Vous avez tort. Tous autant que vous êtes. Vous ne pouvez qu'avoir tort.
Vous êtes là, à… sourire, à vous dévorer des yeux, à vous congratuler mutuellement… Comme s'il y avait encore de quoi sourire.
J'aimerai vous tuer pour ça mais le jeu de massacre a assez duré.
Vous ne comprenez pas que vous êtes des pantins. Evidemment.
Vous vous prenez pour des gagnants… Vous savez bien que nous serons traqués, toujours.
C'est de votre faute. Dans tous les jeux il y a des règles. Dans tous les jeux il y a des interdits.
Quel beau jeu de massacre.
L'île s'éloigne, au loin, je devine, j'imagine les corps qui la jonchent.
Des humains, comme vous et moi. N'est-ce pas ?
Quelle blague.
Une dernière cigarette avant de mourir.
Vous… Moi… Tous des pantins, pas vrai ? Des marionnettes.
Au moins, vous et moi aurons quitté l'île. C'est déjà une petite victoire.
Jamais je n'aurai cru qu'il était si facile de rejouer. Jamais je n'aurai cru qu'il était si facile de plonger.
Pourtant, je voulais vivre, vous savez ? Bien sûr que je voulais vivre.
Il y a tant de choses que j'aurai voulu (arrêter de fumer, prendre un appartement avec Keiko, aller à l'université et devenir médecin, oui, aider les autres ça m'aurait bien plu, visiter l'Europe, il paraît que c'est si beau, vivre, bordel, j'aurai voulu vivre et j'aurai voulu qu'elle vive aussi, j'aurai voulu vivre avec elle) et mes espoirs s'amenuisent à mesure que l'île ne devient qu'un point minuscule du paysage.
C'est donc cela, mourir ? Ce n'est pas si terrible.
On avait peut-être rien compris.
Salut, vous deux ! Bon courage… Vous en aurez bien besoin…
Et merci. Avant de mourir, je suis heureux d'avoir eu des amis.