Mardi 28 décembre 2010 à 12:06

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Des hommes contre des hommes, des soldats contre des soldats, des fantômes contre des fantômes. Et on verra bien qui sera le plus fort. Nos soldats de plomb virevoltent sur l’échiquier. Je mène la danse, gorgé de lait noir, je suis l’ébène, les légions du chaos, ton pire cauchemar. Pare ton cœur du courage de l’acier, invoque Sekhmet, je suis le fer qui ronge les armures.
Je te vois, au cœur du camp de bataille, épée brandie et cheval blanc, tu crois peut-être incarner le bien, tu crois peut-être que la loyauté l’emporte sur la peur. La vérité, c’est que je mène la danse car je cours dans tes veines, c’est le lait noir qui te maintient en vie. Fantôme contre fantôme, le temps s’est arrêté, je réconcilierai les deux destinées, un raz-de-marée d’encre éteindra le monde comme on souffle une bougie. Je mène la danse car mes armées ont été baptisées dans le sang. Soldats contre soldats, ça finit toujours comme ça car le lait noir irrigue chacun de nos pions, je t’entraine sur mon terrain car c’est le seul qui vaille. Alors que tes soldats pleurent le dixième homme à terre, je sais que je tiens la victoire dans le creux de ma paume. Hommes contre hommes, tu peux bien garder les autres, ils ont déjà bu mes larmes. A présent je le sais : j’ai déjà gagné.

Vendredi 26 novembre 2010 à 21:38

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Au bord du gouffre, au bord du dernier cri. Je me contenterai de jeter mon cœur à la falaise, le son cristallin du verre brisé qui rebondit contre les écueils. Je n’appelle plus, je n’en ai plus besoin. Je sais qu’elle va arriver. Elle est toutes les femmes ou peut-être aucune. J’ai bu son portrait égaré sur un mur, à présent je suis prêt pour le départ. Je laisse derrière moi cette planète brisée, elle va m’emmener, elle m’a promis. Sans doute ils me croiront mort, mais je serai avec la plus belle femme du monde. Serpent et rose, vipère et Salomé, toutes les femmes que j’ai connues lui ressemblent. Ils ont écrit qu’elle était le démon, qu’elle avait tentée Eve, sa sœur lointaine. Moi je sais ce qu’elle a fait. Il faut être un peu le diable pour être vraiment libre. Quel triste destin que d’être Dieu, condamné à voir ses enfants se détourner de soi. Tout commence par un homme et une femme, tout commence par une trahison. Voilà la triste histoire des hommes.
J’entends ses pas, sa main glisse sur mon bras, ses tresses noires et lourdes caressent mes épaules. Nous sommes prêts à partir. C’est bien le diable que d’être heureux. La société pardonne souvent aux criminels mais jamais aux rêveurs, Seth me l’avait bien dit. Le diable se réfracte en Oscar qui se réfracte en Dorian qui se réfracte en Seth qui se réfracte en Lilith. Le diable est dans les détails. Lilith est belle et cela me suffit. J’ai à mon bras la plus belle des femmes, elle est l’eau et le feu, elle est l’épine de la rose, elle me prend le bras et nous nous envolons.
Nous reviendrons, plus jeunes et beaux que jamais, car nous sommes le diable en habits du dimanche.

Vendredi 12 novembre 2010 à 23:50

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De toute façon, avec elle tout était faux. Quand ils m’ont demandé si je la connaissais, j’ai répondu non et je le pensais. Elle ne laissait rien voir d’elle-même. Elle empruntait des opinions à ses lectures, des goûts à ses amis, des impressions à des vitrines, elle se teignait les cheveux pour ne pas se ressembler. Bien sûr, nous avons fini par sortir ensemble, c’était inévitable lorsqu’on appartenait à notre cercle. A force de fréquentation, on finit par avoir des affinités, alors on jouait un peu au chat et à la souris avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. En général, c’était décevant.
Elle embrassait avec les yeux ouverts en plus, comme si elle avait peur de perdre le contrôle. Je trouvais ça désagréable.
Elle était cruelle, c’est la seule chose que je savais d’elle. Elle ne s’abandonnait à mon bras lorsque nous croisions des admirateurs, rarement en privé (elle avait mieux à faire), elle m’oubliait avec désinvolture pour flirter avec le favori d’une rivale. Alors je ne peux pas dire que j’ai été surpris lorsqu’entre mes bras elle s’est adonnée à l’asphyxie. Je crois qu’elle était prête à n’importe quoi pour qu’on s’intéresse à elle. Elle se pâmé et soudain elle n’a plus respiré. Alors je suis parti, je lui devais bien ça.

Mercredi 3 novembre 2010 à 16:32

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Qu’ai-je été en vérité, je serai bien en peine de le dire.
Pendant les vacances d’hiver, la petite ville était désertée, faute d’étudiants. Retrouver la chaleur d’un foyer, ça doit être bien, c’est sûr. Je hante les rues clairsemées, me cogne aux échoppes fermées. Au hasard des ruelles, je cherche une présence. Au fond d’une impasse un café, j’y entre comme envoutée. Quelques étudiants orphelins y sont installés, l’odeur de cannelle rivalise avec un parfum vanille bourbon. Ça sent Noël, un Noël doux-amer des laissés-pour-compte, la fièvre de la fête picote notre peau mais le cœur reste froid. Je m’installe et commande un café viennois, au fond du café une bibliothèque tapisse le mur pour ceux qui comme moi y sont venus tuer le temps par erreur. La neige commence à tomber, comme une enfant j’aimerai tracer des signes dans la buée des fenêtres mais l’air sérieux du serveur m’en dissuade. Nous nous fuyons du regard, comme si nous avions honte d’être encore là, dans cette petite ville universitaire, à la veille des fêtes hivernales, comme si c’était mal. J’attrape un livre pour me donner une contenance, je voudrais déjà partir. Jane Austen me tient compagnie pendant quelques pages, j’aurai préféré un recueil de poèmes mais je n’ai pas envie de me faire remarquer en me levant à nouveau. Je bois mon café d’un trait, j’ai besoin d’être seule. Je suis sortie presque en courant, comme une voleuse. J’avais envie d’aller voir la mer.

 
Il fait sombre déjà, la mer comme de l’encre de chine et le sable de cendres. La plage noire, l’eau agitée par une grande houle. Ici, je peux être en paix. J’ai sur moi ton mouchoir qui a gardé un peu de ton parfum, cacao/caramel sur fond de bois de cèdre. Bientôt il faudra rentrer.

Samedi 30 octobre 2010 à 17:14

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Vous savez, ces instants où rien n’a pu être dit. Les mots se pressent au bord des lèvres, en sursis, sans oser atteindre leur destinataire. Les yeux se cherchent, se fuient, s’interrogent, mais dans le silence tout semble suspendu. Des histoires comme ça on en a tous, des moments devenus brulants, des moments immobiles et tout paraît au ralenti. À un inconnu au hasard d’un croisement, l’air perdu. Figé au milieu de l’escalier, il me fixait (ce fut comme une apparition), comme s’il me confondait avec quelque muse destinée à lui montrer le chemin, comme si nous nous étions déjà rencontrés. Il y avait tant de mots dans ses yeux et je ne comprenais pas leur langage. Accaparée par une discussion, je ne pouvais lui lancer que de petits coups d’œil furtifs, interrogatifs, avant de m’éloigner. Vous savez comment c’est, ça a duré moins d’une minute. Et pourtant la marque de ses yeux, je la sentais encore tandis que je m’enfonçais dans les couloirs du métropolitain, je m’attendais presque à ce qu’il me suive ou qu’il demande mes coordonnées à mon amie restée sur le quai. C’était comme un coup de foudre manqué, comme une pierre de plus pour lester le poids des regrets, des occasions manquées. Il aurait suffit d’une phrase (« on se connait ? »), d’un mot (« oui ? ») mais je m’éloignais et l’inconnu qui m’avait dévisagée avec tant d’intensité, à m’en transpercer la chair, avait probablement disparu. Inconnu, que me voulais-tu ?

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