Samedi 22 décembre 2007 à 13:07

- Alors te voilà.
- Me voilà. Ça fait longtemps que tu m'espionnes ?
- Comme si j'avais mieux à faire.
- Je suis heureux de te revoir. Vraiment.
- Je t'ai manqué ?
- Enormément.
- Menteur.
- Menteuse toi-même.
- Non mais tu as quel âge pour dire ça ?
- Et toi ?
- Ca va avec ta femme ?
- Elle va bien et ce n'est pas ma femme.
- Oh, vraiment. Tu m'en diras tant.
- Tu n'as pas reconnu ta sœur ?
- Où ?
- Ce n'est pas ma femme, c'est ta sœur.
- Répugnant. Tu es pire que ce que je croyais. Comme l'aînée t'a échappée, tu te rabats sur la cadette ?
- Ce n'est pas ce que tu crois.
- Ca, je m'y serais attendue. Réplique préférée des amoureux qui ne savent pas comment rattraper l'irrattrapable.
- Tu ne comprends pas.
- Normal, je suis une femme.
- Tu crois vraiment que je pourrais épouser ma presque sœur ?
- Tu as bien failli en violer une autre.
- Tu sais bien que ce n'est pas la même chose.
- Oh, vraiment ?
- D'abord, elle n'est pas toi.
- De l'art d'enfoncer les portes ouvertes.
- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre.
- Tu vis avec elle, non ?
- Seulement parce que je ne peux plus vivre avec toi. Et puis elle te ressemble, même plus que ce que je pensais, son visage me réconforte.
Pour ta gouverne, nous cohabitons, mais je la vois à peine. D'ailleurs, elle ne va pas tarder à s'établir avec son petit ami.
- Qu'est-ce que ça peut bien me faire ?
- Comme si ça t'était égal.
- Parfaitement !
- Et ensuite, je n'ai pas failli te violer.
- De mieux en mieux…
- Qu'est-ce que tu crois ? Je t'aimais.
- C'est bien, ce que dis.
- Jamais je n'aurais pu te blesser. Tu le sais.
- Des mots, toujours des mots. Tu n'es qu'un menteur.
- Pourquoi fuis-tu ainsi ? Pourquoi tu te réfugies dans ce mélodrame monté de toutes pièces ? Pourquoi tu mens sans cesse ?
Qu'est-ce que tu fuis comme ça ? Expliques-moi.
- Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
- Tu le sais très bien.
- Comment va ma mère ?
- Elle allait bien lorsque j'ai pris le thé chez elle, la semaine dernière.
- Vous n'avez pas perdu cette habitude, alors ?
- Certaines choses ne changeront jamais, j'imagine.
- Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
- Après ta fugue ? Je n'ai pas tenu longtemps dans cette maison où tu n'étais pas.
- Quel beau parleur.
- Ne me croies pas si ça te chante. Toujours est-il que j'ai cassé ma tirelire et j'ai pris un appartement, seul, peu après.
- Comment elle l'a pris ?
- Ta mère ?
- Oui.
- Elle a pleuré un temps, et puis elle s'y est fait, j'imagine.
- Tu imagines. Elle te prend toujours pour son mari ?
- Je ne sais pas.
- Genre.
- Tu sais, je n‘ai pas trop envie d'y réfléchir.
Je suis tellement heureux que tu ais accepté de me rencontrer.
- C'est étrange, n'est-ce pas ?
- De se revoir ?
- Après toutes ces années…
- Je pourrais…
- Quoi ?
- T'embrasser ?
- Et puis quoi encore ?
- Ne fais pas semblant de ne pas en avoir envie.
- Je ne fais plus semblant de rien, ça a failli me coûter ma virginité. Et ma santé mentale.
- Toujours cette rengaine. Tu essayes de t'en persuader, c'est pour ça que tu répètes ça encore et encore ?
- Je veux juste que tu gardes ce « petit détail » à l'esprit lorsque tu me regardes.
- Comme si je pouvais l'oublier.
- Tu vois ! Tu abdiques !
- Tu sais bien que je n'aurais rien tenté contre ton gré.
- Ou pas.
- Tu n'aimes pas entendre la vérité, hum ?
- Où étais-tu ?
- Hum ?
- Où étais-tu, pendant toutes ces années ? Où étais-tu, lorsque j'avais besoin de toi ? Où étais-tu, toutes les fois où j'ai appelé au secours ?
Est-ce que tu étais allongé en train de chuchoter des mots d'amour à ma petite sœur ? Ou bien tu prenais le thé avec ma mère, en lui faisant du pied sous la table ?
- Tu es bête.
- Je haïs toutes ces femmes qui t'ont retenu loin de moi ! Mais je te hais encore plus de les avoir laisser faire ! C'est ta faute, tu m'entends ?!? C'est ta faute !
- Comme si je t'avais promis quelque chose. Comme si c'était moi qui étais partie.
- Tu n'as donc rien compris, n'est-ce pas ?

Vendredi 23 novembre 2007 à 23:15

Je te regarde et je me dis que tu es vraiment désespérée.
Tu bois ton café à petites lampées, les yeux rivés sur la porte, tes gestes sont brusques, tu es tendue, comme un ressort pret à jaillir. Malgré toutes ces années, tu n'es encore qu'une biche apeurée, sur le point de fuir.
Ma pauvre fille. Tu en fais trop.

Tu essayes de me convaincre de ta grande douleur, de cet immense traumatisme.
Je ne te crois pas. Mais je t'aime encore, tu sais.

Jeudi 1er novembre 2007 à 17:09

Et ce qui devait arriver arriva.
Ma mère commençait à te faire des crises de jalousies qu'elle dissimulait mal sous le couvert de la plaisanterie, elle vidait de plus en plus de verres et tu t'en occupais de moi en moins, préférant « m'aider à faire mes devoirs » ou à vaquer à tes occupations, tout simplement.
Bien que détachée de la réalité, habitant son rêve en compagnie de son fils-amant, elle sentait bien que tu te détachais d'elle, que tu t'éloignais, fissurant le ciel azur de sa chimère.

Tu sais ce qui me frappe, à présent ?
C'est qu'au fond, nous n'avons jamais communiqué, toi et moi.
Malgré tout ce temps passé ensemble, malgré cette attirance réciproque, peut-être même cet amour, malgré cette situation surréaliste, nous n'avons jamais abordé nos sentiments, ceux qui comptent, jamais nous n'avons mis à plat l'essentiel, nos échanges n'ont jamais vraiment dépassé le babillage ordinaire que tu me débitais matin et soir et pourtant, j'aurai tant eu à te confier…

C'est pour ça que je te dis tout ça, maintenant, Guillaume, tu comprends ?
Je sais qu'il est trop tard, peut-être même as-tu relégué toutes ces vieilleries au fin fond de ta mémoire.
Mais je voulais rattraper le temps perdu. Je voulais que tu saches.

Ce souvenir est marqué dans ma mémoire au fer rouge.
Ecoute. Tout se tait. Rien ne trouble ce calme inhabituel. Ni cris d'enfants ni vrombissement de moteur venu du dehors.
Le pavillon est vide, il n'y a que toi et moi.
Je suis dans le salon, je profite que Maman ne soit pas là pour me gronder pour me jucher sur la table haute, adossée au mur, dédaignant les chaises et le canapé, j'ai un livre à la main, peut-être une pomme dans l'autre.
Le salon désert borde mon ouvrage, tout est blanc, je m'arrache du monde réel.
Lorsque soudain une silhouette se découpe dans la pièce vide, se plaçant entre la lumière du dehors et moi.
Je lève les yeux, sans doute mon cœur fait-il un bond, comme souvent, c'est sans importance.
Il y a dans ton œil un éclat que je ne connais pas.
Qualifier ton regard de carnassier, ou de lubrique, serait sans doute un peu exagéré, et pourtant tu ne saurais nier qu'il y avait de cela dans tes prunelles.
Tu avances lentement vers moi, mes yeux sont hypnotisés par les tiens, je pourrais songer à un prédateur qui tourne autour de sa proie, je n'y pense pas.
Tu ne dis rien, les mots sont inutiles, tes gestes équivoques. Aucune ambiguïté possible.
J'ai peur et je suis rassurée, parce que c'est toi.
Le moment tant attendu est là, au creux de ma main.

Assez jeune pour que ce soit immoral, pour ne pas tout saisir, assez vieille pour sentir que c'est mal, sentir mon cœur tambouriner dans ma poitrine, pour en avoir confusément envie.
Je sais ce qui va se passer, mon instinct me le souffle, mais je ne sais pas, ma tête ne comprend plus, j'ai envie et non à la fois, c'est la danse du torero, les prémices du viol d'une victime consentante, une relation incestueuse entre deux individus sans liens de parenté.
Je suis perdue.
Ces gestes, ces yeux, la machine est en marche, elle s'affole, elle s'emballe, le temps se précipite, tu marches lentement vers moi, inexorablement la distance se réduit, tu as l'air si doux et un peu âpre, je ne sais déchiffrer ton regard, ton attitude, qu'est-ce que tu attends de moi, tout bascule une fois encore, je hurle non et je m'enfuis, pourtant je voulais. Tu me suis peut-être mais tu es si lent, est-ce que tu es vraiment toi-même en cet instant, ou non, je me barricade dans ma chambre. Tu ne cherches pas à entrer, ni même à me parler à travers le battant, je ne sais même pas si tu vraiment là, il me semble déceler ta présence menaçante et bienveillante derrière la porte, entendre ta respiration hachée et sifflante, et peut-être que je rêve.
Maman rentre avec mon frère et ma sœur, je me sens sauvée, je ne t'entends pas t'enfuir.

Quelques jours passés à t'éviter, à t'échapper, à me cacher derrière ma mère. Je ne saurais dire si tu cherches ma présence, si tes intentions à mon égard sont bonnes ou mauvaises, si c'est encore comme avant ou si tout est changé.

N'y tenant plus, j'ai fuis, la rue est devenue mon nouveau foyer, ma mère n'a jamais cherché à me retrouver, à ma connaissance, tu n'as jamais tenté de prendre de mes nouvelles.
Je ne saurais dire si c'est une bonne ou une mauvaise chose.

Celle que je suis devenue est sans intérêt, sache juste que je viens, les interrogations que je soulève sur cette bande magnétique n'exigent pas de réponses, peut-être ton point de vue même n'appelle pas à être exposé.
Je voulais seulement rendre justice à cette fillette de douze-treize ans, peut-être quatorze, qui t'a aimé. Qui n'a jamais cessé de t'aimer.

Si tu veux me retrouver, je t'attends, si tu parviens à retrouver ma trace, mais je n'y crois pas vraiment.
Adieu, Guillaume. Maintenant tu sais.

Jeudi 1er novembre 2007 à 16:29

Je ne sais à quel moment les regards ont changé.
Tu continuais à m'accompagner à l'école, tu continuais à me parler et tenter de me faire rire, à défaut de me faire parler, tu continuais à écouter ma mère te conter ses malheurs en vidant une bouteille de vin rouge à elle seule.
Et pourtant…

Je t'aimais comme peut aimer une gamine de treize ans, avec passion et irréalité, détachement, tu étais comme le compagnon de ma mère, mon père par extension, et en même temps tu ne l'étais pas vraiment, tu ne pouvais pas l'être, tout cela était tellement compliqué…
Je sentais qu'il y avait quelque chose qui clochait, comme quand ma mère, ivre morte, se pendait à ton cou en répétant « je t'aime, Guillaume, je t'aime très fort… », que tu la portais jusqu'à son lit sur lequel elle s'effondrait et qu'elle exigeait que tu le partages avec elle pour la « protéger des monstres », et que toi, tu restais éveiller la nuit entière à lui caresser la main, assis sur le bord du matelas, tandis qu'elle se débattait avec ses songes.
Tout cela n'était pas normal, n'est-ce pas ?

Et puis les regards se sont métamorphosés.
Je ne t'apprends rien en te disant que je devenais une femme, ça tu t'en étais aperçu avant même que je ne réalise ce qui m'arrivait.
C'était des regards appuyés lorsque nous nous croisions, au hasard des couloirs, des regards à table, où tu ne prêtais presque plus attention à ton assiette, et ma mère de répéter « tu m'écoutes Guillaume ? Tu m'écoutes ? », des regards et de longs silences dans le bus, et que sais-je encore, jour après jour.
Peut-être n'en étais-tu même pas conscient. Au début.

Et puis, il y a eu les gestes.
Des ces gestes qui nous échappent.
Cette façon de prendre pour prétexte de me recoiffer pour effleurer mes cheveux, mes tempes. De rajuster mes vêtements, d'attarder tes mains un instant de trop. Ces étreintes spontanées, à tout propos, ces baisers appuyés. De me prendre le bras pour capter mon attention, me retenir.
Cette manie de se coller tout contre moi pour lire par-dessus mon épaule, voir ce que je fais. D'entrer dans ma chambre ou dans la salle de bain à l'improviste.

Etais-tu conscient du trouble que tu suscitais en moi alors ?
Sans doute n'étais-je pas bonne comédienne, à l'époque, et mes émotions devaient transpirer des pores de ma peau.
Et pourtant, il n'est pas impossible que tu n'ai pas réalisé, car d'emblée tu avais établi ce rapport de forces entre nous : tu dirigeais, je n'étais que quantité négligeable. Inconsciemment, tu ne me considérais pas totalement comme un individu à part entière, à cause des quelques années qui nous séparent.
Je n'entends pas que tu me considérais comme inférieur. Non, tu étais trop « noble » pour ça.
Et pourtant.
Peut-être qu'au fond de toi, en tant que pseudo-grand-frère, tu pensais que mes pensées s'aligneraient naturellement sur les tiennes, question d'autorité.
Comme si je t'avais attendu pour t'aimer.

Jeudi 1er novembre 2007 à 16:01

Ces durs efforts étaient systématiquement récompensés par une tasse de thé trop fort, quelques biscuits et des piécettes dans la soucoupe.
Et toi de t'exclamer « Oh non Madame ! Pas cette fois ! C'est trop, vous n'auriez pas dû !... », ma mère d'insister, toi de surenchérir jusqu'à ce que ma mère te supplie presque d'accepter ton salaire dérisoire.
Puis le rituel de la tasse de thé est devenu une habitude, ma mère t'invitant de plus en plus souvent, comme ça, sans raison, jusqu'à devenir quotidien.

Pourquoi ne refusais-tu pas.
À ton âge, tu devais avoir mille choses plus passionnantes à faire qu'écouter le caquetage d'une mère célibataire en mal d'affection…
Je ne le saurai sans doute jamais…

Je n'osais me joindre à vous, je t'observais par l'embrasure de la porte de ma chambre, souvent tu t'en apercevais et tu m'offrais un sourire, un sourire bienveillant et plein de chaleur. Je battais en retraite.

Ma mère s'inquiétait de me voir prendre le bus matin et soir, seule, elle t'a enjoint de « veiller sur moi » durant ce long périple, périlleuse mission qu'elle te confia comme un « service personnel ».
Ainsi, cinq jours par semaine, tu as consentis à faire un détour pour me conduire jusqu'à l'entrée du collège et à me raccompagner.
T'étais-je sympathique ? Échafaudais-tu déjà des plans ?
Comment savoir ?
Toujours es-tu que tu consentis à la corvée de bonne grâce, je ne t'ai jamais entendu t'en plaindre.
Quand à moi, je n'avais pas eu mon mot à dire sur cette mesure, dont je n'étais ni contente ni hostile. J'étais curieuse de connaître celui avec qui ma mère passait tant de temps, mais j'étais bien trop intimidée pour t'approcher.

Je garde de ces premiers trajets un souvenir très flou.
Tu essayais de me faire parler, je ne desserrais pas les dents.
Tu me parlais non pas comme une gamine, mais comme un être humain doué de raison, je t'en ai toujours été grée.
C'est bien ton genre d'être soucieux d'autrui, j'ai toujours apprécié ça chez toi.
Malgré tout, je te tournais le dos, ostensiblement, pour que tu comprennes qu'on ne m'apprivoisait pas si facilement.
Tu ne te découragea pas et tu parlais à mon dos, tu parlais pour deux, tu parlais de toi, de tes petits déboires scolaires, peut-être même sentimentaux, de tes profs, de l'avenir, d'une hypothétique sortie tous les cinq, ma mère, Mattéo et Anna, toi et moi, des vacances, tout cela n'était qu'une vague mélopée enivrante, tu me noyais sous les mots, je ne saisissais pas la totalité de tes propos mais j'aimais t'écouter, même si ma fierté de gosse ne me permettait pas de le montrer.
Avec le temps, j'imagine que j'ai fini par daigner te faire face, sans rien dire, ma timidité mal camouflée derrière un masque de prétendue indifférence.
Et tu n'étais pas dupe, n'est-ce pas.

Tout se mélangeait… Tu étais mon premier amour, le père qui m'accompagnait au collège, l'Idole, le grand frère que je n'avais jamais eu, l'Inaccessible, le meilleur ami du frère que j'aurai pu avoir, lointain et tellement proche, le voisin, l'ami de la famille…
Je ne savais pas très bien qui tu étais. Sans doute je ne savais pas très bien qui j'étais non plus.

Et le monde se renversa une première fois.
Ma mère s'est prise d'une envie de luxe, elle voulait vivre dans une maison, laissant derrière elle le petit appartement miteux où nous nous entassions, la cage d'escalier qui sentait l'urine et les voisins qui hurlent jusqu'à l'aube.
Et ce n'était pas tout. Tu venais avec nous.
Peut-être ne savait-elle elle non plus très bien où elle en était.
Qui étais-tu pour elle, alors ? Juste le frère de la voisine ? Sa meilleure amie, son confident ? Son psy ? Le fils qu'elle aurait pu avoir ? Son amant platonique ?
Peu importe, car déjà ta vie n'était plus dissociable de la nôtre, de ton gré ou non.

Ma mère croyait que ce nouvel environnement nous aiderait (l'aiderait elle, à vrai dire) à repartir sur des bases neuves, des bases solides, mais elle ne réalisait pas à quel point les fondations de cette existence étaient meubles : un adulte en mal de repères, trois enfants déracinés, un intrus.
Inconsciemment, je crois qu'elle recomposait le schéma familial brisé en effaçant le spectre de l'absent par ta présence, te chargeant, toi l'adolescent arrivé là un peu par hasard, du rôle du mari, du père, de l'homme.
Mais tu le savais, n'est-ce pas ? Tu t'en rendais bien compte.
Tu étais assez intelligent pour ça.

Etait-il normal qu'un mineur quitte son domicile, même celui de sa sœur, pour s'installer avec une femme divorcée et ses trois enfants, des étrangers…
Personne dans l'immeuble ne réagit ouvertement.
Pourquoi étais-je la seule à trouver ça étrange ?

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