Jeudi 5 juillet 2007 à 23:08


Le vent balaie les eaux, il les tourmente, les effleure, les fait frissonner avec un malin plaisir…
Un vent de tempête, à n'en pas douter.
Peu importe.
J'augmente un peu le volume de la chaîne (il faut bien couvrir le tumulte), et je me force à avaler un yogourt.
Je n'aime pas manger. Ça ne me semble pas naturel, comme une oie qu'on aurait trop longtemps gavée.
J'ai loué une maison au bord de la mer, pour fuir ce que je prends pour des problèmes, tout en sachant que ça ne résout rien.
Je ne pense plus à Yuu (il était temps), Meiko est chez lui pour quelques semaines, elle doit être heureuse.
Je ne me sens pas vivante.
La maison que j'occupe est superbe, ancienne, trop vaste pour moi seule, tout cet espace m'étouffe.
Je passe mes journées au cyber-café, je me demande pourquoi je suis partie de mon appartement.
Perdre du temps face aux pixels, je sais très bien le faire chez moi. Et pour moins cher.
Je reconnais cependant que leur cappuccino est excellent.
Je me sens un peu perdue.
Je passe mon temps à discuter avec des gens que je n'ai jamais vu –ou non-, j'ai rencontré mon âme soeur grâce à Fée électricité et autre sorcier Internet, il est marié. Et puis après.
Je me raccroche à des mots sans doute factices, de la poudre aux yeux, tout au plus. Des souvenirs. Des petits détails futiles, un peu stupides et creux. Ça me rend heureuse : lors de mon retour à la « civilisation », j'ai un rendez-vous pour le travail avec un garçon à qui je plais peut-être, bien qu'il voit quelqu'un d'autre. Alors…
S'il m'intéresse ? Bien sûr…
Ce n'est pas comme si j'avais quelqu'un.
Et puis il y a cette connaissance croisée chez un ami… Il a dit qu'on se reverrait peut-être. C'est un signe, non ?

Finalement, ce séjour a été utile.
Les embruns ont lavés ma mélancolie.
Je me sens apaisée, comme l'océan après l'ouragan.
Je jette le pot de yaourt. Il en reste un peu au fond : aucune importance.
Au moins j'ai réussi à consommer le reste. C'est bien.
Je risque un coup d'œil au dehors. La tempête a tiré sa révérence, on dirait.
Je compose un numéro sur mon téléphone. Il est temps de rentrer chez moi.

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