Samedi 30 octobre 2010 à 17:14
Vous savez, ces instants où rien n’a pu être dit. Les mots se pressent au bord des lèvres, en sursis, sans oser atteindre leur destinataire. Les yeux se cherchent, se fuient, s’interrogent, mais dans le silence tout semble suspendu. Des histoires comme ça on en a tous, des moments devenus brulants, des moments immobiles et tout paraît au ralenti. À un inconnu au hasard d’un croisement, l’air perdu. Figé au milieu de l’escalier, il me fixait (ce fut comme une apparition), comme s’il me confondait avec quelque muse destinée à lui montrer le chemin, comme si nous nous étions déjà rencontrés. Il y avait tant de mots dans ses yeux et je ne comprenais pas leur langage. Accaparée par une discussion, je ne pouvais lui lancer que de petits coups d’œil furtifs, interrogatifs, avant de m’éloigner. Vous savez comment c’est, ça a duré moins d’une minute. Et pourtant la marque de ses yeux, je la sentais encore tandis que je m’enfonçais dans les couloirs du métropolitain, je m’attendais presque à ce qu’il me suive ou qu’il demande mes coordonnées à mon amie restée sur le quai. C’était comme un coup de foudre manqué, comme une pierre de plus pour lester le poids des regrets, des occasions manquées. Il aurait suffit d’une phrase (« on se connait ? »), d’un mot (« oui ? ») mais je m’éloignais et l’inconnu qui m’avait dévisagée avec tant d’intensité, à m’en transpercer la chair, avait probablement disparu. Inconnu, que me voulais-tu ?
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