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C’est ainsi que faible comme le jour elle s’étiole doucement, la mousse de ses jupons ondulent dans les eaux, sa chevelure nouée naguère s’effondre, ruisselle et frôle tendrement le liquide. Elle ferme les yeux, elle oublie les lianes qui enserraient ses chevilles. Ses mouvements sont lents, paresseux, elle caresse le courant du bout de la chair, de tous petits mouvements des mains, un léger battement des pieds, elle oscille à la surface. Les algues la retiennent lorsqu’elle est sur le point de basculer. Tout est si calme. Le souffle de l’eau pure et la fraîcheur du zéphyr. Ses cheveux ont la couleur de l’érable et des reflets de feu mais l’eau les éteint, elle les dérobe jalousement aux regards, elle se nourrit avidement des flammes de ses boucles et de la rougeur de ses joues.
sa peau d’albâtre – elle ne peut paraître trop en vie dans ce paysage pastel et la transparence de son corsage…
L’horizon d’un or un peu ocre, champagne : le ciel comme une fontaine de fête. Les arbres denses, surmontés de nuages émeraude qui chancèlent au rythme du vent. Et l’eau pure, elle révèle ce qu’elle tente de dissimuler en son sein, d’un bleu presque transparent, surannée, une perfection que l’on ne peut trouver que dans une enclave dérobée aux regards, une alcôve à l’abri des hommes. Et dans cette eau claire et aérienne se berce doucement une jeune femme, aux couleurs si vives dans cette peinture épurée ; tellement dense, et sa robe de promise d’une blancheur éclatante se noie dans la beauté ineffable d’Ophélia.