Lundi 26 juillet 2010 à 19:35

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Il faut déployer beaucoup d’efforts pour obtenir quelque chose d’aussi sous-optimal qu’un aéroport. En bouclant sa valise, on sait qu’on embarque des ennuis avec. Les désagréments sont inclus dans le prix excessif du billet.
L’aéroport est conçu pour vous perdre, vous déstabiliser et vous mettre les nerfs à fleur de peau, prêt à tomber dans ses griffes. Le personnel n’est pas formé à la gestion de passagers mais à l’art de leur compliquer la vie. Parfois, on fait appel à leurs capacités spéciales (par exemple, installer au micro une femme absolument incapable d’articuler), ou on leur donne juste des consignes contradictoires.

L’aéroport peut se résumer en une longue file d’attente. L’enregistrement d’abord (heureusement qu’on a inventé les billets électroniques pour nous faciliter la vie), huit machines pour une centaine de voyageurs, le programme est tellement simple d’utilisation que sans le secours d’une hôtesse ça prend trois quarts d’heures. Ensuite, il faut enregistrer ses bagages, ce qui prend bien sûr une heure minimum, parce que coller des étiquettes c’est assez complexe. Ensuite, il y a une autre file d’attente, juste pour le plaisir : un type dans une boite en plexiglas jette un rapide coup d’œil sur les billets afin de nous laisser accéder à quelque chose comme le Saint des Saints : le trottoir roulant. On gagne alors le droit de stationner un peu plus loin, en attendant qu’une machine dissèque nos sacs et nos semelles de chaussures. Si vous avez la chance d’être féminine (comprendre : en jupe), vous bénéficierez même d’une fouille au corps, au cas où vous cachiez un pistolet en plastique dans votre porte-jarretelle. A ce stade, vous devrez abandonner tout espoir de boire quelque chose venu du dehors (qui représente pour les autorités de l’air un monde mystérieux et assez angoissant pour leur psychorigidité).
Mais toutes les bonnes choses ont une fin et il ne reste plus qu’une heure avant de faire la queue avant l’embarquement. Heureusement il y a les boutiques duty free, histoire d’entamer le budget vacances avant l’heure en champagne ou en parfum (et là vous comprenez qu’on vous a fait jeter votre bouteille pour rien. S’ils avaient deux sous de jugeote, ils réaliseraient qu’on peut acheter un briquet et de la vodka, c’est-à-dire un excellent combustible. Bien sûr, rien ne vaut une bonne bombe artisanale, mais je suis sûre qu’un petit incendie fait des merveilles à dix mille pieds d’altitude.). Le temps que l’embarquement commence (car tout aéroport digne de ce nom est terriblement en retard, c’est un gage de fiabilité), les revues achetées pour le trajet sont finies. Une dernière heure de queue, pour la route.
L’embarquement s’achève trois quart d’heure après l’embarquement prévu, et ce n’est que le début, après il faut encore atteindre la piste de décollage.

Les cris répétés d’un bambin en bas-âge (informant les cinq cents passagers et le personnel de bord de l’irresponsabilité totale de ses parents : sérieux, vous imposeriez huit heures d’avion à un enfant de moins de deux ans dans un cas qui ne relève pas de la force majeure ? plus spécifiquement, vous imposeriez ses pleurs en continu aux cinq cents passagers sus évoqués ?) font écho à la sirène qui vrille périodiquement les tympans des voyageurs (sans raison apparente, en plus), outrepassant la barrière des boules Quiès.
Vous apprécierez le sens des convenances à toutes épreuves du personnel : le plateau repas est servi à seize heures (heure française), quoi de mieux qu’une salade de pates et du camembert pour le goûter ?
Une femme accepte une coupe de champagne : gênée par sa propre audace, elle lance d’un ton volubile « voilà, c’est comme ça ! » pour couper court à toutes critiques.

Le passage à la douane est une étrange formalité : après la paranoïa ambiante et le flicage tous les dix mètres, un simple cout d’œil à un formulaire remplit par le voyageur, un contrôle des empreintes et on est libre (une fois que les bagages daignent apparaître sur le tapis, ce qui est évidemment assez long, comme tout le reste).

Le pire, c’est qu’on sait qu’il faudra y retourner. Et que ce sera pire.

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