Adam, tu m'entends ?
Toutes ces journées passées dans la bibliothèque, adossés aux rayonnages parce qu'on n'avait pas la force de se lever, une bouteille vide qui teinte contre le plancher, et qui roule, qui roule, qui roule, un geste pour la retenir mais ce n'est pas la peine, elle est si loin déjà…
Tout mon être hurle ton absence, je relis les recueils que nous avons chuchotés ensemble, je ne m'en souviens pas mais les pages sont cornés, j'essaye de te retrouver entre les mots mais tu te dérobes, que de temps nous avons passé ensemble, perdu ensemble, je massacre quelques notes sur un piano et je crois y reconnaître ta voix, entendre tes pas, je me retourne : je suis seule.
C'est ordinaire.
Je sais bien que je devrais arrêter, mais j'essaye encore de te retrouver au fond des verres.
Je ressors, parfois, tu sais. Comme avant toi.
Mais ça me fait peur, je ne reconnais plus personne, à présent c'est moi la loque au fond du bar.
Adam, sauve-moi. Au nom de tout ce temps perdu ensemble.
C'est tout ce qu'il me reste.
À la réflexion, même avec lui j'étais en prison, en prison, partout des murs et des barreaux, personne ne veut me laisser m'échapper, personne, je voudrais tant capturer une bouffée d'air pur mais tout est corrompu…