Et qu'est-ce que ça peut bien faire ? Qu'est-ce que ça peut bien faire, toute cette merde, autour de nous, celle qu'on porte en nous, bon gré mal gré.
Je pourrais tuer, je n'ai plus peur.
Achever un être vivant, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Abréger les souffrances d'un tas de chairs saignant et déjà pourrissant, marchant chaque jour vers son inévitable et confondante fin.
Ceux qui croient encore que l'homme est perfectible feraient mieux d'ouvrir les yeux. Je ne vois que désolation, la Beauté se cache sous un tas de fumiers. À l'ère des droits de l'homme et de la liberté toujours croissante et inquiétante, devenons-nous meilleurs ?
Donner vie à un être devrait être une honte, pas un heureux événement.
Peut-on atteindre le bonheur tandis que des cœurs crèvent sous les ponts ?
On existe dans le regard des autres, je n'existe que pour écrire puisque c'est tout ce qu'il me reste, dieu merci c'est assez.
Ne posez pas de questions, jouons encore à cette farce gigantesque, rions, il me reste cela aussi.
L'ère du vide. Je suis un désert humain, avide d'une pluie torrentielle mais tout est soumis à l'écœurante finitude.
Vivre, n'est-ce pas cautionner ce système pourri ?
Rien n'a plus de sens, rien n'a jamais eu de sens.
Sauvez-moi.
Jurez-moi un amour indicible, inexorable, un amour qui fasse mentir le temps qui passe et son feu destructeur qui consume mon épiderme, faites-vous aimer, faites-vous aimer de moi jusqu'à ce que je n'en puisse plus de vous et de votre servitude inaltérable.
Lisez ces lignes, soyez émus, mystérieusement touchés, abdiquez, avouez-vous vaincu. Prouvez-moi que j'en vaux la peine, même si je ne suis pas dupe. Ma mort sur la conscience qu'est-ce que ça change.
Tout n'est qu'un éternel recommencement, une boucle qui à chaque tour arrache un fragment de notre âme. Ce qu'il en reste. On ne vit que pour être aimé, on meurt à chaque fois qu'on se quitte. Et ça fait mal à en crever mais on en crève jamais ce serait tellement plus simple.
Il n'y a pas de sauvetage, pas d'alternative, on ne cesse jamais de souffrir, de se noyer, on se distrait. Divertissez-moi. Faites-moi suspendre le cours de mes pensées.
Et si vous êtes trop faibles, laissez-moi moi donc en paix, qu'est-ce que je pourrais bien avoir à faire de vous ? Seule ou non, rien ne remplace la perte. Tant pis.