Il s'en suivit un entretien étrange : elle ne voulut rien me dire, ni sur elle ni sur ces autres, mais en revanche, elle parvint en détournant sans cesse la conversation avec dextérité, à ma faire parler de moi, ma vie, mon œuvre, mon nombril, en long, en large, et en travers, accueillant mes confidences avec des hochements de tête entendus.
Je ne la reconnaissais plus, elle si loquace autrefois, et pourtant elle avait gardé quelque chose de son assurance effrontée d'étudiante, de ses façons maniérées de flamber ses cigarettes, de son rire cristallin, de ses gestes félins, et de sa façon de passer sa main dans ses cheveux, machinalement.
Et puis tout à coup elle s'éteint, elle décroche, ses yeux se diluent et elle se love dans une réserve presque offensive, comme s'il en voulait à l'humanité entière de la contraindre à exister.
Quelque chose s'est brisé en elle.
« Tu vas bientôt mourir, c'est ça ? » je finis par demander, parce que c'était la seule explication.
« Ne sois pas ridicule. » a-t-elle rétorqué d'un sourire las.
Puis elle est rentrée.
Je l'ai immédiatement remarquée.
J'ai toujours été attirée par ce qui est beau.
Je ne sais pas, une lubie d'adolescence.
D'autres collectionnaient les timbres, jouaient de la guitare, couraient après une balle.
Moi, je remplissais des albums avec des photos que je trouvais belles.
Je dois en avoir quelques-uns de Cassandra, d'ailleurs, je la trouvais magnifique.
Je les feuillette encore, parfois.
La nouvelle arrivée est belle. Vraiment belle.
Comme n'ont pas manqués de le souligner regards appuyés, peut-être même sifflements pour les plus audacieux.
Dimanche 17 février 2008 à 0:02
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