J’ai tellement peur. Je sens l’haleine rauque du tueur sur ma nuque à vif chaque fois que je traverse la rue principale, je sens que c’est à moi qu’il en veut, je ne peux faire confiance à personne. Les villageois s’éteignent les uns après les autres, tout le monde a peur et personne n’ose partir. Est-ce que vous connaissez cette sensation, quoi que vous fassiez, où que vous soyez, quelque soit la personne à qui vous parlez ; rien ne peut vous distraire, vous sentez cette peur irrépressible qui bat dans vos veines, ce sentiment de danger imminent, cette menace évanescente, elle vous ordonne de fuir et vous n’avez nulle part. Personne n’ose s’en aller malgré l’angoisse ambiante, je suppose qu’ils ne savent pas trop pour quoi eux-mêmes. Je sens qu’au fond tous ces cadavres c’est juste pour se distraire, pour tenter de se maitriser, car c’est après moi qu’il en veut. J’ai tellement peur et pourtant je n’ai nulle part où aller, vraiment nulle part. Ma tante s’est installée ici avec moi il y a quelques mois : sa maison a été incendiée, il fallait attendre, on s’est dit pourquoi pas ici ? Le village était beau, au sommet d’une colline, des grands herbages. Sans être coupé du monde, on sentait une barrière entre nous et le monde, un isolement rassurant. Si nous avions su… On aurait été bien, c’est sûr, elle et moi dans ce décor bucolique de carte postale.
Les meurtres ont commencés après notre arrivée. Bien sûr, nous étions les premières suspectes mais après quelques jours en prison et les meurtres qui se perpétuaient, on a bien été obligé de nous relâcher. Heureusement qu’il y a la famille du pasteur et ses deux filles, elles sont tellement jolies, et puis il y a Vincent, je sens l’amour immense et plein de respect qu’il me porte, il me regarde avec admiration et je me blottis contre lui tandis qu’il me caresse les cheveux avec douceur, nous n’avons plu vraiment besoin de parler. C’est presque étrange, d’ailleurs. Jamais je n’aurais cru vivre une telle histoire, d’une telle intensité, en si peu de temps et étant donné les circonstances…
Un cri perçant, une cloche, c’est le signal. Un de moins sur la liste des suspects… Madame Mac Neals sort en courant de chez elle, ses sanglots se muent en cri, nul besoin de mot. Tout le monde a compris. Une victime de plus.
Parfois, je sens la présence du tueur chez nous, il reste au rez-de-chaussée, il est discret on l’entend à peine, il essaye de ne rien déplacer mais je sens toujours que quelque chose est changé le lendemain matin, pour l’instant il a toujours résisté à la tentation de monter à l’étage, pour tuer ma tante… Ou me tuer moi. D’autres n’ont pas eu cette chance… Et j’ai tellement peur…
Parfois, je sens la présence du tueur chez nous, il reste au rez-de-chaussée, il est discret on l’entend à peine, il essaye de ne rien déplacer mais je sens toujours que quelque chose est changé le lendemain matin, pour l’instant il a toujours résisté à la tentation de monter à l’étage, pour tuer ma tante… Ou me tuer moi. D’autres n’ont pas eu cette chance… Et j’ai tellement peur…
Je me rends à pas lourds à l’église, je sais que le pasteur y sera, sa fille ainée sera en train de jouer sans conviction avec l’orgue, la cadette courra vers moi à travers l’allée centrale et son père criera qu’on ne court pas dans une église, sa femme m’accueillera avec son doux sourire, ils seront tous deux, le mari et la femme, comme prostrés devant l’autel, quelque chose dans leur maintien se brisera un peu plus, comme si chaque meurtre pesait un peu plus sur leurs épaules, comme s’ils en étaient responsables.
Il fera sombre dans l’église, quelques bougies insuffisantes dispersées sur les bancs, le pasteur refusera d’allumer la lumière, une façon de recueillir j’imagine.
Devant l’église il y a toujours le cadavre de ce pauvre Jimmy, les vers commencent tout juste à rendre leur office, personne n’a eu le courage de débarrasser ce cadavre, un de plus.
Il fera sombre dans l’église, quelques bougies insuffisantes dispersées sur les bancs, le pasteur refusera d’allumer la lumière, une façon de recueillir j’imagine.
Devant l’église il y a toujours le cadavre de ce pauvre Jimmy, les vers commencent tout juste à rendre leur office, personne n’a eu le courage de débarrasser ce cadavre, un de plus.
Vincent surgit soudain, nous échangeons un sourire lasse, il me serre contre lui. Nous sommes sur le porche de l’église. Il s’efface avec galanterie pour me laisser entrer mais ses gestes sont plein de plomb, ces morts empoisonnent jusqu’à l’air que nous inspirons. J’ai peur.
Nous entrons dans l’église, le pasteur devant l’autel nous fait un signe de main plein de tristesse. Pourquoi l’allée centrale est si grande dans l’église d’un si petit village ? Il me semble que je ne cesserais jamais de marcher, cernée par les bancs, dans la pénombre je sens que le tueur pourrait surgir à tout moment d’un côté ou de l’autre.
Nous entrons dans l’église, le pasteur devant l’autel nous fait un signe de main plein de tristesse. Pourquoi l’allée centrale est si grande dans l’église d’un si petit village ? Il me semble que je ne cesserais jamais de marcher, cernée par les bancs, dans la pénombre je sens que le tueur pourrait surgir à tout moment d’un côté ou de l’autre.
Le pasteur, sa femme, Vincent et moi discutant plans d’action, je sens la présence du tueur au fond de l’église, je sens qu’il pourrait surprendre nos projets, je supplie le pasteur de daigner allumer la lumière. Les ténèbres m’assaillent, tout peut arriver dans le noir, je sens que le tueur se cache dans les ombres.
Le pasteur cède, il n’y a personne et pourtant je sens son spectre assis sur un banc, dans le fond. Vincent me tient la main et je m’y accroche à en mourir.
Le pasteur cède, il n’y a personne et pourtant je sens son spectre assis sur un banc, dans le fond. Vincent me tient la main et je m’y accroche à en mourir.
Nous finissons par sortir, main dans la main, Jimmy nous jette un œil torve. Un cadavre est un spectacle insoutenable.
Vincent m’entraîne un peu à l’écart, derrière un bouquet d’arbres une clairière à l’abri des regards, il me met à terre et nous roulons dans l’herbe en nous embrassant, un moment d’innocence volée.
Lorsqu’il s’arrête de me faire tanguer pour reprendre son souffle, je prends une grande inspiration et en me lovant contre lui je lui chuchote « Vincent, je sais que c’est toi le tueur.Je sais que tous nos plans d’action sont inutiles, je sais qu’on arrivera jamais à te coincer. Je sais que c’est toi qui a assassiné tous ces gens, et Jimmy et Mr Mac Neals tout à l’heure. Je sais aussi que tu as aimé à la passion chacune de tes victimes, je sais que c’est par amour que tu tues. Et je sais, je sais qu’un jour tu ne pourras plus te retenir et qu’alors tu me tueras. Je voulais juste que tu le saches. » et alors j’ai levé les yeux sur lui. Il n’a rien dit. Il m’a jeté un regard grave et triste. Et il m’a serrée contre lui, comme on se noie.
Vincent m’entraîne un peu à l’écart, derrière un bouquet d’arbres une clairière à l’abri des regards, il me met à terre et nous roulons dans l’herbe en nous embrassant, un moment d’innocence volée.
Lorsqu’il s’arrête de me faire tanguer pour reprendre son souffle, je prends une grande inspiration et en me lovant contre lui je lui chuchote « Vincent, je sais que c’est toi le tueur.Je sais que tous nos plans d’action sont inutiles, je sais qu’on arrivera jamais à te coincer. Je sais que c’est toi qui a assassiné tous ces gens, et Jimmy et Mr Mac Neals tout à l’heure. Je sais aussi que tu as aimé à la passion chacune de tes victimes, je sais que c’est par amour que tu tues. Et je sais, je sais qu’un jour tu ne pourras plus te retenir et qu’alors tu me tueras. Je voulais juste que tu le saches. » et alors j’ai levé les yeux sur lui. Il n’a rien dit. Il m’a jeté un regard grave et triste. Et il m’a serrée contre lui, comme on se noie.
Surtout quand ça parle d'amour.
Et la passion détruit.