Les hommes n’aiment pas les femmes qui parlent. Les hommes les préfèrent avec la langue qui trébuche, dont les mots s’échangent, les femmes exotiques qui parlent peu parce qu’elles viennent d’ailleurs. Lait noir, je bois l’encre car je ne peux plus parler. J’ai rencontré Dorian lors d’une projection. Je me souviens, c’était un salon anglais, avec des moulures dorées, la nuit. On ne me voit pas bien le jour. Dorian était prêt d’une fenêtre, il songeait à partir on m’a projeté juste à côté de lui, hologramme en trois dimensions pâlie et précaire, s’éteignant par intermittence. Ils croient que je ne sais pas parler. Je parle toutes les langues, mais personne ne m’écoute. Je me suis glissée dans les fibres des haut-parleurs, je me suis mêlée au vent. Lait noir, je bois la suie pour ne pas disparaitre. J’ai pu chuchoter quelques mots hésitants à l’oreille de Dorian, bien sûr il m’a entendue car nous sommes faits de la même lumière. J’ai saisis sa main et j’ai pu l’emporter, nous étions quelques photons dans une fibre otique, nous traversions le miroir et je lui montrais mon monde. Nous étions les images humaines, réfugiés à l’abri dans le virtuel, le monde du possible. Lait noir, je bois l’ébène pour battre l’ivoire.
nous nous enfonçons au cœur du système. Ça y est, je suis heureuse.