Leurs corps criblés de balles. Ne faire confiance à personne. À personne.
Une seconde boucherie. Une seconde victoire. Et un goût âpre dans la bouche.
À croire que la mort soit mon métier. Voilà qui est prometteur.
Je pensais que je serai soulagé mais je ne sens en moi qu'une vague nausée devant ce carnage. Enfin une réaction humaine.
Qui est le plus monstrueux ? Eux, eux bien sûr… ou moi ?
Les corps jonchent l'île, tout ceci est immonde, une gigantesque absurdité, tout ceci ne peut être réel. C'est impossible. Impossible. Et ces deux pauvres fous, étendus côte à côte sur les rochers.
Quarante-deux petits nègres. Tic tac tic tac.
- n'en resta plus que trois.
Deux moururent naïfs et stupéfaits
- n'en resta plus qu'un seul. Le gagnant.
Le gagnant.
Mais il y a-t-il un réel gagnant à ce jeu de dingues, (que) peut-on gagner lorsqu'on sème la mort ?
De la folie.
Fous, nous l'étions tous, le jeu révèle cela en nous.
Folie meurtrière ou espoir fou, instinct de survie délirant ou candeur démente.
J'ai vu le visage d'une de mes semblables, une gagnante également, dit-on.
Comment cela est-il possible, dites-moi ?
Je crache mon amertume, mon dégoût, par-delà les vagues. Il est temps de rejoindre l'école.