Lundi 6 avril 2009 à 20:09

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Tu n’es pas vraiment celui dont j’ai toujours rêvé. Tu n’es qu’une ombre, une silhouette de papier projetée sur un mur décoloré. Tu n’es rien, n’est-ce pas ? Dis-moi que tu es insignifiant, ordinaire, que tout achève de perdre le sens. Je passe ma vie à perdre mon temps, tu n’es qu’un détail comme les autres. Serai-je jamais libérée de ce cercle infernal, de cette spirale qui s’enfonce toujours plus profondément dans les limbes. Tu n’es qu’une manifestation physique de mon désir, de ma faim dévorante, de cette traque, éperdue, écœurante, bonheur, ivresse, liberté, plaisir, sens… Je pourrai en mourir de douleur. Et puis après ?
Je pense à toi souvent. Souvent alors que je m’éveille mes bras étreignent encore ton empreinte de fumée.
Les notes d’un clavecin désaccordé, j’aime à croire que c’est toi qui joue. Je m’appuie contre le mur pour mieux me laisser violer par les notes éraillées. Je suis une coquille vide, tant de place pour toi.
Mon bel amour, ma déchirure. Regarde-moi.

Samedi 28 mars 2009 à 22:20

Lacérer les coupables. Ça aide. Un peu.
J’ai grandi dans une famille normale, aisée sans prétention, cet insupportable entre-deux, entre satisfaction d’une position confortable, du travail bien fait, écœurant ; et pourtant cet élan manqué, loin d’être riche, comme un élan qui s’écrase contre un mur. Il le fallait bien, réfléchir demande de l’éducation et les moyens de ses ambitions. C’est tellement plus noble de tout plaquer lorsqu’on est au sommet et pourtant comment se révolter lorsqu’on est plus bas que terre, lorsqu’on est habitué à ce désert d’avenir, de sens, de beauté. J’étais biberonnée dans la ouate d’un monde doré en toc, vous voyez le genre, et puis un jour j’ai ouvert les yeux par erreur.
J’ai fait une crise d’adolescence, c’était de mon âge, j’ai piqué une crise et j’ai commencé à traîner avec des moins-que-rien, pour emmerder mes parents.
Et je me suis enfin sentie mieux. C’était tellement bien d’être au fond du goiuffre, il ne restait presque que la survie.
On passait des nuits sans sommeil autour d’un feu sommaire. On se battait sans cesse (les bandes rivales, les fugitifs, …) ; on fuyait, on volait, on était craint et presque respectés enfin, on faisait tout ce qu’il m’avait toujours semblé impensable. C’était bien.
J’ai le corps couvert de cicatrices, même si je ne pense pas avoir jamais guérie. Je me sens si bien avec cette enveloppe mutilée, défigurée. Enfin toute cette souffrance peut se voir, elle est inscrite dans ma chair.
J’avais tout à coup le sentiment que l’existence avait un peu de sens, peut-être parce qu’il fallait se battre pour sa vie, peut-être parce qu’elle était réduite à presque rien, peut-être parce qu’il était réconfortant d’être porté par cette existence vouée au non-sens, à la finitude, une négation de l’à venir –no future.
En marge, j’avais le sentiment de pouvoir respirer. Mais ce n’était pas encore assez.
J’étais au fond, la seule chose qui aurait pu achever tout à fait ma déchéance aurait été d’assassiner quelqu’un. J’ai vu toute la laideur et le désespoir, accroupie au coin d’un feu mourant, j’étais avec ces yankees comme j’aurais pu être avec d’autres, il y avait entre nous une solidarité de circonstance inébranlable. Nous étions tous des mutilés, des oubliés, on hurlait comme on aurait pu prêcher dans le désert.
J’aurai pu continuer jusqu’à la mort. Et puis j’ai compris qu’il faudrait bien que j’assassine quelqu’un un jour.
Alors je suis rentrée chez mes parents, lorsque mon corps était sur le point de tomber en morceaux, et je suis allée à l’université. En attendant.

Vendredi 27 mars 2009 à 16:39

Nous sommes les fous, les révoltés, le vent et la fureur, la grâce et la tempête, le feu sous la glace, l’acide et le cristal. Nous sommes les voyous, les mercenaires, les yankees. Nous sommes légion, le chaos dressé contre l’ordre. Petite sœur, le monde est si laid dehors.
Leur vie, c’est celle que je voulais vivre. Alors je les ai suivis.
Je ne m’attendais pas à ce qu’on me comprenne, je ne m’attendais pas à ce qu’on me tende des fleurs, je n’ai jamais été une belle personne.
Tout cela… tout cela n’avait aucun sens. Le rire, les larmes. Le monde autour. Et ceux qui sont en laisse, ceux qui meurent de faim, toute cette injustice criante, ce poison dans l’air…
Je n’ai jamais très bien compris le monde autour, je n’ai jamais compris comment les autres faisaient pour vivre avec cette oppression, avec tous ces meurtres sur la conscience… C’est peut-être simple de fermer les yeux. Moi ça me donnait envie de pleurer. Alors j’ai commencé à faire sauter des immeubles. Puisque des milliers d’êtres vivants crèvent chaque jour de la main humaine, je n’allais pas oublier, moi. J’allais les écorcher de mes propres mains. Mais pas tous ceux qui n’y sont pour rien, prisonniers dans cette cage de verre : la fatalité. J’allais lacérer les autres : les responsables.

Jeudi 29 janvier 2009 à 20:38

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Elle s’appelait… elle s’appellera comme vous voudrez. Je ne sais pas si son nom était typique de chez elle.
Elle venait du Japon, se disait New Yorkaise. « Tout le monde est New Yorkais. » énonçait-elle d’un ton d’évidence. « Comme toutes les grandes villes » j’avais avancé.
Elle m’avait jeté un regard qui charriait du givre. « Pas du tout. Tu vois bien que tu es juste parisien. Les Parisiens ne peuvent être que Parisiens. »
Elle est venue, puis elle est repartie. New York I Love You but You’re Breaking Me Down.
C’est ainsi que je suis tombé amoureux. Pas de New York, c’est d’un commun. New York est à tout le monde, je voulais qu’elle ne soit qu’à moi. Je suis tombé amoureux de Tokyo, dans toute son étrangeté de métropole bizarroïde. Lorsque je m’y promène, je crois la voir à chaque coin de rue. Je voulais tellement qu’elle soit, mais on ne s’appartient même pas à soi-même. New York I Love You but You’re freaking me out.

Jeudi 18 décembre 2008 à 14:07

Tout cela n'était qu'un jeu. Il n'est qu'un jeu.
Certains hommes sont ridicules. Tellement obsédés par une idée fixe qu'ils en perdent leur intelligence, si tant est qu'ils en aient eu une un jour.
Le plus drôle est qu'ils viennent pour faire la conversation, mais ils n'ont rien à dire, c'est à peine s'ils parlent français. Ils parlent par écrit mais ils sont illettrés.
Dieu merci, la finalité qu'ils espèrent tirer de leurs conversations n'implique pas un besoin démesuré de conversation.
Il était si simple de lui faire tourner la tête que c'était à se demander s'il avait jamais lu un livre.

Il n'est qu'un jeu. À ses dépends. Il est tellement stupide. Il se croit vif, malin, fin. Il ne sait pas à qui il a à faire. Il ne sait pas que je le bats largement, d'un simple claquement de doigts.
Il croit qu'il va me posséder mais c'est moi qui le possède, je l'écrase de ma supériorité. Prétentieuse ? Je vous l'accorde. Mais il y a quelque chose de dérisoire à venir à bout d'un être si faible.

La vérité c'est qu'il est déjà entre mes mains, il s'attarde alors qu'il n'y a rien à attendre. Il n'y aura jamais rien à attendre. Il n'est pas à ma mesure. Il n'est qu'un jeu.
J'ai beau le rejeter encore et encore, sans cesse il revient à la charge.
Je suis abjecte, je suis cruelle. Comme nous tous. En ces temps brumeux où l'hypocrisie est la règle, et se mentir à soi-même, sans cesse se mentir à soi-même, être sincère ressemble à un mensonge.

Croit-il que ça me flatte de le voir agiter ses plumes inexistantes de paon anémique alors même qu'il ne m'a jamais vu ? Je ne suis qu'un bout de viande.
Comment ne pas comprendre quelque chose d'aussi simple que non ?
Et il parle d'amour, de coup de foudre, ne me fais pas rire. Je ne comprends même pas ce qu'il attend. Ou plutôt je ne le sais que trop, mais j'ai dit non, je ne compte pas changer d'avis, il n'est qu'une perte de temps, un divertissement. Je le briserai, pour tous ces hommes qui ont pris les femmes pour de la viande.
Je ne nie pas que les femmes en font autant, qu'ils se débrouillent avec leurs cœurs brisés.
Lui et moi allons jouer, et je n'ai pas l'intention de perdre. J'ai pour moi ma schizophrénie, ma méchanceté, cette haine ancrée en moi, cette colère, qui me rend si laide et ce monde pourri. Je ne prétends pas qu'il n'en ait toujours été ainsi. On ne change pas la nature humaine. Mais il pourrait en être autrement, vous ne croyez pas ? Il pourrait y avoir quelque chose de mieux que l'homme, parce que franchement ce n'est pas brillant.

Je ne sais pas ce qu'il croit, mais pour moi il ne sera jamais rien de plus qu'un jeu, qu'un morceau de viande qui bouge et je compte bien en faire mon dîner.
Une femme trahie ne se relève jamais, et nous avons toutes été trahies un jour. Certaines se laissent mourir dans un coin, d'autres oublient. Moi, je mors. Je mors jusqu'au sang.
Il lui faudra bien sept venir pour venir à bout de ma personne, pour me faire desserrer les mâchoires. En attendant, je vais boire son sang jusqu'à la dernière goutte. Ne prennez pas ces airs offusqués. C'est lui qui a commencé. Il est libre de partir, je n'ai pas l'intention de le retenir, je l'ai toujours encouragé à s'en aller.
Mais certains hommes s'accrochent, on dit non et ils reviennent se briser sur les falaises, encore et encore.

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