Machi
Le paysage défile par la vitre.
Je suis dans le train.
Confortablement enfoncée dans mon siège, écouteurs aux oreilles, je m'enferme dans une bulle de musique et de solitude.
Je ne te dirais pas où je vais, ni qui je vais rejoindre, encore moins ce que je vais devenir.
Peut-être parce que je l'ignore. Qui sait.
Je suis presque bien, ici. Pour une fois.
Je n'ai besoin de rien... rien n'a besoin de moi...
La fenêtre me happe, je m'échappe.
J'ai envie d'un thé. Sans sucre. J'ai presque faim.
Non, je n'ai pas faim. Je n'ai pas besoin d'avoir faim. Je n'en ai pas le droit.
La faim m'est étrangère. Totalement étrangère.
De toute façon...
Et toi, Machi ? Est-ce que tu vas mieux ? Je le sens. Je le sais. Racontes-moi.
Kakéru m'a demandé de ne pas partir. Pour toi.
Comme si ça changeait quelque chose.
Il m'a parlé de la présidente de l'association, une certaine Yun-Yun (drôle de prénom).
Tu t'entends bien avec elle ? Est-ce vrai qu'elle s'habille comme un homme pour raisons familiales ?
Si je te pose toutes ces questions, c'est que je ne sais pas s'il m'a dit la vérité.
Je n'arrive jamais à discerner les moments où il plaisante de ceux où il est sérieux.
Vas savoir pourquoi.
Je dois te laisser, Machi. Le train s'arrête.
Peut-être que je suis arrivée à destination.
Peut-être.