Ils marchaient côte à côte, lentement. C’était un instant volé, ils ne se connaissaient pour ainsi dire pas, se croisaient sans se parler comme tant d’âmes se côtoient.
Elle souriait doucement, à personne. Elle était contente.
Ils parlaient très vite, se coupaient, craignant de ne finir leur phrase, leur idée, avant d’être séparé.
C’était un instant comme ça, un lambeau de hasard.
Soudain, à son sourire qu’elle ne parvenait pas à réprimer, il lui prit le bras et la força à pivoter pour le regarder dans les yeux.
- Tu ne serais pas amoureuse de moi quand même ?
C’était une phrase comme ça, une idée débile et prétentieuse qui venait de lui traverser l’esprit. Il la regrettait déjà.
Elle posa sa main sur son bras et le regarda avec la plus extrême condescendance.
- Ne me dis pas que tu l’ignorais, quand même.
Sentant qu’elle en avait trop dit, ses yeux se voilèrent, elle se dégagea et s’est dissolue dans la foule, lutine urbaine.
Il garda le bras en suspension quelques instants, comme sonné, puis le laissa lourdement retomber le long de son corps. S’il s’était attendu à ça.
Il reprit alors sa démarche soucieuse, un peu perdu, ne sachant plus très bien où il allait.