C’était quand même une chouette histoire, dans le genre inévitable. Satan et moi.
Ça avait commencé avec ce prof, vous savez, celui qui devait s’installer dans le village. Le genre quand on va chercher le pain et hop on le croise avec son scalpel à la main en train d’amadouer un lézard en lui parlant d’ADN polymérase sur le bord de la route. Et le géant des collines, le genre qui oublie que c’est la Saint Valentin jusqu’à ce qu’on lui rappelle.
Je m’infiltre dans une école, histoire de dispenser la parole maléfique. Je me fais un petit coktail devant une projection sur la sécurité routière. Tôle froissée et alcool. Je regarde le géant des collines d’un air goguenard, ma vodka à la main. C’est lui qui me ramène. Je me sens passablement démoniaque de l’avoir trainé là. Il aurait dû être dispensé pour avoir loupé son permis en roulant trop lentement.
Demain il part en vacances, il trimballe la grand-mère hystérique sur 300kms sachant qu’elle est susceptible de l’agresser à tout moment parce que le camion de devant a mis son clignotant. Je trouve ça très cocasse.
Nan, j’déconne.
Bref, conclusion de l’étude : Pour la pouf la nuit est un moment très dur du jour. L’horreur : on ne voit même pas où on met ses talons. Et c’est toujours le moment où le brushing part en miettes. Rien à dire, la nuit est le cauchemar absolu de la pouf. En plus c’est toujours le soir qu’on découvre que le tube de shampoing est presque vide. Parfois elle cauchemarde même éveillées. Le pire, c’est le miroir. Ce qui ne l’empêche pas de se remaquiller à la récré de 10heures (pour limiter les dégâts ?). La pouf est donc un tube coude de WC astiqué par un maniaque de la propreté. Et nous avons été payés pour parvenir à cette conclusion. Satan existe et c’est mon meilleur ami.
À ce rythme, dans deux ans on brise la glace pour aller faire trempette l’été. Je vois bien la pouf avec un brise-glace ou poser sa serviette sur la banquise.
Un moyen de se débarrasser d’elle : tu la mets sur une plaque de la banquise. Tu la laisse dériver, deux heures plus tard la plaque a fondu. C’est bien connu, la pouf ne sait pas nager, elle barbote tout juste, les pieds un peu au bord de la piscine, une sorte de nage entre la parade sexuelle du poisson rouge et la démarche du cygne effrayé. Tout un art.
Ou mieux, tu fais sonner son portable t’imagine la torture psychologique elle le cherche partout (comprendre : elle retourne sa serviette 10 fois)et se rendant enfin compte qu’elle ne la pas sur elle, elle décide de se jeter à l’eau (inconsciemment bien sûr), oubliant momentanément que son maquillage n’est pas waterproof.
Moi au moins je peux écrire un bouquin et devenir la femme de Billy le géant des collines n’a pas le choix il doit laisser un bout de sa vie dans la mémoire de son frigo. C’est triste.
Pour avoir du réseau là-bas il faut faire un pèlerinage (dans la nuit noire, éclairage local : la Lune) et la poste entre deux champs et bien on entend des bruits bizarres dans l’herbe comme une bête qui court. Ou peut-être un rituel sataniste.
Direction l’enfer, mettez un crucifix à l’envers, il pointe toujours vers Lucifer.
Un soir, un lapin sacrificiel s’est échappé. J’ai dû arpenter les couloirs, une carotte à la main, hurlant Pruno ! Le patron s’en gausse encore (il l’avait mangé).
La photo, c'est le bungalow que j'ai réservé avec vue sur le Styx
Petit barbecue au bord du Styx, menu du jour, ange déchu fraichement péché du Styx, terroriste fraichement explosé, et pigeon farcis a la viande de rat
Bien sûr pour la lumière j'aime bien le principe de prendre des cranes d'anges avec une bougie à l'intérieur.
Se donner bonne conscience. Qui sait, des fois que le Paradis existe, je réserve ma place.