Samedi 29 janvier 2011 à 22:54

http://melancholic.cowblog.fr/images/Couple2.jpg

Peut-être que j’ai trop d’imagination. Moi, je pense que le réel se glisse dans les brèches du vraisemblable.
 
Ça a commencé par une remarque anodine. On parlait de la vie sentimentale supposée d’un professeur (le genre de débat oiseux qui occupe les cours de récréation) et là, Xav a dit d’un ton définitif, avec un petit sourire en coin (le sourire de celui qui sait) : « non mais c’est fini avec son ex » mais il refuse de dire un mot de plus. Que sait-il ? Comment le sait-il ? Pour moi, une seule solution : ils sont ensemble.
Alors je me suis mis à chercher les signes d’une affection interdite, juste au cas où.  Une indulgence inhabituelle, des regards un peu appuyés… bien sûr, mon professeur saurait rester professionnel. Mais Xav… ne serait-ce qu’une forme de triomphe.
Bien sûr, ils ne pouvaient pas s’afficher au lycée ou dans ses alentours. Le directeur a des yeux partout. Il fallait donc qu’ils se voient chez le prof. Je guettais donc leurs arrivées (étaient-elles proches, avaient-ils l’air fatigués en même temps ?), leurs départs (allaient-ils dans la même direction ? Parfois j’en suivais un, de loin, mais je n’avais jamais pu les confondre).
Je me demandais comment cela avait pu se faire. Moi qui n’ai jamais rien osé, j’étais très intriguée par ce basculement, le moment où l’improbable devient possible.
Plus que le côté interdit, ou la difficulté à concilier deux relations (prof/élève et entre amants), c’était vraiment le début qui m’intriguait. Je les guettais pour voir s’ils étaient en tête à tête, je me demandais si c’était comme ça que ça avait commencé.
J’imaginais une interrogation orale, deux dans une salle exiguë. C’est toujours un peu intimidant, une interrogation orale. Tout à coup, on ouvre une porte sur soi à quelqu’un de tellement distant et tellement proche… une interrogation orale, le cadre est différent : les chaises se rapprochent, les regards s’ancrent l’un dans l’autre, un dialogue s’installe. Ça n’a pu commencer que comme ça : un regard un peu trop insistant. Etre trop direct, c’est un risque trop grand. Juste de quoi semer le doute. Et puis ensuite peut-être une plaisanterie, une petite remarque en quoi (« jolie chemise », « intéressant, cette couverture »). N’importe quoi pour induire une intimité, donner le signe d’une sorte d’élection ordinaire. Une remarque sur l’être pour remettre les corps sur le devant de la scène.
Je me demande qui a fait le premier pas.  Le professeur, une main qui s’attarde en rendant un devoir, en tendant un stylo ? Une audace de l’élève, un numéro de téléphone négligemment oublié sur une table ? Un soupir de regret, une allusion (« quand je ne serai plus ton professeur… », « en juillet… »)… non, trop dangereux. Peut-être une rencontre de hasard, loin du lycée.
Comment l’engrenage s’est-il mis en place ? Si c’est le prof qui a commencé, Xav était-il déjà séduit ? Intrigué, circonspect, curieux, craintif à l’idée des conséquences d’un refus ? A-t-il hésité ? Et si c’est Xav, le prof a-t-il résisté longtemps à ses avances, en raison des risques ? Ont-ils passé un accord, attends-moi jusqu’à la fin des cours ? Le prof était-il gêné ? A-t-il craint qu’on cherche à le piéger ? Et leur premier baiser ? Je ne crois pas à un effleurement furtif dans une salle de classe. Peut-être la conclusion de plusieurs rendez-vous. Je les vois bien, retenus côte à côte, trop mal à l’aise pour parler sur la banquette usée d’un bar bondé, le genre où j’ai vu le prof entrer parfois quand je le suivais, un samedi soir, attendre que le temps passe sans oser partir et lentement leurs lèvres se scellent par désœuvrement. À moins que dès les premiers rendez-vous ils n’aient été comme intimes, comme s’ils étaient destinés l’un un l’autre. Ou peut-être qu’ils voulaient juste s’amuser. Mais je n’y crois pas.
La suite n’est pas intéressante, la suite n’est qu’un mécanisme bien huilé, une petite musique. Moi ce que j’aime, c’est quand tout devient possible. Moi, je crois que c’est une vraie histoire d’amour. Mais peut-être que j’ai trop d’imagination.
Par lalileloluly le Samedi 29 janvier 2011 à 23:58
sourire moqueur mais léger .
Par imparfaiite le Mercredi 2 février 2011 à 15:16
J'ai déjà vécu cela, relation avec un professeur, à la limite de l'interdit. Et je comprends, alors, le sourire de triomphe. Cela ne signifie pas forcément que la relation soit si intime que cela. Mais la première victoire, c'est l'accès à l'intime.
(Au fait, tu es toujours en prépa?)
Par imparfaiite le Vendredi 4 février 2011 à 16:30
Ehehe, maintenant je peux te comprendre ^^ !
Par imparfaiite le Samedi 5 février 2011 à 17:50
A/L à Louis le Grand :)
 

Envoyer un farfadet à Brocéliandre

Note : melancholic n'accepte que les commentaires des personnes possédant un compte sur Cowblog : vous devez obligatoirement être identifié pour poster un commentaire.









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://melancholic.cowblog.fr/trackback/3082509

 

<< I'm Darkness | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | I'm Sin >>

Créer un podcast