Je t’écris parce que je n’y tiens plus, parce qu’il est tard et que la fatigue commence à poindre, je t’écris parce que je ne sais plus quoi faire pour ne plus déchoir davantage dans ton estime. Je t’écris pour répondre à toutes les questions que tu ne m’as pas posées. Comme ça au moins, on pourra en parler…
Je suis désagréable, oui. Je ne sais pas si tu le mérites. De toute façon je n’ai jamais été quelqu’un de gentil.
Tu me connais : je fais toujours passer mon propre bien-être avant celui des autres. Avant le tien. J’ai essayé, pourtant… Contrairement à toi, je suis incapable de prendre sur moi.
Désagréable. Accusatrice, aussi. De toute façon, ne te fais pas d’illusions, tu n’en feras jamais assez, c’est toujours de ta faute, tu auras toujours tort.
Je ne suis pas d’humeur à te donner raison.
Moi, mes illusions, elles se sont dispersées, balayées par un vent brûlant, chargé de sable qui pique les yeux et qui étouffe, je ne te fais plus confiance.
Je sais que je t’ai fait subir bien pire tourment, et que c’est un miracle que tu ais survécu à la tornade, je ne prétends pas que cette défiance soit justifiée. Mais c’est ainsi.
Lorsque tu me dis que tu m’aimes, tu mens. Lorsque tu dis que je te manque, tu mens.
Je n’ai pas envie que tu cherches à te rattraper, que tu cherches à me rassurer, je ne crois aucun des mots qui sortent de ta bouche. Mais je préfère encore ça que le silence.
Ce n’est pas de l’amour, c’est l’habitude.
Parlons-en, du silence. Je suis lasse d’avoir toujours à faire le premier pas pour avoir un mot de toi. Juste un je t’aime famélique lorsque que tu te souviens de moi.
Ce jeu compte plus que moi, ça y est. Pourquoi ne joue-t-on plus ensemble comme autrefois ? Tant pis.
Je ne suis pas déçue. Je n’attendais rien.
J’ai envie de m’enfuir. Avant de tout gâcher. Avant que tu cesse de m’aimer pour de bon, puisque c’est inéluctable, l’engrenage commence à mettre ne branle ses rouages, c’est une question de temps, rien ne sera plus comme avant. Partir avant de te décevoir. De te déplaire… Avant que tu ne restes avec moi que par pitié ou par habitude, et peut-être est-ce déjà le cas.
Et pourtant comment pourrais-je m’y résoudre. Tu es trop ancré en moi, j’ai l’impression que toi et moi avons atteint une certaine harmonie que je ne retrouverai pas si facilement auprès de quelqu’un d’autre. Tes caresses. Nos sous-entendus qui ne regardent que nous. Des souvenirs et des projets. Un pilier dans mon existence et ta main sur ma jambe sous la table. La musique. Ton odeur. Le jeu. Nos insupportables taquineries. 9 mois. J’en oublie. Je me sens trop proche de toi à présent pour pouvoir tourner la page aussi facilement qu’avec les autres.
Et pourtant, ce que tu m’as dit ce jour-là… Moi aussi il m’arrive de douter, plus que ce que j’ai pu te dire. Mais je passe dessus. À cause de ça. Il suffit que je réfléchisse un instant. Nos habitudes. Ces futurs que nous voulions mêler. L’eau qui déborde lorsque tu t’en vas, bien malgré moi. Tout cela me rappelle combien je tiens à toi et les doutes s’effacent.
Je me surprends à chérir ces petites attentions qui t’échappent et qui viennent corroborer tes mots. Mais peut-être n’est-ce là encore qu’habitude.
Mais je t’en prie. Je ne te retiens pas. De toute façon à la lecture de cette lettre nul doute que tu ne m’aimes plus, c’est bien normal.
Si c’est ainsi, alors vas-t-en.
Je ne tiens pas à passer pour une pauvre fille inconsolable.
Je m'en vais bien avant l'heure
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais avant que l'on ne se laisse aller
Je m'en vais avant que l'on ne puisse en rire
Je m'en vais en gardant toute ton odeur
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais avant de te détruire
Je m'en vais pour que tu ne m'oublies jamais
Je m'en vais en te voyant sourire
Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais avant de te découvrir
Je m'en vais bien avant de te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je n'ai aimé que toi
Je t'embrasse jusqu'à en mourir
Je m'en vais pour tout recommencer
Je m'en vais pour ne jamais m'assagir
Je m'en vais car tout est si léger
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais pour ne jamais t'oublier
Je m'en vais sans même te l'écrire
Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais bien avant de te découvrir
Je m'en vais pour ne jamais te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais bien avant de te détruire
Je serais ton copain, en voyant ça je commencerais à me poser des question... neuf mois? c'est un chiffre un peu autobiographique non?