Il s’infiltrait partout. Il avait ses combines. Il faisait semblent de retrouver de vieilles connaissances, ils savaient mettre subtilement mal à l’aise les gens pour qu’ils lui cèdent en tout. Nous évoluions dans des salles dont les plafonds ployaient sous les lustres de cristal et les fenêtres sous les tentures, comme si nous étions parfaitement à notre place. Nous étions chez nous partout.
Lorsqu’ils se trouvaient face-à-face, dans la fausse intimité d’un café bondé, il leurs tournait autour comme on tourne autour d’une proie.
Il devenait dangereux, inquiétant… il s’approchait de leurs bouches d’un peu trop près, il se penchait vers elles pour les acculer à la fuite… elles étaient envoutées, elles étaient désorientées… elles finissaient par se glisser aux toilettes pour se remaquiller, pour déposer une goutte de parfum au creux de leurs gorges, pour ne plus avoir à soutenir son regard, reprendre leurs esprits…
Si elles laissaient leurs portefeuilles ou un objet de valeur, il disparaissait avec. Sinon, il retentait sa chance.
Mais les femmes sont naïves, il avait rarement à prendre un second rendez-vous.