Il y a quelque chose de terrible à regarder les arbres, parfois. À les regarder dans le vert des feuilles.
Les arbres ou tout autre chose, d'ailleurs.
Cette tout autre chose, on le regarde, on le fixe, on s'en imprègne, on le savoure.
Comme s'il n'y avait plus rien autour.
Mais il y a toujours quelque chose autour. Quelque chose à fuir, évidemment.
Il y a le vent qui le caresse, cet orme, juste là, devant moi, le même vent gifle mon visage.
Il est majestueux, les rayons du soleil d'été se perdent dans ses feuillages.
À ses pieds, un peuple d'herbes et de pâquerettes et de boutons d'or tous réunis pour l'acclamer. Et ses deux jeunes amoureux qui s'embrassent passionnément, appuyés contre son tronc. Pauvres idiots.
Alors, on fuit. On cavale sur l'océan de l'imagination.
On ferme les écoutilles, les oreilles sont inertes, pour ne pas sentir les mots acérés comme des éclats de verre qui sifflent dans le vent et se figent dans le cœur (un, deux, trois).
Quel bel arbre, tout de même. En a-t-on jamais vu plus beau ?
Et ces enfants qui dansent autour dans une gigantesque farandole.
Ils ne le font pas, naturellement. Mais ils devraient.
On se croit toujours protégé, par la peau et par les os, par les haussements d'épaules et les sourires sournois effilés comme des lames de rasoir, par l'indifférence et les petits rires légers, un peu désabusés, comme si ce n'était pas vraiment important. Mais alors pourquoi fermer les yeux et les oreilles à défaut d'enfermer le cœur et de pouvoir le jeter à la mer comme une bouteille gorgée d'S.O.S., si ce n'est pas important, si rien, n'est important ?
Les deux petits imbéciles ont déguerpis, on respire mieux.
Je me demande si le tronc de l'orme serait doux au toucher, s'il est saturé des graffitis de tous les gamins irrespectueux qui l'ont croisé, s'il serait indécent d'y graver vous + moi = ♥ mais cela a quelque chose d'amer. Un goût d'amertume dans ma bouche.
Je ne dois pas penser à ça.
Il bat fort, le cœur. On peut le blesser toujours plus, ça ne le dérange pas, il bat, il bat de plus en plus, il bat à vous déchirer la poitrine, boum boum, boum boum, boum boum boum boum boum…
Vous me parlez, mes yeux sont perdus dans un désert chlorophyllien. Rien n'existe que ce désert, et la tempête de sable qui balaye ma poitrine.
Moi ? Ça va. Bien sûr. Ce n'est jamais qu'un chagrin d'amour.
Et puis, tout n'est pas fini, n'est-ce pas ?
Dites-moi que tout n'est pas fini.
Et n'ayez pas l'air si chagriné, ce serait plutôt à moi de..., ne me prenez pas ce qu'il me reste encore.
Respirer. Respirer très fort. Reprendre le contrôle. Esquisser un sourire. Puisque tout va bien.
Si on vous a dit que je vous aime, c'est un mensonge. Mais pour la tristesse...
(et si j'avais la mondre chance d'effleurer ton coeur entre mes doigts, alors...)
J'aime vraiment ta façon d'écrire, de penser et de le retranscrire.
Merci.