Vendredi 10 octobre 2008 à 16:29

 

Ce monde sans rime ni raison m'oppresse. Tout n'est que vacuité.
Je voudrais me jeter par la fenêtre mais j'ai trop peur de faire tâche.
Comment les humains font-ils pour survivre ? Suis-je la seule à errer sans but ?
Comment peut-on se laisser happer dans les rouages de cette existence sans but ?
Tous autant que vous êtes, vous me donnez la nausée. Je voudrais tellement avoir quelqu'un à qui parler.
Un humain. Pas des animaux comme vous.
Comment pouvez-vous survivre dans ce monde décevant ? Tout est si sale... Vos yeux charrient des ordures, l'air a des relents de pourritures.
Je m'assoie au bord du lac et j'attends le monstre de Loch Ness.
Lui au moins gagne à être connu.
Chaque jour il se passe dans le monde que je côtoie malgré moi quelque chose que je ne supporte pas.
J'emmagasine dans mon ventre toute la haine que je vous porte, vous êtes tellement tordus, vous boitez parce que la décomposition vous gagne, vous aussi, vos cellules s'effondrent, elles n'en peuvent plus de vous côtoyer, vous tombez en cendres. Comme c'est risible.
Ne comptez pas sur moi pour vous plaindre, je suis occupée : j'attends le monstre du Loch Ness. Peut-être que lui pourra m'expliquer comment vous échapper.
Rendez-moi la beauté du crépuscule, la beauté de la ville endormie, épurée et calme enfin, qui n'est plus sans cesse tourmentée par ses habitants, toujours pressés, toujours quelque chose à faire, éternellement en retard, emprisonnés dans la cage en verre de leur vie absurde... Vacuité.
Mais à présent la ville ne dort jamais, ils me volent mes derniers pans d'existence, mon ultime réconfort et la beauté de la ville endormie...
Et même si je quitte ce monde, qu'est-ce que ça changera ?
Et Brocéliandre et Avalon, Babylone et le palais des illusions brisées, même le castel qui plane sur les eaux, tout cela est magnifique et inaccessible, tapis derrières les miroirs, ils s'effacent lorsque nous nous mirons, quel délice de se laisser aller au narcissisme, je ne peux plus traverser, les psychés sont des cages de verre, les royaumes oubliés me sont interdits à jamais, il n'y a plus de passage, je suis rivée à ce monde que je vomis. J'attends le monstre du Loch Ness. Peut-être y a-t-il une issue au fond des eaux, peut-être me reste-t-il au moins le monde des sirènes. Je peux vous donner ma voix, je peux vous donner mon âme, personne n'entendra jamais le chant de la sirène. Mais ne me laissez pas dans cet enfer glacé.
La seule que je veux éclater en morceaux, c'est moi-même.
Elle demandait sans cesse à ce qu'on l'emmène, mais elle ne parlait jamais de rentrer. Elle et moi aurions été heureuses.
Comment des choses aussi dérisoires peuvent-elles autant nous faire souffrir.
J'attends le monstre du Loch Ness. C'est tout ce qu'il me reste d'elle.

Delivery. Tout est si fade. Nos existences sont vaines.
Tout est souillé. Il manque Quelque Chose, cette boule au fond de mon ventre qui me ronge, il y a un vide dans mon coeur et dans mon âme. Elle aurait su. Et le monstre du Loch Ness, aussi.
Je t'en prie... Ne me prends pas ce qui me reste...

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