Samedi 22 septembre 2007 à 10:05

Je n'ai vu Veronika pleurer qu'une seule fois.
Elle était assise dehors, sur un banc du parc de la fac, elle était un peu éloignée de la cité u. À l'abri des regards.

Je me promenais un peu au hasard, elle était là –comme le hasard fait bien les choses. Et ses yeux étaient inondés.

Elle me fit un signe de la main, pour me tranquilliser ou pour me chasser.
Je me suis approchée de quelques pas, maintenant une distance respectueuse entre elle et moi. Je ne pouvais pas la laisser. Je ne pouvais tout simplement pas.

Elle pleurait sans bruit, je voyais bien qu'elle réprimait les rares sanglots qui étreignaient sa poitrine –pas pour moi, j'aurai aussi bien pu ne pas être là, pour elle.
Elle s'astreignait à respirer lentement, par la bouche, elle ne reniflait presque pas.
Elle devait se sentir faible, vulnérable.

Elle pleurait sans détresse, sans tristesse, sans larmes presque. Son attitude n'appelait pas à la consolation, et qu'est-ce qu'il y avait à consoler ?
On y accorde tant d'importance… Ce n'est jamais qu'un peu d'eau salée.

Elle pleurait comme on tire la bonde.
Elle laissait tout s'échapper, voilà tout, & je la regardais, elle semblait si fragile et forte à la fois.
J'aurai pu vous dire qu'elle était plus belle que jamais, qu'elle pleurait comme dans les films.
Mais dans la vie la réalité organique reprend ses droits.

Et puis soudain, tout fut fini.
« Les larmes ne sont qu'une pluie soudaine », dit-on.
Elle était épurée de sa peine, elle souriant.
Elle alluma une cigarette, en aspira une bouffée et murmura, tout bas, comme pour elle-même, « Il est vraiment sans pitié », d'un ton léger, vaguement amusé, elle pouffait presque.
Elle se tourna alors vers moi et entama la conversation avec son entrain coutumier, les yeux encore un peu rougis.

Par L-Emasculee-Conception le Samedi 22 septembre 2007 à 18:24
j'aime ce texte, il décrit très bien les pleurs résignés.
Par miliane-mystere le Jeudi 27 septembre 2007 à 19:18
Cela montre bien quand on cherche à ne pas se dévoiler, à ne pas montrer ce qu'on ressent...
Par Anachronisme le Mardi 9 octobre 2007 à 21:00
J'aime ton écriture. Beaucoup. Assez pour reprendre à partir du début.
 

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