce à quoi elle tenant tant... ses souvenirs... ses amis... ses mots... son âme...
Comment la regarder se dissoudre lentement, sans rien faire ?
Ils se connaissaient à peine, leurs peaux sont encore si peu intimes...
« Je sais que c'est beaucoup te demander, A., mais je ne peux pas, je n'y arriverais pas sans toi. J'en ai besoin. »
Il comprenait et il ne comprenait pas, il aurait voulu dire non, il voulait dire oui, l'assassiner proprement et qu'on en finisse...
La mort comme ultime acte d'amour.
Elle ajouta avec un sourire apaisé « et puis c'est sensuel, d'étouffer quelqu'un. C'est comme si tu avais voulu m'étreindre un peu trop fort. »
Il appliqua ses deux mains sur sa gorge et commença à serrer, en fermant les yeux pour ne plus jamais les ouvrir...

Lorsqu'elle les rouvrit, il était recroquevillé sur sa chaise, ses yeux la fuyaient.
« Je ne peux pas. »
Elle se leva avec légèreté, et l'entoura maladroitement de ses bras frêles « Je sais. Ce n'est rien. »..
Elle essaya de le serrer aussi fort que possible, en répétant dans le creux de son oreille « ce n'est pas grave, ce n'est pas grave... »
Puis elle se détacha de lui et prit la parole, en jouant machinalement avec une mèche de A.
« Bon c'est fini, alors, de toute façon ? Tu devrais rentrer, tu vas prendre du retard dans tes devoirs pour rien. Tu as déjà perdu assez de temps tu ne crois pas ? Tu vas le dire aux autres, n'est-ce pas ? Tu vas leur dire que je suis complètement timbrée, que j'ai voulu te forcer à me tuer. Tu leur diras qu'il ne faut pas m'approcher. C'est bien normal. Dans deux jours, toute la classe saura que je suis folle. Bah, je m'y ferais. Ce n'est pas si terrible. C'est même normal. C'est ce que je suis, il n'y a rien à cacher. J'espère juste que ça ne viendra pas aux oreilles de Maumau, sinon je n'en finirais plus avec les entretiens... Pour le coup c'est moi qui vais me coltiner le psy, ahah. Quelle perte de temps. Je vais peut-être même me faire renvoyer, d'ailleurs. Je ne sais pas si c'est une bonne ou un mauvaise chose... »
Elle énonçait toutes ces choses avec calme, elle ne semblait même pas s'apercevoir qu'elle parlait à voix haute, elle ne semblait pas affectée par ses suppositions, tout au plus ennuyée à l'idée de devoir rendre compte aux adultes de ses états d'âme qu'elle aurait préféré ne partager avec personne.
A., qui avait encaissé toutes ces accusations sans mot dire, lui agrippa soudain le bras.
« - A. Tu me fais mal.
- Parce que c'est ta grande hantise, n'est-ce pas ? « Non, je ne veux pas me tuer de cette façon, ça fait mal. » Même ton suicide, c'est pour fuir la douleur. Tu te prends pour quoi ? Pour une poupée ? Tu crois que tu es la seule à souffrir ? Tu crois que tu es la selue à saigner ? Tu crois que personne ne va souffrir de ta mort ? Tu n'es qu'une sale gosse pourrie gâtée ! Tu veux crever ? Parfait ! Tu le mérites ! Tu me dégoutes... Je ne sais pas ce qui me retient de te tuer et qu'on en finisse... »
Il la poussait peu à peu vers le mur, une main sur son cou.
Elle sourirait tristement, en silence, ce qui ne pouvait qu'énerver son amant d'avantage.
Elle affichait une mine résignée, se préoccupant peu de l'issue de l'affrontement.
Il laissa retomber ses bras.
« - Je suis désolé, je...
- Ne t'excuse pas. »
Elle fit un geste pour lui caresser sa joue et le suspendit. Elle ne savait plus au juste si cela lui était autorisé ou non.
Il la serra contre lui, convulsivement puis se dirigea à grands pas vers l'entrée.
Elle le regarda partir avec un signe de main, il ne se retourna pas.
Il claqua la porte sur quelques heures de bonheur paisibles, d'étreintes hâtives et sauvages, d'une alcôve où il avait pu trouver quelques rares moments de paix.
Il ne savait pas s'il aurait le courage de revenir un jour, bien qu'il sût que la porte lui serait toujours ouverte. Il ne savait pas si elle se présenterait en cours le lendemain. Et si elle n'y était pas...

Vendredi 10 octobre 2008 à 16:29

 

Ce monde sans rime ni raison m'oppresse. Tout n'est que vacuité.
Je voudrais me jeter par la fenêtre mais j'ai trop peur de faire tâche.
Comment les humains font-ils pour survivre ? Suis-je la seule à errer sans but ?
Comment peut-on se laisser happer dans les rouages de cette existence sans but ?
Tous autant que vous êtes, vous me donnez la nausée. Je voudrais tellement avoir quelqu'un à qui parler.
Un humain. Pas des animaux comme vous.
Comment pouvez-vous survivre dans ce monde décevant ? Tout est si sale... Vos yeux charrient des ordures, l'air a des relents de pourritures.
Je m'assoie au bord du lac et j'attends le monstre de Loch Ness.
Lui au moins gagne à être connu.
Chaque jour il se passe dans le monde que je côtoie malgré moi quelque chose que je ne supporte pas.
J'emmagasine dans mon ventre toute la haine que je vous porte, vous êtes tellement tordus, vous boitez parce que la décomposition vous gagne, vous aussi, vos cellules s'effondrent, elles n'en peuvent plus de vous côtoyer, vous tombez en cendres. Comme c'est risible.
Ne comptez pas sur moi pour vous plaindre, je suis occupée : j'attends le monstre du Loch Ness. Peut-être que lui pourra m'expliquer comment vous échapper.
Rendez-moi la beauté du crépuscule, la beauté de la ville endormie, épurée et calme enfin, qui n'est plus sans cesse tourmentée par ses habitants, toujours pressés, toujours quelque chose à faire, éternellement en retard, emprisonnés dans la cage en verre de leur vie absurde... Vacuité.
Mais à présent la ville ne dort jamais, ils me volent mes derniers pans d'existence, mon ultime réconfort et la beauté de la ville endormie...
Et même si je quitte ce monde, qu'est-ce que ça changera ?
Et Brocéliandre et Avalon, Babylone et le palais des illusions brisées, même le castel qui plane sur les eaux, tout cela est magnifique et inaccessible, tapis derrières les miroirs, ils s'effacent lorsque nous nous mirons, quel délice de se laisser aller au narcissisme, je ne peux plus traverser, les psychés sont des cages de verre, les royaumes oubliés me sont interdits à jamais, il n'y a plus de passage, je suis rivée à ce monde que je vomis. J'attends le monstre du Loch Ness. Peut-être y a-t-il une issue au fond des eaux, peut-être me reste-t-il au moins le monde des sirènes. Je peux vous donner ma voix, je peux vous donner mon âme, personne n'entendra jamais le chant de la sirène. Mais ne me laissez pas dans cet enfer glacé.
La seule que je veux éclater en morceaux, c'est moi-même.
Elle demandait sans cesse à ce qu'on l'emmène, mais elle ne parlait jamais de rentrer. Elle et moi aurions été heureuses.
Comment des choses aussi dérisoires peuvent-elles autant nous faire souffrir.
J'attends le monstre du Loch Ness. C'est tout ce qu'il me reste d'elle.

Delivery. Tout est si fade. Nos existences sont vaines.
Tout est souillé. Il manque Quelque Chose, cette boule au fond de mon ventre qui me ronge, il y a un vide dans mon coeur et dans mon âme. Elle aurait su. Et le monstre du Loch Ness, aussi.
Je t'en prie... Ne me prends pas ce qui me reste...

Lundi 6 octobre 2008 à 19:57

 

J'aime les vieux. Ce n'est pas de la perversion, tout être humain ne fait que poursuivre son petit intérêt stérile, n'est-ce pas ? Allez, ne faites pas semblant. Ne faites pas comme si vous n'abritiez pas toutes ces pensées laides et sales au fond de vous. Vous ne valez pas mieux que moi. Personne n'est pur.

Moi, j'ai trouvé mon intérêt. Ça va vite en général, je décide de mes horaires et ça paye. Un max. Je ne gagnerais jamais autant d'argent avec un autre job.
En fait, c'est ça qui vous dégoute. Je gagne en une soirée autant que vous en une semaine, et ceci sans trop d'efforts alors que je n'ai même pas fini le lycée. Je fais ce que vous voudriez bien faire si votre morale ne vous retenait pas... mais quelle morale pourrait-il y avoir dans ce monde pourri ?
Arrêtez de froncer le nez d'un air offusqué, vous étiez dans mon lit hier.
J'ai cinq ou six « papas », des vieux, mariés deux enfants, qui viennent se divertir avec la fille jeune et fraîche que je suis. Je vous passe les détails, mais je vous laisse imaginer qu'on ne se contente pas de manger des glaces.
Ça vous choque ? Mais qu'est-ce que vous croyez ? Que parce qu'on est marié et pété de thune, on est respectable ? Que les humains sont lisses, pas un seul désir tordu sous la surface en acier trempé ?
Ne me faites pas rire. J'ai bien vu votre regard sur mes jambes hier soir, au bar de l'hôtel.
Ce n'est pas sale, ce n'est pas malsain. C'est un job.

Ne me faites pas croire qu'il reste encore un peu d'amour quelque part. Vous ne savez même pas ce que ça veut dire. Il n'y a plus d'amour véritable, il n'y en a jamais eu.
Si vous y croyez encore, bravo, c'est mignon la candeur mais à un certain âge la naïveté ça craint, et surtout ne vous croyez pas au dessus des autres. Vous êtes aussi sombres et putréfiés qu'eux. Vous me dégoutez, tous, mes « papas » comme les autres, moins peut-être, eux au moins ils assument, et surtout ILS PAYENT.

J'économise. Je veux fuir. Où ? Chais pas. Loin de vous, loin de vos sales gueules qui me lorgnent d'un air bovin, sur moi et mon décolleté et sur ma mini-jupe en faisant attention de pas prendre l'air trop concupiscent mais vous êtes TOUS LES MÊMES.
Delivery.
Délivrez-vous de votre sale vie absurde.
Je ne suis pas de ce monde, impossible, je ne peux pas être aussi souillée...

C'est ça ou je tue quelqu'un. N'importe qui.

Mercredi 1er octobre 2008 à 14:10

 

Deux cascades, reflet d'arc-en-ciel.
Une mer glacée et la neige.
On meurt de toi.
Comme je voudrais n'être qu'un cavalier sans tête et un trou béant dans la poitrine.
Sans toi je n'y arrive pas, je ne suis qu'une marionnette oubliée, désarticulée sans vie sur une étagère-poussière.
Je ne sais pas ce qui me retient de sauter dans le premier train... L'avenir me semble bien léger lorsque tu n'es pas présent, et toutes ces contraintes, je suis submergée, c'est ma faute, je suis coupable, plus, toujours plus, et tout semble si futile en comparaison de T O I.
Mon absolu, mon sigisbée...
ça ira, ça ira mieux demain. Il faut juste que je me résigne à nouveau, que je m'habitue à ne plus sentir nos peaux se mêler, à ne plus caresser tes lèvres, à mourir un peu, mais on ne s'y habitue jamais tout à fait n'est ce pas ?
Le temps, ce sale vieux tricheur chauve... Il me tue.
Il faut que je dorme, il faut que je me calme, il faut que j'oublie, j'ai tant à faire et le temps me rit au nez... La vie n'est qu'une putain, une mer enneigée et le monde qui flou qui tangue...
Toutes les fleurs sont des chrysanthèmes.
Parfois je n'en peux plus. Et puis ça passe.

Mercredi 1er octobre 2008 à 14:09

 

Bulle de verre.
Les hordes piétinent ton coeur à le réduire en cendres.
Qu'est ce que ça peut bien faire ?
Montée sur tes échasses tu croyais conquérir le monde tu croyais être une héroïne dans ce monde de sang tu t'es pris les pieds dans le tapis les artistes du mensonge se sont joués de tes sens
Tu tombes.
On s'est joué de toi, pauvre trèfle à trois feuille
Ton sigisbée s'est évanoui parmi les ronces et les roses noires
La fumée te ronge
Tu te noies
Personne ne te sauvera. Tu le sais, tu te noies en silence.

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