Jeudi 29 avril 2010 à 17:53

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Désormais, j’étais toujours mal à l’aise en sa présence, car elle était pour moi une totale étrangère aux traits familiers. J’avais oublié qui elle était ou peut-être l’avait-elle oublié elle-même.
Elle souriait, me prenait le bras… elle était tellement avenante, elle n’avait pas grandi, elle était toujours la jeune fille vive et bavarde que j’avais fréquentée, je n’avais qu’à l’écouter et à tenir mon rang.
Mais quelque chose clochait, mon cœur martelait mes os, me hurlant de me faire la belle, de fuir d’une pirouette avant qu’elle ne me démasque, car au fond peut-être qu’elle ne s’était pas métamorphosée, peut-être que c’était juste moi qui avait bifurqué. Je m’étais consciencieusement taillée un domino givré, des pages de papier glacé et des clichés usés comme seule compagnie, ravie de me suffire enfin à moi-même. Je m'étais acharnée, méticuleusement, à jeter dans un bûcher tous ceux qui ne me semblaient pas indispensables, cultivant leurs cendres dans une cassette laquée de bois vernis. J’étais lasse d’être enchantée, je m’étais offerte aux flammes pour la grâce de ne plus avoir à être.
Et pourtant je la jugeais coupable, la traîtresse, la déserteuse, le parjure, elle avait annulé nos rares entrevues, méthodiquement, elle avait embrasé la mèche de nos chaînes, je restais des mois sans nouvelles sans que cela ne semble lui peser, sans qu’elle ne semble ne s’en rendre compte, elle ne savait plus rien de moi, de qui diable je pouvais être, mais qu’est-ce que ça pouvait faire, tant qu’elle pouvait me prendre le bras, jouer au simulacre, se raconter nos vies distendues faute de partager autre chose que des souvenirs cendrés, hurler de rire pour couvrir nos larmes.
Je crois qu’on s’est juste perdues au détour d’un chemin.

Lundi 10 août 2009 à 21:40

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Le temps avait passé mais certaines choses sont inaltérables. Deux petites vieilles dans un appartement au 7ème étage. Leurs enfants insistent pour qu’elles déménagent dans un endroit plus pratique, plus accessible, plus aéré ; au lieu de se tasser dans les combles. Elles leur ont rit au nez. Leurs familles se sentaient toujours gênés lorsqu’elles étaient ensemble, comment ne pas se sentir de trop ?
-          Nana devine quoi ? I y a un groupe de soutien à Billy Krauvitz, histoire qu’il ne vive pas trop mal sa calvitie.
-          Tu veux dire qu’il est encore vivant ? Trois mois sans scandale, je pensais qu’il était enfin trépassé.
-          Si tu veux mon avis, sa vie ne tient qu’à un bistouri. Mais dès qu’il collera sur sa tête les scalps de lion de sa jeunesse, il reprendra du poil de la bête et renaitra de ses cendres tel le phœnix post-peeling.
Rire chaleureux, complice. Quand elles étaient ensemble, rien ne semblait avoir changé, les rides qui caressaient leurs visages s’estompaient.
Sans doute personne ne comprendrait cette tocade, réaliser ce rêve d’ado, s’installer toutes les deux. Qui a besoin d’une famille lorsqu’on a une moitié ?
À présent, elles étaient l’une à l’autre, partageant cette intimité, cette brisé d’été (rafraichissante et enveloppante, comme de la soie). Elles resteraient appart’ 707. Jusqu’à ce qu’elles aient une meilleure idée.

Samedi 2 mai 2009 à 16:28

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Pardon, Nana. Je t'ai négligée. C'est vrai que tu as Ren, tu as ta carrière, c'est vrai que je me suis laissée emprisonnée dans ce château loin de toi, loin de tout. L'appart me manque, et son odeur de tabac froid, la lumière du soleil le matin, par la fenêtre de la cuisine, ta lumière à toi, me manquent. Je voudrais encore t'entendre chanter, ça me manque si tu savais, et ton rire...

À présent je suis libre, les cordes tombent. Libre de me jeter à corps perdus dans d'autres bras. Le fil rouge. Ca ira mieux lorsque tu seras revenue de ta tournée... l'idée d'être loin de toi me brûle la peau. Ca ira mieux lorsqu'on aura du temps pour nous. De toute façon je t'aime toujours aussi fort.

Nana, je brûle, c'est le fil rouge, comme un hameçon dans ma poitrine. Il est comme le soleil qui enflamme mes nuits. Qu'y puis-je ? Il enflamme mes paupières.

Je brûle de te retrouver, tu me manques tant... Tu es magnifique.

Mercredi 2 juillet 2008 à 21:25

Un appartement, tout grand, tout blanc.
C'est plein de promesse, un nouveau logement.
Les grands murs vides appellent à se qu'on les couvre de soi. Mais c'est toujours un peu triste de les couvrir seul.
Cartons plein de bouts de passé, tout ce qu'on a pas eu la force de laisser derrière soi.

Nouveau foyer. Nouvelle école. Nouvelles fréquentations, nouvelles habitudes… Nouvelle vie.
Trancher. Tourner la page.
Oublier tout ce qu'on a laissé de déplaisant. Ne plus penser au reste et à tous ceux qui nous ont abandonné…
Jeter ce qui traînait, couper ce qui dépassait.
Une nouvelle vie lisse et bien rangée. Ecoeurante et aseptisée.

Il manque quelque chose. Il manque quelqu'un.
Je ne suis pas sûre de réussir ça sans toi.

 

Je couvrirais le papier peint de ton image, j'écouterai la musique que tu aimes et la bibliothèque débordera de livres que tu voudrais dévorer.
Il y aura toujours un couvert dressé à ton intention, il y aura toujours un lit pour toi à côté du mien.
Et dans le salon, la mer attendra que tu la regardes.

Alors je t'en prie, ne me laisse pas.
Dans le grand appartement tout blanc, j'ai si froid.
Ne me laisse pas. Promets-le moi.

Vendredi 18 avril 2008 à 23:17

Les lumières des réverbères inondent le salon de l'appart' 707, le jour est sans doute en train de poindre, quelque part.
Bientôt l'été, je sens que le temps file, l'indolence s'étiole. C'est triste, non ? Je n'ai jamais demandée à devenir adulte, moi. Jamais.

Je ne parviens pas à dormir.
Je fume une cigarette volée à la fenêtre, je me sens comme une môme qui fait l'école buissonnière. Une môme qui fait une grosse bêtise.
Nobu me gronderait s'il savait.

Je n'arrive pas à dormir, et pourtant je suis épuisée…
Je suis un ressort trop remonté, le temps qui passe et tout ce à quoi je ne veux pas penser…

Je n'arrive pas à dormir, il y a trop de bruit dehors.
Je suis lasse de tous ces gens, ils s'imposent à moi, leurs hurlements, leurs rires, leurs existences tout entières… Je l'exerce.
Je pourrais tuer pour un refuge de tranquillité.

Je n'arrive pas à dormir, j'ai froissé N. Une feuille de papier dans mon poing serré.
Le pire c'est d'être coupable et de ne pouvoir rien faire. Rien.
Il dit que c'est oublié, mais on n'oublie jamais vraiment, n'est-ce pas ? Les choses qui nous blessent restent une plaie au fond de nous qui ne guérit vraiment jamais, n'est-ce pas ?
Mais parfois, on ne sait pas vraiment comment lutter, j'imagine.

Ma cigarette est finie. J'imagine qu'il est temps de me glisser entre les draps. De tenter de fermer mes oreilles au charivari. De ne plus penser. De se laisser le temps gagner encore marquer un point.
Dommage.

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