C’était un jour ordinaire au pays des Merveilles. Alice la brune et ses pieux s’apprêtaient à incendier quelques cartes au service de la Reine de cœur, une victoire dérisoire. Une victoire quand même.
Mais c’était sans compter Alice (la blonde, la Alice du monde habituel). Alice la blonde est naïve et pleine de curiosité, Alice a soif d’aventures. Alors Alice la blonde a suivi la femme aux chignons blancs dans l’ascenseur, bien sûr les portes se sont refermées avant qu’Alice ait pu l’y rejoindre, alors elle appuya avec énergie sur le bouton d’appel, jusqu’à ce qu’on la laisse entrer dans la petite boite rectangulaire. Avant qu’elle ait pu appuyer sur un seul bouton d’étage, l’ascenseur prit l’initiative de tomber, les étages défilaient mais bientôt il n’y eut plus d’étages à afficher sur l’écran digital, l’ascenseur tombait, tombait, jusqu’aux entrailles de la Terre.
Et quand Alice la blonde entra au pays des Merveilles (expulsée par l’ascenseur sur un carrelage en damier), Alice la brune dut sortir. Cette dernière n’aurait su expliquer comment elle était arrivée dans cette caisse de métal, qu’elle n’avait jamais vue, et pourtant elle y était enfermée, et elle sentait la pression de la gravité à laquelle elle s’arrachait, et soudain les battants s’écartèrent sur le 100ème étage d’un building. Alice la brune franchit le seuil, c’était une large pièce dont la baie vitrée s’ouvrait sur d’autres gratte-ciels et un coin de ciel, elle était vêtue de cuir et avait encore un pieu aiguisé à la main, il y avait dans son regard une lueur qui disait qu’elle était prête à enflammer le monde. Elle était au sommet du monde. Alice la brune contenait sa frayeur sous un masque d’acier, elle n’avait jamais vu la lumière du jour. Elle se sentait perdue car elle ne savait pas si les gens qu’elle apercevait étaient des alliés ou des cibles. Heureusement, elle n’allait pas tarder à le découvrir. Mais ce n’est pas l’objet de cette histoire.