Dimanche 23 mai 2010 à 12:56

http://melancholic.cowblog.fr/images/TimBurton8.jpg

L’horrible vérité m’a rattrapée. Je ne me rappelle pas avoir été enfant mais au moins, je cultivais une forme d’innocence sous forme d’idées fausses. Mais elles finissent toujours par nous être arraché, avec le sadisme d’un enfant qui arrache les ailes de papillons.
Un nouveau pas a été franchit : je ne crois plus en l’absolu, une loi pour résumer l’univers, un rejet en bloc du monde social (même s’il me révolte).
À vrai dire, je ne crois pas qu’on puisse atteindre une parole vraie.
Tout n’est que limites, rectification, les faits sont plus complexes qu’ils n’en ont l’air à première vue, ni-blanc-ni-noir, relativisme, correction, question de référentiel. On peut dire tout et son contraire, ce n’est qu’un point de vue.
Je deviens perméable, déformable, prête à accepter les discours apaisants.
L’information à laquelle on a accès est trop superficielle/imprécise/biaisée pour qu’on puisse produire un discours vrai et même Descartes est insuffisant car la faille de tout raisonnement, ce sont les hypothèses de départ.
Je me noie dans le flou.

Dimanche 20 septembre 2009 à 0:37

http://melancholic.cowblog.fr/images/10101.jpg

Il m’a toujours paru de la première importance de se réaliser en tant qu’être humain, quoi que cela puisse signifier. Vous en avez peut-être rencontré, des êtres qui irradient. Je ne saurai les définir, mais on se sent grandir, mystérieusement touché à leur contact. Voilà comment je les vois : en paix avec eux-mêmes,  ayant radiés leurs démons ; profondément libres et affranchis des conventions, et des regards. Débordants d’amour. Cultivés, car je n’imagine pas qu’on puisse se réaliser en tant qu’être humain sans se frotter à l’art, au monde, aux sciences – le meilleur. Mais c’est sans doute faire preuve d’ethnocentrisme de ma part. Comment arrivent-ils à s’élever ainsi au dessus du genre humain ? Peut-être par une psychanalyse (…), par un travail sur eux-mêmes en tous cas, peut-être les bonnes vieilles recettes : faire des efforts, faire preuve de maturité, prendre du recul, méditer, réaliser ses rêves, donner le meilleur de soi-même.
Dans mon esprit, se réaliser en tant qu’être humain est intimement lié au fait d’être une personne intéressante, quelqu’un de passionnant à écouter, qui respire l’intelligence et la sagesse, qui a toujours une anecdote, quelque chose de captivant et de fin et de pertinent à dire. Quelqu’un nous fait à la fois nous sentir sage par ce qu’il nous enseigne et tellement petit.
C’est le genre de personne que je rêve de fréquenter. Et de devenir.
Cela peut sans doute paraître paradoxal, pour quelqu’un qui ne veut  plus sortir de chez lui et qui refuse tout contact avec le monde extérieur. Car je doute que je puisse devenir ce genre de personnes sans émulation. Mais sans doute ai-je été trop dégoutée par les hommes, ceux qui s’avachissent dans leur médiocrité, qui se laisse gaiement aller aux facilités de la société de consommation et que sais-je encore, et du plaisir comme seule loi. Je suis lasse de ne point rencontrer ces êtres supérieurs (comme si je le méritais, comme si j’étais à la hauteur).
Mais au moins ici j’ai le temps de lire, de me renseigner, de penser (que faire d’autre ?), de tenter de ne pas céder à la facilité des distractions de l’infini de la Toile, qui vous capte et vous dévore. Profiter de la facilité d’Internet à relier les personnes. Espérer rencontrer des gens proches de mon idéal.
Enfin je ne suis plus seule. Je ne peux quitter le studio, je n’ai besoin de rien.
Bien sûr, rien ne remplace l’émulation du discours oral. Mais ces entretiens virtuels, c’est mieux que rien. J’essaye dans la retraite de me forger en tant qu’humaine. Lorsque je serai assez forte, je sortirai de mon cocon et irai affronter mes propres expériences.
Au fond, je ne crois pas qu’on naisse homme. On peut très bien naître homo sapiens et rester à un stade indéterminé entre l’orang outang ou  le bipède. On devient homme à la force du poignet. Comme tout le reste.

Lundi 17 août 2009 à 22:33

Comme si tous les efforts que l’on avait fait jusqu’à présent, les « innovations technologiques » n’avaient que pour but d’annihiler en nous toute tentative de l’effort lui-même. Facilité et paresse, notre siècle en deux mots. Est-ce mal ? L’effort est-il réellement préférable à la facilité ouatée de notre quotidien lyophilisé, où le monde obéit en un bouton ? Ou le culte de la difficulté n’est que le reflet d’un temps perdu ?
Il faut toujours se méfier des valeurs, de tous ces apparents lieux communs qu’on nous inculque. On est généralement trop bien éduqué, trop bien formaté, trop bien rigidifié, pour être capable de prendre un recul réel par rapport à elles. Comment savoir si la morale harmonisée sur les battements de notre cœur vise à défendre le Bon en soi ou les intérêts particuliers de certains, camouflés sous un vernis de bien collectif ? Comment être Persan ?
Le culte de la facilité et de la stupidité de consommation est-elle un mal propre à notre siècle ?

Et si l’Humanité avait atteint un nouveau stade de sa longue trajectoire. Elle a atteint un niveau de confort suffisant pour se payer le luxe de ne plus le faire progresser en qualité, mais en quantité, afin que chacun sur cette Terre ait accès à la consommation et à la quiétude douillette de l’oisiveté et de la bêtise.
Mais il faut bien que quelqu’un œuvre pour cette contagion, car rien ne peut être construit sans entraînement, sans douleur.

L’Humanité a-t-elle globalement régressée en tant que richesse humaine. En ce qui me concerne, une certitude. Nous sommes loin d’avoir progressé.

Samedi 16 mai 2009 à 21:23

http://melancholic.cowblog.fr/images/LaCrise.jpg

Dehors c’est la crise, les graphiques s’effondrent, les gens hurlent, se font licencier ou ruiner. Ça ne change rien pour moi. Le monde extérieur ne m’atteint pas. De toute façon, tout est transitoire, à la crise succédera un redressement, à la croissance succédera la récession, ce n’est qu’une question de patience.
Les gouvernements débattent sur les moyens de sauver les meubles, histoire d’être les sauveurs de leurs nations respectives afin d’être réélus, comme si leur intervention allait changer la face du monde. Les choses finiront bien par se réguler seules, c’est bien comme ça que ça se passe, non ? C’était juste de l’argent virtuel qui a disparu. Dommage que les conséquences soient réelles.
Alors les gens manifestent, font la grève pour que Dieu maintienne leur pouvoir d’achat. C’est sûr qu’interrompre le processus productif est le meilleur moyen de relancer l’économie. Préserver leur pouvoir d’achat, avec quel argent ? En faisant jouer la place à billets ? En augmentant artificiellement les salaires, augmentation qui sera répercutée sur les prix, engageant une spirale inflationniste stérile : pourquoi faire ? Qu’est-ce qu’ils espèrent au juste ?
Pour moi cette crise est l’illustration de l’artificialité croissante de l’économie, de nos vies.
Alors les gens veulent des solutions, ils manifestent pour qu’on les sauve. Plus les techniques progressent plus tout va si vite, on traverse la moitié du globe en quelques heures, les informations circulent de câble en câble à la vitesse de la lumière, toujours plus vite, le monde nous obéit en un seul clic, on s’habitue à l’instantané, à assoir son autorité par la pression d’un seul bouton, on ne fait plus le moindre effort, tout va si vite, tout est si simple et si confortable. Les paysans attendaient l’été pour moissonner leurs champs. Nous, nous sommes dans l’air de l’immédiateté.
Les choses doivent être rapides, les résultats se traduire en chiffres juste après. On juge une politique sur ses effets immédiats, le chef politique ne cherche pas à construire l’avenir à longs termes mais celui de sa campagne électorale.
vivre à court terme, c’est sentir les bénéfices immédiatement, repousser les coûts à plus tard. Investir sur l’avenir, c’est ressentir directement les coûts pour un avantage différé. Alors pourquoi attendre ? Alors nous commandons une tartelette à la fraise alors qu’on s’était promis de faire un régime, on craque pour ce superbe sac alors qu’on s’était promis de faire des économies, et demain je me mets au sport, j’arrête de fumer et je me mets à travailler sérieusement pour mes partiels. Et je manifeste pour qu’on maintienne, je ne sais comment, mon pouvoir d’achat. Humains, trop humains.
Parce que c’est sûr, si nos techniques sont toujours plus performantes, si nous appréhendons toujours avec plus d’acuité le monde qui nous entoure grâce aux progrès des sciences, avons-nous progressés en tant qu’humains ?
La planète se désagrège, les puissances industrialisées laissent les populations du Sud crever de faim et les gouvernements corrompus empocher les aides destinées à leurs peuples et s’acheter de superbes châteaux en Espagne, des enfants crèvent de coudre des ballons qui seront revendu à prix d’or à cause du logo orné dessus et tout le monde s’en fout.
On court après le profit immédiat, notre vie est réglée comme une horloge dénudée, des rendez-vous, un planning plein à ras-bord et le tic-tac rythme nos vies, avons-nous progressé en tant qu’êtres humains ? Gardons-nous l’essentiel en ligne de mire, ne nous sommes-nous pas perdu dans le faste et le confort un peu facile de nos sociétés de consommation, où tout est à portée de porte-monnaie ? Ou au contraire…

Samedi 16 mai 2009 à 16:02

 
http://melancholic.cowblog.fr/images/thewrongwayhomebyPrettyAsAPicture.jpg

Tapage diurne. Encore des gens qui expriment leur mécontentement à coups de banderoles et de chants de guerre, eux seuls savent pourquoi. Ou peut-être pas.
Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez nous ? On élit un leader, il semble le seul capable de redresser un peu le marasme et dès qu’il tente une réforme on lui saute à la gorge. Comme si on avait tellement peur du changement qu’on préfère les gravas d’aujourd’hui aux travaux de terrassements.
C’est tellement stupide. Comment évoluer si on ne prend pas de risque ? Bien sûr que la situation pourrait être pire, mais vu l’état des lieux, ça vaut le coup d’essayer.
Prenons l’école, par exemple.
La gloire de la République et le flambeau de la nation des Lumières et des droits de l’Homme. En crise.
Et le baccalauréat passe encore pour un diplôme de valeur, n’importe qui peut l’avoir avec un peu de doigté et en écoutant vaguement les cours. Nul besoin de réel travail.
Vous gobez béatement la pilule de la démocratisation scolaire mais c’est une énorme plaisanterie. Un enfant issu des classes populaires n’a tout simplement pas les ressources dans son milieu familial pour être bon. Il n’y a pas égalité des chances.
Bien sûr qu’il faut donner leurs chances aux enfants naturellement intelligents, naturellement doués, bien sûr qu’ils doivent avoir droit à l’école, sans quoi l’ascenseur social serait définitivement en panne.  Mais la façon dont l’école est conçue fait que la réussite des enfants des classes populaires est compromise d’emblée. Alors c’est stupide de faire miroiter l’espoir d’une méritocratie idyllique. Le collège unique est une illusion totale.
Tout le monde n’est pas fait pour des études livresques. Tout le monde n’est pas fait pour faire les mêmes études.
C’est quand même un scandale, certains passent leur vie à s’ennuyer sur les bancs de l’école faute d’être stimulés, d’autres passent de classe en classe parce que personne n’a le courage de les faire redoubler ou de les réorienter parce que c’est trop tard. À force de vouloir démocratiser les études on les aligne sur les plus faibles et il y en a quand même qui restent à la traîne. Tout le monde le sait alors pourquoi personne ne fait rien ?
C’est tellement ridicule, pourquoi personne ne veut admettre qu’on ne peut classer les gens sur une seule et même échelle de hiérarchie où tout le monde pourrait se mouvoir gracieusement à l’aune seule du travail qu’il produit ?
Tout ça parce qu’on fond on a peur d’une hiérarchisation des talents.
Après, bien sûr, il y a le problème de la détection de ces talents. Comment mettre en place des tests efficaces qui ne se transforment pas en batterie d’examens où est exigée une performance, que l’on prépare pour booster ses résultats, qui soit le reflet d’une réalité intemporelle et non d’une conjecture (fatigue, stress…) ? Comment ne pas faire d’un simple test d’orientation une gigantesque entreprise de catégorisation, à la façon du Meilleur des mondes (Huxley), du Destin de Linus Hoppe (Bondoux) ou encore du Vent du feu (Nicholson) ?...
Mais la situation actuelle est un scandale de gâchis et de frustrations. Il ne peut y avoir une école unique pour tous.
Je n’étais pas bien à l’école, j’ai passé ma vie à attendre, pleine de lassitude, j’ai fini par devenir transparente faute de stimulation, jusqu’à ce que je devienne aussi bête que les autres, jusqu’à finir parfaitement mutilée. Et maintenant, c’est trop tard.
Tout le monde voit bien que la situation est loin d’être optimale. Alors pourquoi personne ne veut rien faire ? Pourquoi se battre pour des cendres ?

<< I'm Darkness | 1 | I'm Sin >>

Créer un podcast