C’était une douce chaleur au creux de son ventre. Elle avait déjà ressenti ça autrefois, bien sûr, mais elle se plaisait à croire que cette fois c’était différent. Jamais elle n’avait senti son corps frissonner de passion, gémissant avant même qu’il ne la touche, se perdre en lui, encore et encore, la certitude de pouvoir tomber, toujours plus loin, toujours plus étroitement, car il était de taille à la porter jusqu’au bout du monde. Elle ne se souvenait pas avoir été jamais habitée cette paix, cette assurance tranquille qu’elle n’avait rien à craindre, jamais. Car elle est de ces femme-océans, tellement rongée de peur et de fiel. Une de ces femmes qui croient voir le monde en face, qui tombent en miettes devant cette détresse qui suinte de la terre même, qui se savent tellement impuissante. Ces femmes ont besoin de poser leurs yeux sur de la Beauté, parfois. Et elle aimait à croire qu’elle l’avait trouvée.
Elle est dingue de la douceur de sa peau, des étincelles qui effleurent leurs peaux lorsque leurs épidermes s’entrechoquent, des regards qu’il pose sur elle, plein de plans tirés sur la comète et de l’amour à la place des larmes. Elle aime l’odeur musquée de sa peau lorsqu’il ne la sature pas de parfum. Elle aime encore plus son parfum, son empreinte olfactive qui lui fait tourner la tête. Elle, la poupée d’amertume forgée à l’arsenic, admirait sa bonté, car elle était sans pitié, utilisant des mots comme des fers tranchants à dépecer les âmes. Jamais elle n’avait entendu la rancœur franchir les lèvres de son amant. Amant de con cœur, amoureux de son corps, elle aimait devenir voluptueusement une femme entre ses bras, comme si elle était lavée de cette idole grimaçante qu’elle avait été, comme si elle était lavée de cette fille qu’elle avait été entre d’autres bras.
La vérité, c’est qu’elle se sentait comblée. Elle l’aimait, rien de plus.
Elle appréciait les instants qu’ils passaient ensemble, comme des pastilles de chocolat qu’elle laisserait fondre sur sa langue, saveur sucrée-amère. Car si sa présence était un délice inexorable ; être arrachée à lui, à ses mots, ses gestes enivrants, ses yeux comme des flèches qui la terrassent… Tout cela lui rappelait douloureusement la conscience du temps qui musarde et gamberge, et écartèle les amants.
Des sensations tellement bien rapportées que l'on s'y croirait, installés dans un fauteil, les yeux rivés sur les mots et les expressions, accrochés aux lèvres des syllabes, n'ayant pas peur de tomber...
Jolis mots pour de jolies interludes, je n'en demande que d'avantage...
Joyeuses rêveries,
Dreamkid