Encore une lettre qui ne parviendra jamais à son destinataire.
Ce n'est pas facile de vous en parler, vous savez. Pas facile d'amener le sujet sur le tapis, doucement, insidieusement, sans en avoir l'air, sans faire de vague… Même pas sûre d'en avoir envie.
C'est dur, vous savez ? De vous voir me sourire, rire avec moi, même, et me donner une bourrade amicale et d'effleurer mes doigts et…
Et moi de sourire pareillement, mais…
J'ai envie de vous questionner, sur vous, ce que vous ressentez, et avez-vous des nouvelles de L., des deux L., d'ailleurs, et est-ce que vous pensez souvent à elle et si vous pensez parfois à moi, j'ai envie de scier consciencieusement la branche sur laquelle je repose, un miracle en équilibre, un pied sur l'écorce et l'autre à brasser le vent.
Peut-être vaut-il mieux ne pas savoir…
Vous êtes tellement gentil, tellement…
Impossible de savoir sur quel pied danser, de lire les augures dans les gestes que vous esquissez, l'espoir s'avance et se retire, comme une mer acide qui émousse les bords de mon coeur.
En êtes-vous seulement conscient ?
Je m'en veux, de m'imposer à vous, de ne pas pouvoir m'empêcher de vous toucher comme pour m'assurer de votre réalité, de vous agresser de mes gestes possessifs, je m'en veux de vous dévorer votre temps et votre espace, de vous faire attendre, de vous réveiller à l'aube, dans peut-être ce désir égoïste d'entendre votre voix, vos mots…
Je ne suis peut-être qu'un parasite.
Mais je vous aime, vous savez. À vos risques & périls.
Comme si cela me donnait des droits sur vous.
J'ai parfois le sentiment de me tromper, d'aller droit dans le mur. Et avec le sourire.
Que vous ne m'aimerez pas, quoi que je fasse, que je me trompe de sentiment, que les moments passés à vos côtés sont juste une façon comme n'importe quelle autre de consommer l'ennui, qu'aussi longtemps que je resterai avec vous ne sont qu'autant de leurres, parodies d'une quelconque relation, d'une quelconque amitié, et pourtant votre amitié c'est tout ce qui me reste.
Mais je me trompe… N'est-ce pas ?…
J'aimerai que vous cessiez d'être ainsi, fondamentalement adorable car telle est votre nature, car je ne peux m'empêcher d'y voir autre chose, le spectre de… mais je me trompe, n'est-ce pas, je sais qu'il n'y a rien, rien que mes chimères, j'aimerai que vous cessiez de m'accorder ces étreintes fugaces qui ne m'apportent qu'un réconfort teinté de tristesse, comme une friandise au cyanure.
Le mieux serait sans doute de prendre le large, n'est-ce pas, jusqu'à ce que vous ou moi changions d'état d'esprit.
Mais ce n'est pas si simple, pas vrai ?
Mardi 24 juillet 2007 à 23:24
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