Dimanche 19 avril 2009 à 14:35

Seule comptait alors la pluie qui s'écoulait goutte à goutte sur les manèges abandonnés des enfants, ces monstres tristes dont les grincements ne sont plus couverts par les rires des enfants. Comment faire lorsque le monde s'effondre ?
Enfin je suis seule, les derniers cadavres se brisaient au loin sur les trottoirs, la civilisation, ça me donne la nausée. Personne ne viendrait me rejoindre ici, c'est ma punition. C'est bien.
Les balançoires tremblent encore, le vent, les fantômes hantent ce lieu à jamais inutile, les enfants ne viendront plus, et qu'est-ce que c'était beau un enfant qui riait. C'est pour eux que je l'ai fait.
J'étais aux côtés de quelques uns de mes amis agonisants, je leur devais bien ça, c'est ma punition, et il me semblait discerner dans leurs yeux dilatés par la douleur ce soulagement, jamais ils n'auront à affronter l'âge adulte, ses désillusions, sa lâcheté, ses massacres.
Déjà leurs visages s'effacent, lorsque je serai partie qu'en restera-t-il ?
Autour de moi les vautours, ils viennent nettoyer les lambeaux de mon massacre. Je les aime bien. À les voir je me sens moins seule.
Parfois je regrette. Même Dieu a laissé l'espérance du doute à l'humain. Comme il a dû regretter. Moi, je le regrette. Parfois je me prends pour Son instrument, la conséquence logique et monstrueuse d'un monde déréglé. C'est bien l'humanité qui m'a faite telle que je suis, telle que ce j'ai fait.
Parfois ton visage m'apparait par vague, mon bel amour, ma première victime. Tu ne méritais pas de voir la mort de tous les autres. Tu ne méritais pas de voir ma tendre survie, ma chaleureuse inhumanité, cet assassin au cœur pur. Tu es beau. Qu'en reste-t-il ? Je sais que ta raison aussi se heurtait à ce scandale quotidien, je sais que toi aussi tu rêvais de tout détruire. Comment pourrait-il en être autrement, ma moitié arrachée à mon sein, mon cadavre désarticulé. C'est pour toi que je l'ai fait.
À présent je suis seule, c'est ma punition. Je conjecture, quel animal prendra notre place ? Les vautours me tournent autour, ils se demandent quand je leur servirai de déjeuner. J'essaye de les apprivoiser, sympathiser avec un animal, c'est bien tout ce qui me reste.
Parfois, j'espère mourir bientôt, d'un virus quelconque ou d'un prédateur. Parfois, je pense à toi. C'est bien.

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Par Boulevard.clandestin le Dimanche 19 avril 2009 à 14:42
C'est beau. Merveilleux.Et magnifiquement écrit.
Par Thique-tak le Dimanche 19 avril 2009 à 15:58
C'est fluide, rythmé, agréable. Un ptit conseil, tente de mettre une ptite métaphore , je pense que ca rendrait un tout immensément poétique^^
Bises ^^ je vais fouiner le reste!
 

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