J’aime les grandes villes. Des immeubles nappés de verre, anonymes. Chambre avec vue. J’habite cet appartement comme une rencontre passagère. Les murs nus et le mobilier sommaire rappellent l’hôpital. Mais dans cette ville, il y a Seth.
Une ville, la nuit. Le moule dans lequel il m’a forgée. Les lumières des réverbères et les lanternes des terrasses des cafés, les ampoules sales des clubs où tout se joue dans l’arrière boutique ou les cuisines, il m’enveloppait dans une robe du soir aérienne et on allait dans des bars sordides aux airs de société secrète.
On ne voit ni le ciel ni le sol, les hauteurs semblent former une ville à elles seules, par des ponts invisibles qui semblent se former au sein d’un même étage. L’horizon est barré de bannières publicitaires.
Notre cœur battait au rythme de l’urbain (ce grand cœur de béton), c’est peut-être la seule chose que nous avions en commun. Nous avions besoin d’un microcosme, de mille miroirs pour nous apercevoir. Perfusés aux gaz d’échappements, nous nous nourrissions des pulsations de la foule.