Je me noyais en lui à ne plus devenir qu’une argile de désirs, de rêves. Et pourtant dans mes sourires voilés il devenait ma chose, j’avais la satisfaction de le mettre à genoux, abdiquant, et j’étais victorieuse, tout devenait si simple. Car je n’avais plus à être double, à être fausse.
À vrai dire il m’a vaincue. Il m’a vaincue depuis la première fois que je l’ai vu.
En moi il n’y avait que lui et pourtant il n’était qu’une image creuse, dépossédé de lui-même, et à la place j’y mettais ce golem inconsistant et docile en dépit du peu que j’avais butiné de lui. Je ne le connais pas et pourtant je le désire, tout ce que je pourrais contaminer, tout ce dont je pourrais prendre possession. Désir monstrueux.
Ces bribes de lui qu’il partage… elles m’électrisent.
Des milliers de bras se tendent, entre nous un abîme. Je suis double : celle qui tombe et celle qui tourne les talons.
Souvent je me suis demandée pourquoi lui, toujours lui. Je ne suis pas du genre patiente. Je ne suis pas du genre constante. Je suis l’éternelle traitresse.
Pourquoi lui, je ne le connais pas. Et ne le connaitrais sans doute jamais.
Pourquoi lui, je ne le connais pas. Et ne le connaitrais sans doute jamais.