Lundi 13 juillet 2009 à 19:20

http://lililuna.l.i.pic.centerblog.net/ciop0pmd.jpg

Je me demande d’où provient cette étrange manie de s’exprimer à travers ses vêtements. Si l’habit ne fait pas le moine, alors qu’est-ce qui fait le moine ? J’aime projeter ce que je suis sur mon enveloppe physique, les autres changent de direction lorsqu’ils croisent mon chemin. Je suis celle qui égare les voyageurs, celle qui bouleverse les consciences au point qu’elles croient sur le point de se déchirer. Je ne vous conterai pas une rencontre car je suis un félin solitaire. J’aime affronter seule l’œil aveugle du cyclone. J’i parfois le sentiment de disperser en volutes ceux qui m’approchent, comme une bourrasque sacrée chargée de mille aiguilles. Je suis le vampire de midi, je voulais juste revoir le soleil une dernière fois. Connaissez-vous la détresse des démons nocturnes, savez-vous la douleur sourde qui bat dans leurs tempes ? C’est un mal plus vieux que le monde, tellement plus ardent que la brûlure d’une étoile. J’avais rêvé de vivre toujours et je me consumais de voir le soleil encore une fois. Mon visage ‘est plus qu’un masque de cendres, figé à jamais par le cri muet de la morsure des flammes. Et je me suis soudain demandée si je pourrais aimer à nouveau. Les siècles ont donné à mes cheveux, mes pupilles et jusqu’à mes ongles le grenat du sang qui m’abreuve. Je suis une chimère et pourtant j’ai aimé à la passion. Pouvez-vous ressenti la morsure glacée d’un dernier coucher de soleil, d’un cœur qui se consume ? Je sais à présent que jamais je ne cesserai de hanter les chemins, des cendres dispersées par le vent.

Mardi 3 février 2009 à 19:47

http://melancholic.cowblog.fr/images/Twilight2.jpg

Un Wampyr. La fureur et la grâce. Ce que vous devez savoir sur moi, je crois, c’est toute ma haine. Le Wampyr ne dort pas parce qu’il n’est jamais en repos.

Être Wampyr, c’est être tourmenté. Le sang. La connaissance. Les origines. Car nous sommes confrontés à l’inanité de l’existence. Vous n’avez pas le temps de vous rendre compte à quel point votre existence est vaine.
Un Wampyr vit par habitude. Ne plus pouvoir se rappeler de ce que cela faisait, avant. Vous savez. Être vivant. Alors, il dévaste le monde. Et tout ce qui s’y trouve. C’est un peu triste, au début. Et on s’y fait. On s’y fait toujours.

Je vais vous dire pourquoi je vous raconte tout ça, pourquoi vous avez ce livre entre vos mains. Après tout, à part être un Wampyr, je n’ai rien de spécial. Je sais que pour vous c’est incroyable. Mais on s’y fait.
Quelle ironie. Ceux qui ont la vie la plus longue ont aussi la plus insignifiantes. Les mêmes péripéties, drames, tragédies cent fois répétées, vous trouverez nos existences au détour de chaque roman de gare, tragédie cornélienne,… Nous n’avons rien à raconter. Nous nous cachons, nous sommes lâches, nous restons entre nous, les mêmes têtes stupides croisées deux cent fois, nous tuons les autres.
Assassins nocturne, la seule chose qui nous constitue, ce sont tous ces destins de ceux que nous croisons, les destins que nous suspendons.
Je crois que finalement nous sommes tous les mêmes face à la mort. Notre vie de Wampyr, notre adrénaline quotidienne, ce n’est jamais qu’une longue confrontation avec la Faucheuse. Et elle finit toujours par l’emporter.
Je crois que j’ai découvert notre origine, à nous, wampyrs.
Les progrès de votre siècle sont stupéfiants. Trop pour vous puissiez en apprécier la mesure.
Je crois que je pourrais peut-être même nous permettre de redevenir des humains. Mais je doute que nos organismes épuisés survivent longtemps.
Il fallait que je partage cela avec quelqu’un.
J’imagine qu’il ne faudra pas que ce cahier tombe entre les mains des mortels. Je trouverai bien un Wampyr à qui le confier, avant de mourir.
Bien sûr, ce Wampyr pourrait mourir à son tour, et mon cahier tomber en poussières. Mais cela n’a pas d’importance. Je pourrai tout aussi bien m’exposer à la lumière du soleil, demain. À mon âge, on n’a plus de vanité vous comprenez. Pas le moindre désir. Pas la moindre impatience. Juste l’attente.

Les Wampyrs se raccrochent aux anciens, leurs vouent un culte. Il faut bien répondre à la question des origines.
Si cet ouvrage est diffusé, j’imagine qu’ils pourront toujours élever un nouveau veau d’or et le sacrifier à l’autel de la science. Dieu merci je ne serai plus là.
Il faut que je retrouve Phobos. C’est à lui que je dois le donner, sinon il ne comprendrait pas. Je lui dois bien ça, après tout.

Mercredi 28 janvier 2009 à 22:03

http://melancholic.cowblog.fr/images/4225794.jpg


Il est entré dans ma chambre alors que j’étais noyée dans cet état incertain où rien n’est jamais vrai, entre veille et sommeil, entre nuit et brouillard. J’ignore comment il est entré, la porte était verrouillée, c’était une nuit d’encre de Chine.
C’était un camarade, de ces vagues connaissances qu’on connait de loin, qui nous impressionne sans qu’on ose s’en approcher. J’étais vaguement amoureuse de lui, j’avais une vie bien rangée, j’avais un vague fiancé. C’était bien.
J’ouvrais les yeux et il était accroupi, ses yeux, à ma hauteur, planté dans les miens. Les choses n’avaient aucune consistance, j’étais dans un état second. Il me fixait, comme si tout était normal, et moi dans ma langueur, je ne saisissais pas toute l’incongruité de la situation.
Il m’adressa un sourire plein de crocs et chuchota « tu es fascinée par les vampyres n’est-ce pas ? » et il planta ses dents dans mon cou.
Je ne réagis pas. De toute façon, j’étais comme dans un rêve. Il devait y avoir un anesthésiant dans sa salive, je n’avais pas vraiment mal.
Il me laissa entre la vie et la mort, juste assez de sang pour être vivante.
« Je te laisse le choix. » a-t-il susurré avec délice. « Je peux te laisser mourir ou te transformer. »
Cela m’était égal, rien n’avait d’importance. J’avais le sentiment que cela ne me concernait pas.
Je clignais des yeux, plus embrumée que jamais.
« Fais comme tu veux… » Je le pensais vraiment. Etais-je prête à quitter la vie ? Voulais-je devenir une buveuse de sang ? Mourir ou être condamnée à devenir un vampyre… Etais-je prête à faire ce choix ? Je n’en savais trop rien, je n’étais pas prête à réfléchir.
« Mais quelque soit ton choix, passe la nuit avec moi s’il te plaît. » et je clos les paupières. J’imagine qu’il m’a contemplé pendant quelques instants. Je crus qu’il allait s’en aller comme il était venu, je n’étais rien pour lui.
Il caressa ma joue de ses doigts de givre, je sus alors que je lui avais toujours plût mais qu’il était trop habitué à jouer pour s’abandonner. Je crus que jamais je ne le reverrai sans que cette idée ne me blesse réellement, j'étais dans cet état de demi-conscience, entre chien et loup, entre vie et mort.
Il s’allongea alors à mes côtés en un éclair et me serra convulsivement contre lui. Je me blottis au creux de ses bras et m’endormis dans ses bras, à deux doigts de la mort je ne m’étais jamais sentie aussi en sécurité.

Lundi 19 janvier 2009 à 22:22

http://melancholic.cowblog.fr/images/3037313.jpg

Il me scrutait tandis que je montrais les crocs.
« Quel est ton nom ? »
Je ne savais plus. Que signifie un nom lorsqu’on est seule ?
« Ils m’appellent Phobos. Veux-tu être Callisto ? Ce nom en vaut bien un autre. Viens avec moi. Tu n’es plus seule. »
Il tendait la main, je ne savais comment réagir, je ne savais plus parler.
Il a trouvé les mots pour parler à mon humanité endormie, il m’a convaincue. Il a prit un temps infini pour que je retrouve ce que j’avais perdu.
Voilà mon histoire.

Il n’est pas comme moi, il a été transformé par un Wampyr puis abandonné. Il ne lui en tient pas rigueur. C’est quelqu’un de bon. Il est plus humain que bien des mortels.
Nous sommes comme vous, nous avons besoin de quelqu’un pour affronter l’éternité. Et il m’a trouvée.
Nous ne sommes pas comme vous.
Je passe des décennies sans voir son visage. Il ne me manque pas.
Je sais quand il a besoin d’être seul, il sait quand me retrouver.
Le monde est trop petit pour nous deux.
Vous ne comprenez pas ? Je m’y attendais.

Je ne vous conterai pas une aventure avec un mortel, une relation condamnée d’avance, Tristan et Iseult condamnés à la mort… C’est d’un commun.
Certaines choses ne peuvent être dites. Les Wampyrs ne sont pas très adroits avec la tristesse.

Je vous aime, mortels. Je vous méprise pour cette raison, j’aime cette fragilité en vous. Je vous envie car vous êtes condamnés à affronter la mort. Moi, j’avais trop peur. J’ai trop peur pour l’éternité. Je refuse de m’éteindre. Je refuse de disparaître.


Il y avait en ce temps là de plus en plus de Wampyrs de par le monde, dissimulés aux quatre coins du monde. Ils devenaient de plus en plus civilisés, à force de se nourrir de vous, en créant de nouveaux compagnons, par émulation mutuelle. Il s’est formé de petites communautés (elles restent très restreintes pour éviter de dissimuler une ville en une nuit, cela manque de discrétion). Nomades, nous visitions nos frères, nous ne nous attardions pas : nous n’avions besoin de personne.

La question des origines me taraudait. Pour Phobos, cela allait presque de soi : il descendait de celui qui l’avait créé.
Les siècles passaient. Phobos et moi nous éloignions des mois durant.
Je me mêlais aux humains, parfois, mais comment s’attacher : si fragiles…
Je me refusais à me façonner un compagnon. Il y avait Phobos, bien sûr et puis… Je ne voulais imposer ça à personne. Plus encore, j’avais peur d’être confrontée à un échec. Depuis que j’étais un Wampyr, tout semblait aller de soi, la première stupeur passée. Ma rencontre avec Phobos même était inéluctable. J’avais été une humaine insignifiante, j’étais un Wampyr passable. Je ne pouvais risquer d’être un Wampyr raté.

Dimanche 18 janvier 2009 à 21:54

http://melancholic.cowblog.fr/images/1copie18.jpg

C’est dans ces moments-là que je sais que je peux conquérir le monde. Je fends la foule, les gens s’écartent sur mon passage… en ont-ils conscience ? Cette machine à sons, humaine, dans mes oreilles. Il y a dans mes yeux cet éclat impitoyable. Je suis déesse parmi les hommes.
Certains m’interpellent, ils me demandent pourquoi mes pupilles ont des éclats grenat. Mon sourire acéré suffit généralement à décourager les plus curieux.
Je reste persuadée que l’un d’eux, noyé dans leur nombre, m’attend.
Je voudrais placarder les murs de son visage et lui hurler que je l’attends, encore et encore, encore et encore, mais certaines choses sont impossibles. Même pour moi. Qui qu’il soit, loup, dragon, humain fragile, je le prends tout entier. Je lui suis destinée, nos destins sont plus inextricablement liés que deux liens noués pour ne former plus qu’un.

<< I'm Darkness | 1 | 2 | I'm Sin >>

Créer un podcast