On m'a dit « c'est tout ce que tu manges ? » en lorgnant la pomme sur mon plateau vide. « T'es au régime ? »
« Je fais la grève de la faim. » j'ai répondu d'un ton acerbe mais personne n'a relevé.
Je me suis levée brusquement, « où tu vas ? », « me faire vomir » mais personne ne m'a retenue.
Je suis sortie.
Et j'ai frappé mon poing contre les murs, contre la pierre, encore et encore.
Lorsque j'ai regagné le dortoir personne n'a remarqué mes phalanges poisseuses de sang.
J'ai rincé à l'eau froide en serrant les dent pour ne pas hurler, et je suis allée me coucher pour n'avoir personne à qui devoir parler, pour n'avoir personne à regarder, ma blessure pelotonnée contre moi, pour ne pas avoir à me justifier.
Comme si quelqu'un s'y intéressait.
J'ai bien entendu qu'elle parlait de moi, mais qu'est-ce que ça pouvait me faire, hein ?
Demain, je lui mettrai ma main abîmée sur la gorge et je lui chuchoterai « ne cherche même pas à te justifier, à t'excuser, ne me parle même plus. Ne m'effleure plus. Ne me regarde même plus. » et je ne prendrai même pas ma peine d'y mettre une menace à peine voilée parmi mes maux.
Je n'ai plus peur, à présent.
There's something wrong with me, there's something wrong with you
je ne viens plus assez souvent ici