Jeudi 21 mai 2009 à 10:53

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Je suis tellement triste que cela se finisse comme ça. Mais rien ne finit rien, jamais. Les comètes ne peuvent s’éteindre qu’en brûlant de toute leur âme. Bien sûr que c’était bien mais tu dois me laisser partir. Les images défilent dans ma tête, éclats de souvenirs oubliés. Je sais que tu ne comprendras pas mais je ne veux pas gâcher ces derniers instants par le fiel noir et poisseux des mots qu’on regrettera. Il y a un croissant et quelques miettes sur la table du salon. J’ai brûlé pour toi jusqu’à la dernière goutte mais tu dois me laisser, tu l’as senti n’est-ce pas ? Tu vas me manquer. Désolée, je ne devrais pas dire ça. Sinon tu vas croire que je regrette déjà mais c’est tout le contraire. Tu es le vent noir qui a fait frissonner mes ailes. Pourquoi ne parle-t-on jamais de la douleur de celui qui s’en va ? C’est un morceau de moi que j’arrache, je suis libre.
Je voudrais claquer la porte, laisser les clefs à l’intérieur et tout cela serait enfin fini mais c’est la morsure e tes yeux, tu me retiens plus fort que mille ouragans qui déferlent sur mon cœur, pour toi j’ai fait de ma vie un désastre éblouissant. Tout ça pour quoi ? un peu de bonheur ? Mais il n’y a rien qui nous incite au bonheur ici-bas, je vois les nappes de haine sinueuses qui envahissent les trottoirs comme du macadam, du fluide de macchabés, tu n’as pas le droit de me retenir… Je suis tellement triste.
Tu vois, même lorsque je te dis adieu, je ne sais pas quoi te dire. Sans doute adieu est un mot qui se passe de chuchotements. Adieu devrait se suffire à lui-même sinon tout s’effondre sur des larmes. Je m’en vais avant de te détruire. Je suis sûre que tu peux comprendre.

Jeudi 14 mai 2009 à 21:17

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De l’eau pour nettoyer ces tâches de sang sur l’asphalte. Peut-être vais-je mourir noyée sous cette pluie diluvienne. J’avais tant besoin de ce bain sacré, et tout s’écrase en paillettes gelées, les larmes que j’ai ravalée, mes regrets et mes pêchés, ceux que j’ai assassiné et ceux qui m’ont arraché le cœur, ceux que j’use et ceux qui sont condamnés à me regarder de loin. Je fais des efforts depuis que tu m’as laissée mais qu’est-ce qu’on s’était promis dit moi ? Plus je t’observe et plus je me dis que c’était du vent, et pourtant tes yeux sur moi je voudrais croire que ce n’était pas un mensonge. Mes cheveux détrempés comme des tentacules aqueux, dans les films ils rendent ça tellement joli et moi je suis si pesante et ma tête aussi est lourde, lourde de toi, lourde de lui, j’espère que tu ne m’en veux pas (comment le saurais-je ?), mais c’est toi qui a commencé, je voudrai tellement me perdre dans le tumulte, les jeux et les plaisirs et t’y noyer tout à fait… Je voudrais tellement me pendre alors j’ai essayé de me noyer sous la pluie, sur le macadam la tendre mélopée du bonheur enfui, il est la seule chose qui me permet de sourire et pourtant mon cœur bat pour toi… Alors s’il te plaît ne me laisse pas, sauves-moi, même si c’est trop tard, même si je dois en mourir de plaisir… Qui es-tu, toi qui retournes mes sens, je ne me reconnais plus, maintenant que j’ai tout laissé sur mon chemin pour toi, tu me dis que tu veux commencer quelque chose de nouveau et ça me brise le cœur que tu t’en ailles, et qu’est-ce qu’il me reste à part des cadavres et des échardes dans la poitrine ? Ses baisers sont acides mais avec la pluie tout s’en va et le passé en miettes et le futur et son rictus narquois et tout ce qui nous blesse… Je n’entends plus l’averse. Peut-être le déluge s’est arrêté.

Dimanche 10 mai 2009 à 14:52

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C’était tellement pathétique, j’en ai encore le cœur craquelé. Il y avait ce café impersonnel, le genre usé par le temps et les douleurs, anonyme, je ne sais même plus son nom. Il y avait les larmes voilées, tu ne les as pas vues ou tu n’as pas voulu les voir. Peu importe. J’essaye de me convaincre que ces mots que tu as gravés sous mes paupières n’étaient pas des mensonges. Personne n’a envie d’entendre ça, mon histoire n’intéresse personne –pas même toi. Personne n’a envie de savoir que je meurs parce que c’est trop stupide, c’est juste un détail contingent… N’est-ce pas ? Et si je disparaissais est-ce que je te manquerai ? Vous vouliez une histoire, pas vrai ? Vous vouliez que je vous raconte quelque chose de bien, de léger et d’enlevé, quelque chose qui fasse rire. Mais bon. Je ne vais pas me laisser abattre. N’est-ce pas. Tu n’aurais pas dû me dire ça, tu aurais dû me dire toi je t’ai dans la peau encore et encore. C’est bien comme ça que les choses sont supposées se passer ? C’était bien les règles du jeu ? Il y avait ce café, toi et moi à une table et j’étais tellement heureuse de te voir. Mais ce n’est pas si simple. Et il y avait les blessures assassines. Qu’est-ce que j’étais supposée dire, qu’est-ce que j’étais supposée faire ? Pour toi tout n’est qu’un jeu mais je ne connais pas les règles. J’aurai tellement voulu être emportée par ton étreinte, soulevée de terre, asphyxiée, quelle importance ? Depuis, je reste là, je clignote, très discrètement et avec obstination, je me nourris de ton ombre et les fantômes de ces mots ténus comme une toile d’araignée. Armée de mon glaive je sème les cadavres, je ne vais pas me laisser abattre. N’est-ce pas…

Samedi 9 mai 2009 à 14:00

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On était côte à côte, la promiscuité était à son comble, j’en frissonne encore. Mon cœur battait la chamade et mes yeux chaviraient de sa présence, toute proche, je pouvais sentir sa chaleur comme un phare. C’était sûr, il allait m’embrasser, et ça c’était vraiment top. Il s’est tourné vers moi, coinçant délicatement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, quelle sensualité. Ses yeux étaient plongés dans les miens, il s’est penché vers moi, j’espérais que nos fronts n’entreraient pas en collision (c’est dire si j’étais nerveuse). Il me scrutait. Genre scientifique. Il jaugeait peut-être la marchandise.
- Tu m’as bien dit que tu étais allergique au soleil ? Très bien, je n’aurai pas à t’emmener en vacances aux Caraïbes. La Normandie suffira.
Chute de hallebardes. Voilà autre chose.
Je lui demande avec une haine à peine voilée, ça lui apprendra à réduire en échardes mon beau rêve mièvreux et romantique :
- Pourquoi la Normandie ? Qu’est-ce que tu veux qu’on aille foutre en Normandie ?
- Je ne sais pas, il y a des vaches. C’est bien les vaches non ?
Et alors, tout s’est éclairé et mon cœur s’est embrasé. Ce garçon est irrécupérable.

Mercredi 6 mai 2009 à 21:35

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Bus. Chahut urbain, un gosse turbulent. Et si je le flinguais. C’est cette angoisse qui m’étreint le ventre par surprise, qui m’accule et me plie en deux, comme un voleur. C’est le goût des plaisirs coupables. Je sais que j’avais tort, mon temps est compté. Qu’est-ce que ça peut faire ? Je vois les gens et les choses et puis le temps qui passe… je suis juste tellement triste… toi et moi, qu’est-ce qu’on avait fait de mal ? toi et moi, qu’est ce qui va nous arriver… Ma vie tombe en lambeaux comme une peau usée d’avoir trop vécue, je ne sais plus quoi faire. Pourrais-je jamais te toucher à nouveau ? Toutes les femmes sont tellement cruelles, you could be my unintended choice but now you’re gone, que me reste-t-il de toi, un vieux chiffon tordu qui se moque de moi de l’avoir trop serré contre mon sein, croyant y retrouver un instant ton étreinte… Tu as le goût des plaisirs passés, des plaisirs volés… Qu’est-ce qui peut conduire une femme à tuer ? Qu’est-ce qui peut conduire une femme à se briser ? J’ai un couteau dans ma poche, j’aime bien l’arme blanche, presser le serpent froid du métal contre une jugulaire… Je voulais changer le monde, je voulais être héroïque… Alors j’étais dans ce bus, prête à faire exploser le monde, mon petit canif dans la poche, et j’ai pensé à toi, il y avait ce gamin hurlant et ça m’a énervé, alors j’ai appuyé la lame contre la gorge et enfin il s’est arrêté. Le temps aurait pu se suspendre mais je ne sais même pas si quelqu’un s’en serait aperçu. J’aurai eu le temps de descendre le laissant se vider de son temps avant que quelqu’un ne se mette à hurler et en lui cela aurait été le monde qui crie. Je me suis demandée : why someone have to die ? et j’ai pensé à toi à nouveau, les fantômes hurlaient dans mes oreilles, ils m’appelaient alors j’ai mis mes mains sur mes oreilles et je suis tombée à genoux mais ils ne voulaient pas s’arrêter, cette angoisse dans mon ventre dans ma chair je t’appelle… Le couteau dans ma poche est comme la mortelle soie qui fait ruisseler le sang et le Tibre charrie de l’hémoglobine… Je t’appelle.
Je suis descendue du bus, je tâte ma poche, l’aspic n’y est plus, je crois que j’ai planté le gamin. Il m’ennuyait.



Personne ne m’avait dit que ce serait facile. Jamais. Je suppose qu’il y avait trop longtemps que je n’avais pas souffert. J’imagine que je n’ai plus qu’à crier que je t’aime, encore et encore. Tu finiras bien par me répondre.
 

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