Un cours ordinaire, du temps à décapiter. Ils discutent en scriptural : on s’occupe comme on peut. Elle ne peut pas, il est joueur : elle ne sait jamais lorsqu’il est sérieux.
Tout cela n’est qu’un jeu, un passe-temps. N’est-ce pas ?
- C’est la troisième fois que tu me fais des avances, je vais finir par te prendre en sérieux. En même temps, tu ne dois même pas te souvenir des deux premières.
- Quatrième, si on compte le cours de xxxxx.
Son cœur bat plus fort. Il s’en souvient. Comme si leur conversation était autre chose qu’un courant d’air. Comme s’il avait un peu d’intérêt pour elle. Elle voudrait y croire mais elle ne voudrait pas se surestimer. Ou sous-estimer la légèreté de son interlocuteur. Elle ne peut pas lui faire confiance. Parce que ça fait trop mal.
Elle le regarde de biais, il reste impassible. Comme toujours. Elle ne sait pas lire sur son visage.
- Encore plus. Je te rappelle cependant qu’il y a un prix à payer. Je n’offre pas mon corps au premier venu, j’ai un peu plus d’estime de moi.
- Tu es libre les deux dernières semaines d’août ?
- ???
- J’ai pris des billets pour le Japon. Tu peux venir ou pas ?
- Genre. Vous les mecs vous racontez vraiment n’importe quoi pour arriver à vos fins =) passe-moi mon billet on en reparle à la rentrée =p
Elle se tourne vers lui, elle essaye de déchiffrer les signes dans les yeux de son interlocuteur.
Il se penche vers elle, passe doucement sa main sur sa nuque et l’embrasse. En plein cours, devant la classe, le professeur.
Elle le repousse, horriblement gênée. Elle se sent parfaitement et totalement ridicule, elle a conscience de tous les regards braqués sur elle tandis que son voisin se lève en s’excusant auprès du professeur « je suis désolé, c’est ma faute, je sors. ». Les chuchotements dans son dos… Elle tape discrètement un texto dans sa poche « Tu es dingue. On en reparle après le cours. » Il sut qu’il avait gagné.