Samedi 15 décembre 2007 à 23:39


Rien n'a de sens, plus rien n'a de sens, absolument rien, vous m'entendez ?
Chaque soir, je rejoins le gang.
Faute de m'envoler, je préfère encore me brûler les ailes.

Ce soir encore nous cernons les flammes. Ce doit être Tania qui a mis le feu à une poubelle. C'est agréable, cette chaleur dans la fraîcheur tardive de décembre.
Quelques-uns manquent à l'appel, peut-être ont-ils été blessés, peut-être sont-ils en train de se battre.
Ce n'est pas vraiment important, j'imagine.


Je tends mes mains vers le brasier et pense un peu à mon père en attendant que l'une de nous prenne la parole.
Ça m'arrive, parfois.
Cette nuit non plus, je ne rentrerai pas, peut-être que le lycée appeler encore pour signaler mon absence, s'il n'est pas las de ne parler qu'à une boîte vocale.
Qu'est-ce qu'ils pourraient faire contre ça ?
Qu'est-ce que vous voulez faire contre moi ?

Sans doute mon père va-t-il encore hurler qu'est-ce que tu as fait, accuser ma mère de mes frasques avant me lancer quelques assiettes s'il est en forme.
Ma mère ne dira rien. Cela fait bien longtemps qu'elle a baissé les bras.
Je la méprise de la voir si faible alors que le gang me rend si forte.

Mon père est bien plus divertissant : il n'abandonnera pas.
J'oppose à ses emportements une indifférence tranquille, dans le seul but de le faire enrager. Cela donne généralement des résultats inespérés.


Je ne me souviens plus très bien de comment tout cela a commencé.
Lorsque je les avais rejointes, nous étions cinq.
Cinq âmes à la dérive, cinq âmes qui se noient.
Nous étions bien… Mais il faut croire que nous n'étions pas destinées à être seules.

Je pourrais vous dire que j'étais seule, cette nuit-là. Que je marchais depuis longtemps déjà dans les rues vides, mes talons aiguilles à la main et les collants filés, dans une tenue que ne devrais pas porter une jeune fille je ne savais ni où j'étais, ni pourquoi je marchais ainsi sans but, ni qui j'étais, et ça n'avait presque plus d'importance.
J'attendais quelque chose, quelqu'un.

J'ai vu un feu au loin, et comme un papillon, je me suis laissée attirer par la lumière.
Ça aurait pu être très dangereux. C'était très dangereux. Mais ce n'est pas comme si ma vie avait une valeur, déjà à l'époque. Surtout à l'époque.
J'avais le sentiment de rentrer chez moi, cette nuit-là.

(à suivre ?)

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