Samedi 12 juin 2010 à 22:53

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Au plus noir des cœurs il y a toujours cette fange épaisse, celle qu’on voudrait mettre à l’abri des regards. Toujours elle déborde, marée noire des sentiments.
La bile monte aux lèvres, cette voix qui susurre « tu ne maitrise rien » encore et encore. Je crache une salive noire, ça j’en possède encore le contrôle. Peut-être vont-ils me retirer ça aussi, ils ont bien eu le reste. La folie me protège de leur chaos, leur monde est un magma brulant qui tend ses lianes dans ma direction, parfois elles se saisissent de moi et laissent de profondes balafres sur mes bras. Avoir mal, ça je peux le faire.

Samedi 12 juin 2010 à 19:18

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Un cri pur dans la nuit. Les danaïdes tentent de couvrir l’appel de leurs chants cristallins mais il est trop tard, il résonne dans les cœurs.
Les dryades ont fui le bosquet. Il est hanté d’un mal trop ancien.
Bientôt les humains piétineront la terre, l’armée des innombrables venue répondre à l’injonction, aveugles et une seule clameur aux lèvres, un grondement sourd qui vibre dans les gorges, prêt à être délivré, prêt à dévaster.
Cet appel, c’est le vagissement de la bête qui s’éveille, le sanglot inquiet du mangeur de chairs qui attire ses adeptes.
Abreuvé par la peur, il se prend pour un dieu, il attire à lui les fous et les âmes en peine.
Ils fendent les bois à sa poursuite. Lorsqu’ils croisent son murmure entre les arbres, il les empoisonne de douces paroles filées de fiel, se distille dans leurs veines, déguste leurs âmes. Illusionniste, trompeur, il se drape de ténèbres, corrompt les sols, ne laisse derrière lui que des corps et une odeur de souffre.
N’y tenant plus, je m’élance, je vais à la rencontre de ce tricheur, de cette idole de paille, à la recherche d’un bonheur de cendres. Parce qu’il n’y a plus rien à faire.

Lundi 7 juin 2010 à 0:00

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Les lumières s’étiolent et une musique langoureuse contamine l’atmosphère. Peut-être trop de vin blanc, ma tête tourne au rythme des basses, une douce lassitude mais je voudrais tellement danser. Tu m’invites sur la piste et sans doute cela ne représente rien pour toi.
Autour les couples, autant de volutes chamarrées. Tout tourne, tout n’est qu’un éternel recommencement. Nous revoilà sur la piste de danse, cette fois c’est toi en bourreau et moi en victime, et tu ne le sais même pas. Heureuse dans tes bras, heureuse dans le noir. Tu me berces doucement, je suis en sécurité. Mon cœur tourne, cette fois c’est moi qui chavire et toi qui me retient, c’est toi qui pense que ce petit jeu malsain entre nous est fini, que nous sommes amis pour toujours et le monde tangue.
Cette année encore, une danse au goût de l’urgence, le goût du plus jamais. Ces fêtes de fin de séjour, ces bals de fin de partie, été après été l’un de nous s’effondre, à tour de rôle, c’est bien plus amusant. Et entre-temps, la vie qui s’écoule.
Un courant d’air, ce vent chargé d’embrun, je suis brulante et pourtant c’est la fin, c’est l’heure de s’éteindre. Heureuse à en mourir.
Nous allons nous séparer, et cette année encore j’oublierai la mer, surement même je t’oublierai cette fois encore.
Le monde n’en finit pas de tourner. Je me souviens de ces mots que tu avais gravés pour moi dans le sable : « I love you forever. » I love you forever.
Et comme ma tête tourne, je vais me chercher un verre de vin.

Mercredi 19 mai 2010 à 20:57

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C’était un homme à part, un homme hors du temps. Il se fanait doucement, il me disait "retiens-moi, retiens-moi" mais j’étais trop faible, trop lasse moi-même pour l’arracher à sa torpeur. Averse de SOS translucides, je préférais détourner les yeux plutôt que le voir s’éteindre. Nous étions trop semblables pour que je puisse lui permettre de se déverser en moi.
Lorsque je lui rendais visite, toujours un peu contrainte, toujours un peu coupable, je fixais la clepsydre tandis qu’il se dévoilait à mots couverts, il tentait de pénétrer mes défenses, goutte à goutte.
Il me laissait des mois sans nouvelles (je ne cherchais pas à en prendre), m’envoyait parfois des cartes postales sans message, comme pour me dire "tu vois, je suis toujours en vie". Nous étions trop semblables pour que je n’ai pas envie de le connaitre, de me confondre avec son reflet. Mais les êtres humains sont toujours décevants (il suffit d’attendre assez longtemps). Je voulais lui parler des heures, me complaire dans nos similitudes. La grâce de ne plus être seule, jamais. Mais j’étais lasse de reconnaitre en lui mes faiblesses, comme un Narcisse se penchant sur l’étang qui n’y verrait que sa propre laideur, déformée par l’onde.

Jeudi 13 mai 2010 à 10:51

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En hiver, la chaleur se conquiert au fil de l’épée. On ruse, on augmente le thermostat, mais le cœur a toujours aussi froid, alors on appuie son dos contre les rayures de fer chauffées à blanc, jusqu’à s’embraser. Dans la chambre il règne une odeur qui n’appartient qu’à l’hiver, cette senteur qui sature l’atmosphère, ténu, ce sont les effluves de l’air brûlé par le métal, combustion éthérée. Cette essence nous parvient et on se sent ragaillardi, ces exhalaisons familières au parfum de jours enfuis.
On s’y blottit car il faut bien survivre, mais cette ardeur a le goût de l’acier, on ne s’y sent pas à sa place.
On sirote une tasse fumante, on feuillette distraitement un ouvrage près du réchaud, en attendant l’été.

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