Peut-être suis épuisé, peut-être ne suis-je qu'un affreux connard.
Toujours ces bars enfumés, toujours ces cocktails trop sucrés et cette fille qui danse sur les tables.
J'aime toujours autant fumer mais chaque bouffée m'écoeure.
J'aurais aimé être romantique, voire romanesque, et vous dire que ce soir enfin j'aborderai la seule qui en vaille la peine, la brune étrange rivée à la table du fond, celle qui n'a pas décroché un mot de la soirée, celle qui accompagne la blonde que tout le monde regarde, celle qui est atterrie là un peu par erreur, un peu par hasard, pas la jolie : sa copine.
Mais je ne suis qu'un homme, j'offre un verre à celle qui massacre le comptoir de ses talons, la sexy, l'aguicheuse, celle avec qui je n'aurai bientôt plus besoin de parler, celle à qui je n'aurai bientôt plus rien à dire.
Elle est belle, son décolleté attire mes yeux, elle ne me plaît pas, je la raccompagnerai chez elle, ce soir.
Quel bonheur de se détacher, de n'être qu'un objet jetable.
Ça y est, elle m'embrasse goulûment, je cherche le regard de sa compagne, je le croise, elle détourne les yeux. J'y ai lu du dégoût.
Toujours ce même manège.
Je crois que ça me plaît.
Je jette un coup d'œil à l'horloge. Tard. Beaucoup trop tard. Encore.
Je ne veux plus m'arrêter.
Je jette délicatement son manteau sur les épaules de la décolorée, elle me lance une œillade et susurre « quel gentleman ». Tu parles.
Un dernier regard à l'Antigone du fond du bar, à demi-voilée par la pénombre et la fumée.
Demain, peut-être.
Mercredi 7 novembre 2007 à 22:40
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