Soirée, automne. Un vent frais charrie des feuilles qui flamboient, il se glisse jusqu’aux chairs, morsure intime. Un parc faiblement éclairé par des flammes qui tremblent, des soleils épuisés. Des sentiers sombres, pavés de mélancolie. Un lac d’encre de Chine et des poissons énormes, avides, gavés par les visiteurs malgré les interdictions.
Peut-être que ce soir n’existerait pas s’il n’y avait une femme. Tout commence toujours par une femme.
Seule. Il est tellement difficile d’être seul à présent. Personne ne comprend qu’on puisse se suffire à soi-même. Personne ne comprend qu’on soit las de cette altérité bruyante, tapageuse, épuisante. Se fréquenter, pourquoi faire si ce n’est pas pour partager. Si ce n’est pas pour progresser. C’est tellement lassant. Se battre pour être avec autrui, se supporter, en tirer plaisir.
Ils ne comprennent pas.
Ils ne comprennent pas.
Seule. Un café dilué, sucré, lactée. Pour mieux se concentrer, réfléchir. Regarder le monde, les arbres lorsqu’ils se croient seuls. Il suffit de tendre à l’immobilité, ne plus faire qu’un avec ce banc usé. Unir son souffle avec le vent.
Tout est tellement calme. Tellement reposant. L’obscurité permet cette communion, se perdre.
Une parenthèse. Loin des obligations, du trépignement du monde. Respiration. Le souffle du bosquet, du talus. On aimerait être devant des étendues vertes infinies mais il n’y a jamais que le frisson urbain. Asphyxie.
Le gobelet est vide et froid, un souffle a emporté les derniers oiseaux, le froid : on oublie de vivre. Il est temps de rentrer.
J'aime encore, beaucoup