Dimanche 16 janvier 2011 à 20:59

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Alice les vit arriver de loin, commando vêtu comme l’as de pique, elle se dit que c’était une autre curiosité locale. Ils tombèrent sur les soldats qui encadraient la jeune fille.
Elle eut le temps de voit les soldats et les rebelles se battre à pierre-papier-chiffon tandis que deux femmes voilées l’entraînaient au loin. On lui fit traverser la moitié d’une forêt, on se perdit, jusqu’à atteindre le camp de rebelles, un petit feu de camp entouré de tentes pendues aux arbres.
La première question d’Alice fut « comment faites-vous pour dormir dans des tentes qui n’ont pas de sol ? ». Elle fut superbement ignorée. Elle décida d’en faire l’objet de sa première thèse.
Les femmes retirèrent leur voile et Alice fut abandonnée près du feu. Des rebelles circulaient, Alice eut été bien en peine de dire pourquoi.
Un homme finit par s’immobiliser et demanda à la ronde qui était cette fille. Faute de réponse, il lui soumit la question.
« Je suis Alice » répondit Alice.
« C’est faux ! Tu es Trèfle n°3, tu es l’une des leurs !
- Avant d’être adoptée par les Trèfles, je m’appelais Alice.
- C’est faux ! Alice est plus belle que toi, et elle a plus de poitrine. »
Alice soupira. La discussion risquait d’être longue.
L’homme finit par accepter qu’il y ait deux Alice et que celle qu’il avait sous les yeux venait du monde extérieur.
Il décida alors de la prendre sous sa protection, car il ne perdait jamais une occasion d’arracher une âme innocente du joug de la reine vicieuse et perverse.
« Je suis le Chapelier fou, et je te protégerais jusqu’à ce que je change d’avis, Alice la blonde ! » proclama-t-il avec emphase. Il ajouta ensuite « tu n’as qu’à trouver le chevalier blanc, il s’occupera de toi, moi j’ai mieux à faire. Et change-toi par pitié, tu ressembles à une chouette. »
Sur ce, il l’abandonna. Elle arrêtait les passants pour savoir qui était le chevalier blanc et où trouver des vêtements. On lui répondait « dans la forêt », précision indispensable.
Elle erra donc pendant quelques temps, se faisant vertement houspiller par intermittences.
Quelqu’un finit par indiquer à la jeune femme qu’elle trouverait des vêtements pendus aux arbres et que le chevalier blanc était probablement à l’est.
Alice partit donc en quête d’un arbre-à-fringues. Incroyable coïncidence, elle trouva pendue à une branche une robe en tous points identique à celle que la couturière des Trèfles lui avait ôtée.
À partir de là, elle partit à la recherche du chevalier blanc. Elle remarqua d’abord son armure en ferraille qui rougeoyait au soleil. Ensuite, une combinaison de lin blanc. Puis un lac, au milieu duquel dépassait une tâche noire. Le chevalier blanc, tenue d’homme-grenouille, faisait une brasse.
En voyant la jeune femme sur la berge, il lui fit de grands signes l’invitant à le rejoindre. Alice secoua vigoureusement la tête en réponse, de peur de mouiller sa nouvelle robe. Cela ne perturba pas le chevalier, qui nagea pendant encore pendant trente minutes tandis que la jeune femme l’attendait au bord de l’eau, assise en tailleur.
Il daigna finalement mettre fin à sa baignade, fit quelques mouvements de gymnastiques après avoir enfilé son étrange tunique, puis se tourna vers Alice, enfin disponible.
« - que puis-je faire pour vous, gente Dame ?
- Le Chapelier Fou m’a dit que ce serait vous qui vous occuperiez de moi, je viens de la surface.
- Parfait ! » s’exclama le chevalier.
Il creusa au pied d’un arbre avec le heaume de son casque et tira du sol une éponge de laine de fer : « tu n’as qu’à nettoyer mon armure » indiqua-t-il avec désinvolture.
Sur ces bonnes paroles, il enfila à nouveau sa tenue d’homme-grenouille et plongea avec enthousiasme.
Alice se demanda d’où venait cet acharnement à vouloir lui faire faire des tâches aussi inintéressantes que fastidieuses.
Lorsque le chevalier donna le signal du départ, Alice avait depuis longtemps abandonné son ouvrage.

Dimanche 16 janvier 2011 à 20:57

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Alice ouvrit donc le livre, faute de mieux, elle comprenait les mots mais pas les phrases. Les serveuses, lorsqu’elles passaient à proximité de la table d’Alice, déposaient un nouvel ouvrage (la table en fut bientôt recouverte).
Elle se détourna rapidement ses yeux de l’ouvrage, observant les autres clients. Elle croisa le regard d’un homme (lui d’une robe blanche ornée de cœurs) qui la fixait avec insistance.
Se sentant repéré, il s’approcha d’elle :
«- Pardonnez-moi, Mââââdame, je n’osais pas interrompre vos méditations. La Reine veut vous voir.
- Pourquoi ?
- Suivez-moi. » répondit le serviteur en s’en allant.
Alors qu’ils sortaient du château de carreau, deux soldats de la famille du Pique vinrent les encadrer.
Le voyage se faisait en silence, le serviteur et les gardes marchaient au pas. Alice se tenait en retrait, savourant ce paysage nouveau et grand bien lui prit. Ils marchaient tout droit vers une embuscade.

Samedi 18 décembre 2010 à 11:18

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Plantée au milieu du corridor, elle ne cessait de s’effacer pour laisser circuler le flot des membres de la famille du Trèfle en se demandant ce qu’elle pourrait faire. Quelqu’un lui saisit le bras et l’entraina à sa suite. C’était Numéro 9.
« - Je t’ai vue depuis le dixième étage, tu ne peux pas rester sans rien faire. Je vais t’expliquer. » lui annonça-t-il en poussant une porte.
C’était un café-librairie. Il fit signe à une serveuse qui leurs apporta deux livres et deux tasses fumantes où des pâtes-lettres flottaient dans le liquide ambré.
« - La première règle dans ce monde, c’est que quand tu veux aller quelque part, tu dois aller dans la direction opposée.
- Mais ça n’a aucun sens !
- Ce sont les lois de la physique, ce n’est pas parce que tu ne comprends pas que ça n’a pas de sens.
- Dans mon monde…
- Peu importe. Ecoute et apprend. Deuxième règle, essaye de plaire à la Reine. Troisième règle, tu es placé sur l’autorité de la famille. Tout ce que tu fais, tu le fais en leur nom. Si tu les déshonores, tu seras livré à la règle et remplacé. Tu comprends ?
- je n’ai jamais demandé à faire partie de la famille…
- Et alors ? Tes vœux n’ont aucune importance. Seule la famille compte. Cinquième règle…
- C’est la quatrième… »
L’homme se sait d’un des deux livres avec lequel il l’a frappa.
« - Comment peux-tu le savoir alors qu’il ne les a pas encore apprises ? Cinquième, donc. Tu n’es pas censé sortir mais si tu le dois, si tu es convoqué par la Reine par exemple, le valet pourra te faire venir des Piques.
- Des Piques ?
- Des soldats de la famille de Pique.
- Combien y a-t-il de familles ?
- Quatre. La notre, la famille des Trèfles, les érudits. La famille des Piques, les guerriers. La famille des Carreaux fournit le personnel du château de cartes. La famille du Cœur, c’est la famille royale, dont tu as déjà rencontré le Roi et la Reine, et des courtisans.
- Je vois. Pourquoi je ne peux pas sortir seule ?
- Mais à cause de la guerre, bien sûr. »
Devant l’expression stupéfaite de la jeune fille, il soupira et après avoir pris une gorgée du breuvage qu’on lui avait apporté (avec une grimace), il reprit
« - La Reine est en guerre contre le peuple.
- Mais pourquoi ? » demanda Alice, en se souvenant des manières de la Reine. Rien qui ne mérite la guerre, mais un assassinat bien organisé…
- Comme tous les prolétaires, ils se sentent exploités… Les paysans ne font jamais la guerre dans ton pays ?
- Non, nous n’avons presque plus de roi et grâce au progrès technique, les paysans n’ont plus de problème pour se nourrir.
- Merveilleux, tu écriras la recette. Ça soulagera la Reine qui est terriblement affectée par ces rixes. Ça lui donne faim.
- Depuis combien de temps dure la guerre ?
- Aucune idée.
- Vous l’ignorez.
- Vous comptez le temps qui passe, vous ? »
Alice se souvient qu’ils n’avaient pas de sommeil puisque ce monde était souterrain. Elle secoua finalement la tête pour éluder la question.
« - Qui est Alice ? » demanda la jeune fille pour éluder la question.
« C’est la femme qui dirige les rebelles. Nous pensons qu’elle veut prendre la place de la Reine. Bois. » dit-elle soudain en pointant du menton la tasse.
Alice s’exécuta. Lorsque la première goutte se posa sur sa langue, elle dut prendre sur elle pour ne pas le recracher.
« - C’est infect ! qu’est-ce que c’est ?
- De l’encre alimentaire, que veux-tu que ce soit ? »
Il la frappa à nouveau avec le livre. « Enseigne, apprends et enseigne. » conclut-il comme un automate, avant de tourner les talons.

Samedi 18 décembre 2010 à 11:17

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Elle était dans une pièce interminable, nue et vide. En face d’elle, deux trônes en livres, une femme et un homme (l’homme était d’ailleurs plongé dans un bout de son accoudoir, l’air extrêmement las). La femme portait une robe blanche à jupon noirs, tout en plis et en volume, le trèfle brodé sur sa poitrine discrètement rappelé par sa coiffure sophistiquée. L’homme était vêtu comme s’il sortait d’un livre d’histoire : pourpoint blanc rehaussé de noir, la poitrine barrée d’un bandeau « duc de trèfle ».
« Avancez » ordonna la femme d’un ton sec.
Alice obéit, faute de mieux.
Elle ne l’avait pas vu au premier abord, mais il y avait une quatrième personne caché dans l’ombre derrière les sièges, un homme en tenue d’équitation qui s’avançait résolument vers elle, une main sur le pommeau de son épée. Alice eut un mouvement de recul, elle n’osa pas se dérober. L’homme la fouilla sommairement, puis certainement satisfait, il lui fait signe d’avancer davantage vers les trônes.
« - je ne t’ai jamais vue. Tu es là pour m’annoncer qu’une carte est morte ?
- Numéro 3 a été emporté par des gardes…
- Tant mieux ! La Reine en sera certainement ravie, qu’en dites-vous mon cher ? elle m’a semblé maussade la dernière fois. » Le duc, absorbé par sa lecture, ne l’écoutait pas, mais la femme (la duchesse selon toute évidence) ne semblait pas s’en soucier.
« Valet » continua-t-elle à l’égard de l’homme qui avait fouillé Alice « vas me chercher n°9 il me fera un bulletin météorologique. » Le valet s’effaça.
« - Tu es le nouveau 3 ? Il était spécialiste du calcul de pi. »mentionna la duchesse à Alice.
« - Je vais vraiment devoir faire des mathématiques ? Dans mon monde, ce sont les ordinateurs qui font ce genre de calculs.
- Tu es l’étrangère ? » demanda la duchesse, surprise.
Avant qu’Alice n’ait le temps de répondre, le duc jeta violemment son livre à terre et bondit jusqu’à elle : « c’est vous l’étrangère ? C’est bien vous ? »
Alice acquiesça, désarçonnée.
« Je vous attendais » expliqua le duc, le souffle court. Il était surexcité.
« Vous serez notre experte de l’étranger, vous serez donc dispensée de calcul de pi. Mais il faudra tout nous dire ! ». Ses yeux fous inquiétaient Alice.
« Eh bien c’est entendu. Qu’on lui fasse faire une robe et une paire de plateformes, sa taille n’est pas conforme. Bienvenue dans la famille n°3. » La duchesse fourragea alors dans les livres de son dossier, finit par faire s’effondrer son trône et ayant tiré un ouvrage de la pile, elle s’assit sur cette dernière et entama sa lecture. Quant au duc, il empoigna le bras d’Alice et l’entraina dans une pièce dérobée.
« Numéro 3, ma chère, il me faut vous examiner. » annonça le duc d’un ton inflexible, brandissant un outil invisible. Il s’avançait vers Alice, l’air vaguement menaçant et d’un coup, il fit mine d’éventrer la jeune fille de la gorge au bas-ventre, avant d’écarter les lèvres de la plaie fictive, observant le tout avec une concentration toute scientifique.
Alice finit par lui faire la remarque qu’il n’examinait rien d’autre que sa robe.
Le duc haussa les épaules. « C’est un examen spirituel, vous n’avez pas ça chez vous ? La Reine a institué cette pratique pour que les Trèfles ne jouent pas avec la nourriture. »
La nourriture ? Comment ça la nourriture ? tiqua Alice en bandant ses maigres muscles, prête à tenter une évasion (quitte à avoir la carrière de numéro 3 la plus courte de l’histoire de cette famille). Mais déjà le duc refermait la plaie imaginaire.
« Je sais tout ce que je voulais savoir. A présent, descendez de deux étages… à moins que ce ne soit cinq… Enfin bref, cherchez la salle des costumes, le valet vous donnera votre robe. Et n’oubliez pas, vous êtes de la famille des Trèfles à présent. Vous devez tout savoir. Allez maintenant. »
« Enfer » pensa Alice avec amertume « je suis dans un autre monde et me voilà de retour à l’école. »
Après avoir cherché la salle des costumes pendant plus d’une heure (il fallait monter les escaliers et non les descendre : comment quelqu’un qui a l’ambition de tout connaitre peut-il ne pas connaitre la disposition de son propre manoir ?), Alice se vit affubler du même uniforme que les autres, un 3 en velours noir cousu sur l’épaule, un calepin et une plume d’oie (« mais où est l’encre ? » se demanda Alice mais le regard sévère de la costumière la réduisit au silence), une pair de chaussures à talons vertigineux (« vous êtes top petite. » avait commenté la costumière d’un ton désapprobateur), un ruban noir (que la femme avait noué dans ses cheveux avec l’objectif apparent de tirer chacun des cheveux d’Alice). L’opération achevée, elle se planta devant Alice et dit d’un ton béat « allez, enseignez, apprenez et enseignez. »
« Mais où dois-je aller ? » demanda Alice. Une ombre passa sur le visage de la costumière qui la poussa dehors.

Samedi 13 novembre 2010 à 0:18

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On la tirait à présent sur un chemin de graviers, d’autres traverses le traversaient (des boucles qui ne frôlaient nul édifice, des voies en pointillés, des sentiers qui s’interrompaient quelques mètres après leur naissance sur un talus d’herbe), des panneaux indiquaient régulièrement et dans diverses orientations « somme ouère » (« l’anglais est vraiment une langue universelle » se dit Alice).

 
Brusquement, les deux gardes qui encadraient Alice montèrent une volée de marches sans égard pour leur « paquet » (dont les mollets rebondissaient sur les arêtes). La route se prolongeait à l’intérieur du bâtiment, démarqué au sol par des carreaux plus clairs qui séparait en deux la bâtisse de façon parfaitement symétrique.
pour autant qu’Alice pouvait en voir, l’architecte avait manqué cruellement d’imagination : le lieu était carré, le rez-de-chaussée semblait se limiter à une large pièce où se croisaient des domestiques affairés, une porte coupait chaque mur en son centre, elle donnait probablement sur des escaliers (supposa Alice) et le motif était répété sur les étages (depuis la pièce principale, on voyait le plafond et à chaque étage une coursive longeait les murs reliant les quatre portes d’un même étage), à perte de vue. La forme des portes (des trèfles, évidemment) renforça la conviction qu’avait Alice : elle avait à faire à des végétaux mobiles (qui d’autre aurait adopté une forme de porte aussi peu optimale ?).
soudain, un groupe d’une dizaine d’hommes et de femmes en robes blanche ornées des motif des cartes à jouer de trèfle (l’as était en tête) jaillit en file indienne d’une des portes.
« Qui est-ce ? » demanda l’As de trèfle aux gardes.
« Une étrangère. La Reine vous laisse l’étudier. Faites-en ce que vous voulez. »
Sur ce, les gardes lâchèrent brusquement Alice (qui tomba sur son céans) et continuèrent leur chemin.
Une voix s’éleva du groupe : « Note : les étrangers ne savent pas tenir debout. Quand on les lâche, ils tombent. » et tous dégainèrent un calepin pour noter frénétiquement cette idée (du moins, c’est ce que conjectura Alice. C’était peut-être leur liste de course ou des vers octosyllabiques). Ils se déployèrent autour d’elle en la jaugeant avec curiosité. Se sentant menacé, Alice resta à terre, les dévisageant tour à tour. Elle finit par se lever, les Trèfles eurent un mouvement de recul. Amusée, Alice fit un pas en avant. Les Trèfles en face d’elle reculèrent. Elle renouvela donc le procédé, faisant des mouvements de plus en plus brusques et amples.
Le numéro 3 céda enfin à la panique et fit mine de s’enfuir en courant. Alors qu’il allait passer la porte, deux gardes lui barrèrent le passage (Alice croyait distinguer un 8 et un 9 noirs sur leur plastron, mais elle n’en était pas sûre) et l’emportèrent vers le château sans le moindre commentaire.
L’As dit d’une voix mélancolique « le 3 a toujours été le plus faible d’entre nous… paix à son âme, il a fait son devoir, pour le château de cartes et pour la Reine. Bon, qui va remplacer 3 ? entre les légions du Chaos et les loisirs de la Reine, on commence à manquer de candidats. »
« Et pourquoi pas l’étrangère ? » osa timidement le 6.
Les autres Trèfles se tournèrent vers lui comme un seul homme.
« - Oui, elle dispose sans doute de connaissances inédites sur le monde extérieur.
- ce n’est pas parce qu’elle est étrangère qu’elle n’est pas sotte. D’ailleurs on ne sait même pas si ça parle. » objecta le 2.
« Bien sûr que je sais parler. » répliqua Alice, piquée au vif.
L’As : « Note : l’emploi du verbe parler fait parler les étrangers. Penser à dire en sa présence voler, cuire et couler. » (ils prenaient tous des notes).
« C’est entendu. » trancha l’As, « qu’on l’emmène voir le duc et la duchesse. »
Deux Trèfles s’approchèrent d’Alice avec répugnance et lui firent signe de les suivre. Ils lui firent monter des marches, en descendre d’autres, traverser les coursives pendues au-dessus de la salle principale (ils firent deux tours complets à un étage). Alice tentait de jeter des coups d’oeils dans les salles qu’ils dépassaient, elle vit une piscine de livres(un vieillard nageait avec décontraction entre les pages), une cantine de livres (des femmes en tablier faisait tourner des livres de poche dans des marmites, mijoter des BDs dans des poêles et lever des manuscrits dans des fours, elles s’en saisissaient avec des pinces à cornichon pour les jeter sans ménagement dans les plateau-repas de personnes en robes ornées de trèfles mais ils ne semblaient pas avoir de numéro, ils s’installaient sur des tables branlantes pour lire d’un air douloureux des livres fumants et passablement roussis), un hôpital de livres (des infirmières en blouses ornées de trèfles tapotaient des coussins où trônaient des livres, dans un coin des médecins les auscultaient, les rafistolaient, et les perfusaient d’encre).
Sans s’en rendre compte, elle avait continué à avancer alors que ses guides s’étaient arrêtés. Lorsqu’elle se retourna pour les rejoindre, une porte se referma sur eux.

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