Vendredi 21 décembre 2007 à 23:32

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Adam, tu m'entends ?

Toutes ces journées passées dans la bibliothèque, adossés aux rayonnages parce qu'on n'avait pas la force de se lever, une bouteille vide qui teinte contre le plancher, et qui roule, qui roule, qui roule, un geste pour la retenir mais ce n'est pas la peine, elle est si loin déjà…
Tout mon être hurle ton absence, je relis les recueils que nous avons chuchotés ensemble, je ne m'en souviens pas mais les pages sont cornés, j'essaye de te retrouver entre les mots mais tu te dérobes, que de temps nous avons passé ensemble, perdu ensemble, je massacre quelques notes sur un piano et je crois y reconnaître ta voix, entendre tes pas, je me retourne : je suis seule.
C'est ordinaire.

Je sais bien que je devrais arrêter, mais j'essaye encore de te retrouver au fond des verres.
Je ressors, parfois, tu sais. Comme avant toi.
Mais ça me fait peur, je ne reconnais plus personne, à présent c'est moi la loque au fond du bar.
Adam, sauve-moi. Au nom de tout ce temps perdu ensemble.
C'est tout ce qu'il me reste.

 

À la réflexion, même avec lui j'étais en prison, en prison, partout des murs et des barreaux, personne ne veut me laisser m'échapper, personne, je voudrais tant capturer une bouffée d'air pur mais tout est corrompu…

Vendredi 17 août 2007 à 14:52


Nous ne sortions jamais.
Peu importe. Je n'avais besoin que de lui.
Combien de temps sommes-nous restés ainsi, à nous nourrir l'un de l'autre ?
Trop longtemps.
Puisqu'un jour… C'était inévitable, j'imagine.
Il est parti.
Adam.

(à suivre ?)

Vendredi 17 août 2007 à 14:49

Il habitait une villa gigantesque, très luxueuse. Trop spacieuse, même pour nous deux.
Je n'ai jamais su si elle lui appartenait vraiment, si on avait le droit d'être là, ou…
Ça n'avait aucune importance.

Nous aurions pu occuper chacun un ou deux étages (ce n'était pas comme si nous étions à l'étroit) et pourtant nous ne nous aventurions guère en dehors des combles.
Les poutres anciennes, l'odeur des charpentes et toutes les vieilleries entassées nous fascinaient.
Et dans un coin, un matelas pour une seule personne, à même le sol, où nous nous serions, frissonnants en dépit des couvertures, comme si tout allait disparaître, et dans un sens, c'était le cas.
Notre univers était comme instable et je crois que c'est pour ça que nous avion,s si peur.

Alors, vous pensez bien que je savais. Bien sûr que je savais. Pour la drogue.
Mais qu'est-ce que vous vouliez que je lui dise ? Je me suis trop noyée dans l'alcool pour avoir voix au chapitre.
Je suis juste un peu… triste. Parce qu'il n'est plus seul, vous comprenez.

Vendredi 17 août 2007 à 14:47


Que faisais-je dehors à cette heure tardive, ce soir-là ?
Pourquoi n'étais-je pas occupée à m'abandonner aux pulsations des baffles, à apprivoiser quelqu'un, un homme, au comptoir ou dans un hôtel miteux, et autres appartements sordides d'entrepôts désaffectés ?...

Peut-être étais trop éveillée encore, trop lucide. Peut-être n'avais pas écumé suffisamment de fonds de bouteilles. Peut-être que toutes mes « amies » avaient verrouillé leur cible, et que je n'avais pu supporter d'être seule, ce ne serait-ce qu'un instant ?

Toujours est-il que je hantais les rues, sans point d'ancrage et sans but. Je n'avais nulle part où passer mes nuits, mes poches étaient vides.
Quand à rentrer chez moi…

Ce qu'il ressentait pour moi ? Impossible de le dire.
Il était insondable. Sans doute avait-il trop l'habitude d'être seul.
Je ne sais rien de son passé, de mon histoire.
C'est à peine si j'ai pu lui arracher son nom, du bout des lèvres : Adam.
A-dam.

Mercredi 18 juillet 2007 à 11:21

Je me suis liée à des filles assez futiles, très gentilles au demeurant, le genre qui ne va en classe que pour éviter les ennuis, les parents payant le forfait téléphonique et la moitié des sorties, celles qui s'installent au dernier rang pour bavarder et se vernir les ongles, qui sortent les premières de la salle de cours pour avoir le temps de se remaquiller avant l'arrivée éventuelle d'un nouveau petit ami, ou du moins, le départ en bande de quelques lieux de perdition où on est sensé s'amuser, qui ne rentrent chez elles que tard dans la nuit, quand elles rentrent, celles dont les principaux sujets de conversations sont les derniers couples formés et les mérites comparés des différents coiffeurs qu'elles ont écumés, celles qui ne lisent jamais parce que « lire c'est chiant »…
Il est aisé de se lier d'amitié avec elles.
Il suffit de porter des vêtements de marque à la pointe de la mode, de leur prêter un eye-liner ou leur souffler les réponses d'une interrogation, de les couvrir lorsqu'elles sèchent la première heure de l'après-midi… Et c'est le début d'une relation inébranlable.

Je les ai choisi parce qu'elles étaient assez futiles pour avoir le sentiment qu'elles étaient aussi vides et insignifiantes que moi. Sauf qu'elles, elles ne semblaient pas en souffrir. Assez futiles pour s'arrêter aux apparences, pour ne pas chercher à savoir si j'allais aussi bien que le grand sourire que je rivais à mes lèvres voulait le faire croire. Assez futiles enfin pour sortir tous les soirs : mon seul réconfort à cette époque était de m'abrutir de bruit (trouvez-vous vraiment que les sons qu'ils diffusent dans les boîtes à danser s'apparentent à de la musique ?), de lumières trop vives, de mouvements hachés et de baisers aussi lacunaires que mon existence (des baisers passionnés là où il n'y avait aucune passion, des étreintes fugaces avec des inconnus).

J'avais faim, une faim dévorante. Et rien pour l'apaiser.

Je dormais le moins possible, pour oublier plus vite, je m'efforçais de suivre en cours pour me distraire, sans jamais rien comprendre, comme si je refusais de croire qu'il y eut une seule chose de sensée et logique en ce bas monde.

J'ai même aimé. Avec toute la violence que j'épargnais à mon existence aseptisée.
Vous croyez qu'il s'en souciait ?
Mais quel bonheur de se sentir vivante.

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