Tu tires sur ta cigarette et tu rejettes la tête en arrière, mine de rien tu prends la pause.
Quelques amies te parlent, mais tu n'écoute pas, tout le monde te regarde mais qu'impporte ? Tu as l'habitude.
Tu recraches la fumée et tu t'abandonnes à la contemplation du nuage gris, avec une moue affectée, savamment étudiée devant le miroir (c'est bien la seule chose que tu prennes encore la peine d'étudier) et tu demandes qui sera le prochain sur la liste. Peut-être un intello timide, celui-là tu l'as encore jamais testé. Trop superficielle.
Tu aimes te comparer à une veuve noire : c'est bien l'une des dernières choses à laquelle tu prennes encore plaisir.
Tes « amies » rient en chœur et tu les jauges avec mépris et le silence se fait dans l'instant. Mais tu ne penses pas vraiment à ça.
Tu sors de ta poche ton cellulaire dernier cri et les autres dégainent le leur de concert, comme dans l'attente de directives de ta part, par texto interposé.
Tu demandes à ton père d'envoyer des chrysanthèmes de ta part à la famille de ton copain : il te lasse. Quel est son nom, déjà ?
Tu finis par te décider par un sobre « condoléances » joint à la composition florale.
Tu aimes… Comment dis-tu déjà ? River le clou.
Tu essayes de ne pas songer au visage d'agonie de celui que les hommes de ton père ont poussé par-delà la rambarde du troisième étage.
Souviens-toi, tu l'embrassais hier encore.
Mais tu as déjà oublié.
Tu happes une nouvelle bouffée et attardes tes réflexions sur ta prochaine victime.
Vendredi 1er février 2008 à 23:34
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<< I'm Darkness
J'adore les veuves noires moi, depuis toute petite. (on s'en fout hein?)
Bref ton texte est sublime, j'adore le "quel est son nom déja?" :)