Il fallait bien que ça arrive un jour.
On le savait, bien sûr, on l'attendait, bien sûr, de l'oeil du futur père rivé sur sa montre qui attend le dénouement de cette lutte de chairs, à la fois impatient et inquiet (pour des raisons qui lui appartiennent, laissons-le seul avec ses aiguilles), l'horloge en moins, parce qu'on le sent venir, évidemment mais on est jamais vraiment sûr que…
On attend, puisqu'il n'y a rien d'autre à faire.
C'est comme une étape inévitable, un douloureux rite initiatique, un tout petit pas vers l'âge adulte, avec le sang qui va avec, car on ne peut grandir sans blessure.
C'est important, il paraît, on nous l'a suffisamment répété toutes ces années.
Et pourtant…
Et pourtant.
Qu'est-ce que c'est ?
Qu'est-ce que c'est sinon deux corps serrés d'un peu trop près, un baiser qui a mal tourné, des soupirs et des frissons.
Si peu de choses.
Tout cela semble tellement insuffisant.
Où sont les feux d'artifices de mon enfance, quand tout semblait merveilleux ?
Les mots insipides, les embrassades furtives et les étreintes avortées.
Un goût d'inachevé.
Aussi fort que l'on se serre l'un contre l'autre, deux être humain ne feront jamais un, n'est-ce pas ?
Bagatelle.