Vendredi 17 août 2007 à 17:00

Encore une nouvelle journée.
Le téléphone obstinément muet, puisqu'il faut bien un moyen de torture moderne.
Encore attendre, errer toujours.

Fée était si belle, avec son petit sourire triste, lorsqu'elle nous a étreint, son roi des sylphes et moi, avant de monter dans cet avion pour Loin.
Un stage, un... Il faut bien vivre.

Je suis retournée à la maison de la Mer mais sans Fée elle n'est plus magique, ce n'est plus qu'une vieille bicoque en ruines. C'étai sûr.
J'ai même invité quelqu'un pour partager ma solitude, lorsque mon ennui fut las de ricocher contre les murs blancs et nus du salon.
Nous n'y faisons rien, puisqu'il n'y a rien à y faire, on s'occupe comme on peut.
Je ne fume pas, ici, sous peine de me faire gronder. Dommage. Ça ferait passer le temps.

Cette femme (puisque c'est une femme), je l'ai rencontré au hasard d'un job. C'est comme ça. Et on s'appelle encore, de temps en temps, ce ne serait-ce que pour se souvenir de ce qui fut.
Elle connaît mon existence par cœur, je n'ignore rien de la sienne.
Il faut bien se confier à quelqu'un.
Ne me demandez pas pourquoi elle. C'est ainsi.

Nous passons nos jours les yeux rivés sur nos cellulaires, faute de moyen de communication plus convaincants, mais personne n'appelle jamais.
J'écris des lettres interminables que je n'enverrai sans doute pas. Tant pis.

Encore attendre, attendre quoi ?
J'ignore seulement pourquoi j'ai quitté l'appart', certes j'y étais seule mais j'y étais bien, j'avais l'illusion d'appartenir au vaste monde et j'apercevais parfois un visage familier par la fenêtre.
Ici il n'y a que de l'herbe et des falaises.
Je devrais rentrer mais… À quoi bon ?

J'imagine que j dois vous en parler, puisque de toute façon je ne fais jamais que parler de moi, j'ai rencontré quelqu'un. Tout ce qu'il y a de plus platonique, rassurez-vous. Pourtant…
Un gentleman. Je lui di vous et pourtant il n'est guère plus vieux que moi.
Lui aussi a du temps à gaspiller, de l'ennui à peupler.
Nous nous voyons, parfois, lorsqu'il est désœuvré, lorsque je n'en puis plus de son absence.

Ici encore je l'attends, le son de ces mots ou…
Mes pensées refusent de s'en détacher.

Il est gentil, je sais qu'il y en a une autre et pourtant il me supporte.
Nous nous asseyons sur un banc, les cigarettes, le briquet passe de main en main.
Nous prenons place dans des salles obscures, chacun de mes atomes tendus vers lui dans sa plus grande indifférence.
Nous observons les vitrines sans prendre la peine d'entrer, nous parlons aussi, parfois, de choses communes et dénuées d'intérêt, nous perdons de l'argent pour oublier que nous perdons notre temps.
Nous rions, les mains crispées su une tasse de café et les manteaux qui délugent, même si nos éclats sonnent un peu faux.
Il me présente ses camarades, lorsque je l'y accule, nous errons, dans des boutiques douteuses, des bars enfumés, des rues endormies…

Peut-être que je le dévore, je dois être si… Enfin, tellement…
Mais il a prit une telle importance, vous comprenez…

Je le cite dans chacune de mes phrases, je m'en rends bien compte, mais ma confidente n'en a guère cure : elle a ses propres démons.

Je voudrais seulement entendre ses mots résonner dans mes oreilles une fois encore…

Alors j'attends. Nous attendons toutes les deux. Que le temps s'écoule. Qu'il apporte des jours meilleurs.

Encore une nouvelle journée.
Le téléphone obstinément muet.
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