Samedi 3 janvier 2009 à 13:06

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Je sais ce qu’elle ressent, je sais qu’elle veut partir, courir toujours droit devant elle jusqu’à se laisser emporter par la neige. Je le sais cependant que je plante mes dents dans son cou.
Ma vengeance, ma tendre vengeance, qui se prélassait en attendant son heure jaillit enfin de mes mâchoires.
Je sens sa vie, son sang couler dans ma gorge. Je lui avais dit que je serai prête à tout pour elle, je ne suis pas une parjure, contrairement à elle, je sens l’acide de sa trahison se rependre dans mes veines brûlantes.
Celui qui a dit que la vengeance est un plat qui se mange froid ne doit pas être familier des vampires, il est tellement plus agréable de sentir la proie s’éteindre entre ses bras, comme une liaison tragique.
Je lui avais dit que rien ne nous séparerait jamais, nous aurions pu être unies par la vie nous voilà unies par la mort : la sienne et celle de mes cellules.
Ceux qui croient les vampires éternels n’ont pas dû comprendre que ce n’est qu’un sursis, un moyen de tenir artificiellement ses cellules en l’état jusqu’à devenir poussière pour de bon.
Gorgée de son sang de traitresse je suis invincible.
J’entends son cœur qui bat encore un peu, j’espère qu’elle souffre le martyr.
Je ne suis pas capable de pitié, je ne suis pas miséricordieuse. Je ne suis qu’un monstre comme les autres.
Tandis qu’elle meurt je lui chuchote à l’oreille les mots qui font mal, je sais que malgré les années elle ne l’a pas oublié, et moi non plus.
Je sais que je peux la faire mourir de douleur, je sais qu’à cet instant précis elle est totalement désespérée.
Alors je la laisse étendue dans la neige, à mourir de froid et de bien d’autres tourments. J’entends son âme s’envoler et je rie doucement en courant à travers la tempête.

Samedi 3 janvier 2009 à 12:05

Je ne comprends plus très bien. Je ne sais plus ce qui est bien, ce qui est vrai, et personne ne prend la peine de m’expliquer, car je suis belle, je suis riche, je suis célèbre. Je suis leur idole mais le bucher attend patiemment ma chute dans mon jardin des Hespérides.
Je ne sais plus très bien qui je suis, je sais juste qu’il y a cet autre en moi qui menace de sortir et de leur trancher la gorge et d’avaler leur tête tout rond. Je tente de contenir le monstre en moi mais j’en oublie le reste, tout ce qui m’est cher s’arrache douloureusement de moi, et mes souvenirs et les gens que j’ai aimé, je tente de retenir la créature dans les limites de mon enveloppe corporelle, ce monstre qui m’a sauvée, qui a fait de moi ce que je suis, mais il n’y a pas de don sans malédiction.
Ça a faim, alors ça me dévore à défaut de croquer mon assistante.
Je suis perdue dans une illusion dorée, le monde autour de moi m’est étranger, je suis étrangère à moi-même, alors je frappe la glace, encore et encore, jusqu’à ce que le froid anesthésie mes phalanges sanglantes.
Le monde est beau, je cligne les yeux pour affronter le scintillant.
Un garçon m’embrasse, je ne sais plus qui il est, je ne sais plus si c’est bien ou illusoire, alors je le laisse faire.
Il me dit qu’il m’aime, encore et encore, et j’essaye de faire taire le monstre qui en ferait bien son déjeuner. Je ne sais plus qui est ce garçon mais je crois que j’ai de l’affection pour lui, alors je fais terre l’horreur qui se love dans mes entrailles.
Ma vie est un conte de sorcières et de diablotins où je n’ai encore tué personne mais je sais que c’est le genre d’histoire qui finit toujours mal.

Mercredi 29 octobre 2008 à 12:34

Je m’étais promis de ne pas écrire, mais je suis trop faible pour tenir mes promesses.
Je t’écris parce que je n’y tiens plus, parce qu’il est tard et que la fatigue commence à poindre, je t’écris parce que je ne sais plus quoi faire pour ne plus déchoir davantage dans ton estime. Je t’écris pour répondre à toutes les questions que tu ne m’as pas posées. Comme ça au moins, on pourra en parler…

Je suis désagréable, oui. Je ne sais pas si tu le mérites. De toute façon je n’ai jamais été quelqu’un de gentil.
Tu me connais : je fais toujours passer mon propre bien-être avant celui des autres. Avant le tien. J’ai essayé, pourtant… Contrairement à toi, je suis incapable de prendre sur moi.

Désagréable. Accusatrice, aussi. De toute façon, ne te fais pas d’illusions, tu n’en feras jamais assez, c’est toujours de ta faute, tu auras toujours tort.
Je ne suis pas d’humeur à te donner raison.

Moi, mes illusions, elles se sont dispersées, balayées par un vent brûlant, chargé de sable qui pique les yeux et qui étouffe, je ne te fais plus confiance.
Je sais que je t’ai fait subir bien pire tourment, et que c’est un miracle que tu ais survécu à la tornade, je ne prétends pas que cette défiance soit justifiée. Mais c’est ainsi.
Lorsque tu me dis que tu m’aimes, tu mens. Lorsque tu dis que je te manque, tu mens.
Je n’ai pas envie que tu cherches à te rattraper, que tu cherches à me rassurer, je ne crois aucun des mots qui sortent de ta bouche. Mais je préfère encore ça que le silence.
Ce n’est pas de l’amour, c’est l’habitude.

Parlons-en, du silence. Je suis lasse d’avoir toujours à faire le premier pas pour avoir un mot de toi. Juste un je t’aime famélique lorsque que tu te souviens de moi.
Ce jeu compte plus que moi, ça y est. Pourquoi ne joue-t-on plus ensemble comme autrefois ? Tant pis.
Je ne suis pas déçue. Je n’attendais rien.

J’ai envie de m’enfuir. Avant de tout gâcher. Avant que tu cesse de m’aimer pour de bon, puisque c’est inéluctable, l’engrenage commence à mettre ne branle ses rouages, c’est une question de temps, rien ne sera plus comme avant. Partir avant de te décevoir. De te déplaire… Avant que tu ne restes avec moi que par pitié ou par habitude, et peut-être est-ce déjà le cas.

Et pourtant comment pourrais-je m’y résoudre. Tu es trop ancré en moi, j’ai l’impression que toi et moi avons atteint une certaine harmonie que je ne retrouverai pas si facilement auprès de quelqu’un d’autre. Tes caresses. Nos sous-entendus qui ne regardent que nous. Des souvenirs et des projets. Un pilier dans mon existence et ta main sur ma jambe sous la table. La musique. Ton odeur. Le jeu. Nos insupportables taquineries. 9 mois. J’en oublie. Je me sens trop proche de toi à présent pour pouvoir tourner la page aussi facilement qu’avec les autres.
Et pourtant, ce que tu m’as dit ce jour-là… Moi aussi il m’arrive de douter, plus que ce que j’ai pu te dire. Mais je passe dessus. À cause de ça. Il suffit que je réfléchisse un instant. Nos habitudes. Ces futurs que nous voulions mêler. L’eau qui déborde lorsque tu t’en vas, bien malgré moi. Tout cela me rappelle combien je tiens à toi et les doutes s’effacent.

Je me surprends à chérir ces petites attentions qui t’échappent et qui viennent corroborer tes mots. Mais peut-être n’est-ce là encore qu’habitude.

Mais je t’en prie. Je ne te retiens pas. De toute façon à la lecture de cette lettre nul doute que tu ne m’aimes plus, c’est bien normal.
Si c’est ainsi, alors vas-t-en.
Je ne tiens pas à passer pour une pauvre fille inconsolable.

 

Je m'en vais bien avant l'heure
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais avant que l'on ne se laisse aller
Je m'en vais avant que l'on ne puisse en rire
Je m'en vais en gardant toute ton odeur
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais avant de te détruire
Je m'en vais pour que tu ne m'oublies jamais
Je m'en vais en te voyant sourire

Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais
avant de te découvrir
Je m'en vais bien avant de te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir

Je n'ai aimé que toi
Je t'embrasse jusqu'à en mourir

Je m'en vais pour tout recommencer
Je m'en vais pour ne jamais m'assagir
Je m'en vais car tout est si léger
Je m'en vais en te regardant dormir
Je m'en vais pour ne jamais t'oublier
Je m'en vais sans même te l'écrire

Je m'en vais en croyant que tout est vrai
Je m'en vais bien avant de te découvrir
Je m'en vais pour ne jamais te décevoir
Je m'en vais bien avant de te trahir
Je m'en vais car l'on s'est vu voler
Je m'en vais avant que l'on ne puisse atterrir
Je m'en vais car l'on s'est tant aimé
Je m'en vais bien avant de te détruire

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